Avec l’ambition d’une « gauche décomplexée », le philosophe, souvent invité sur les plateaux, appelle à voter pour Ian Brossat. Entretien.
Pourquoi avoir décidé de soutenir la liste conduite par Ian Brossat ?
Vincent Cespedes Je suis assez impliqué dans le mouvement des gilets jaunes et j’ai l’impression pour la première fois – je n’ai jamais voté PCF – qu’on a, avec cette liste, une cohérence pour traduire cette contestation légitime sur un terrain politique. Auparavant, j’ai déjà exprimé une préférence personnelle, comme pour Benoît Hamon à la présidentielle, mais là, j’ai envie d’inciter les gens à voter. D’abord, parce qu’on n’y voyait pas clair à gauche et les gilets jaunes nous ont permis de voir ce que les partis mettent sur la table. Pour le PCF, ce sont des propositions honnêtes par rapport à leurs valeurs, ils ne vendent pas leur âme pour être raccord avec cette mobilisation. La seconde raison, c’est de combattre la montée des extrêmes sans tomber dans le piège d’un souverainisme ou d’un populisme de gauche.
Quelles propositions de cette liste ont fait écho à votre soutien aux gilets jaunes ?
Vincent Cespedes Clause de non-régression sociale, Smic européen, renforcement de la lutte contre l’évasion fiscale… c’est vraiment très gilets jaunes, pour le coup. Une guerre antisociale est menée par le président, une sorte de bulldozer de velours déconnecté des réalités sociales. Howard Zinn, professeur en sciences politiques de Boston, disait à ses élèves : « On ne peut pas rester neutre dans un train en marche. » Les événements vont dans une direction tellement désastreuse que rester neutre, c’est accepter l’état de fait. On a eu la droite décomplexée, je crois qu’il est temps, et les gilets jaunes doivent nous y aider, que la gauche soit décomplexée. Et j’ai l’impression que favoriser l’avancée de cette liste permet d’assumer ces valeurs, humanistes et de tolérance.
Il s’agit aussi de s’opposer à l’extrême droite ?
Vincent Cespedes Le Rassemblement national est extrêmement efficace dans sa nouvelle façon de communiquer, avec des formules à la Big Brother comme le « vivre en France », dont le sous-entendu est non pas la diversité et l’accueil, mais l’exclusion. Face à cette prose extrêmement hypnotisante et confusionniste, les candidats de la liste PCF ont le courage de la diversité. C’est de cela que nous avons besoin, montrer que la diversité de la France est sa force et arrêter avec la propagande anti-réfugiés. Ces candidats affichent clairement leur soutien aux réfugiés, avec vraiment l’idée de travailler à une dédiabolisation de l’autre.
Vincent Cespedes
Philosophe