- 10 mai 2019
- Par Yvon Quiniou
- Blog : Le blog de Yvon Quiniou
Renouveler profondément l’Europe avec Ian Brossat
L’Union européenne actuelle, pourtant refusée par les français lors du référendum de 2005 mais rétablie ensuite par des hommes politiques cyniques, n’est pas supportable pour les progressistes. D’abord sur le plan démocratique car son Parlement est une chambre d’enregistrement de décisions émanant d’une commission qui n’a pas été élue mais nommée par les gouvernements, même si son président doit être accepté par ce même parlement. Du coup, sa politique est au service du capitalisme européen, lui-même « cheval de Troie » du capitalisme mondial. S’ensuit une perte de souveraineté politique pour ses peuples et surtout, du fait des traités qui la régissent et d’une vision strictement financière de l’économie, une politique libérale qui porte atteinte aux classes populaires et même moyennes, parfois d’une manière dramatique, avec une paupérisation inédite de l’ensemble de celles-ci, cependant que la grande bourgeoisie, elle, s’enrichit à un degré moralement insupportable. Le mouvement des « gilets jaunes », quelles que soient ses ambiguïtés ou ses contradictions politiques, a été le révélateur spectaculaire autant qu’inédit d’une pareille politique totalement injuste socialement. On la voit se développer en France où l’obsession de la dette à réduire pousse Macron à démanteler peu à peu notre modèle social issu du Conseil national de la Résistance, animé à l’époque par des communistes et sous l’autorité du président de Gaulle, en s’en prenant en particulier aux services publics porteurs de l’intérêt général et qui sont tellement utiles aux plus démunis. Enfin, les insuffisances de la prise en compte de la crise écologique dans laquelle nous nous enfonçons, sont criantes dans toute une série de domaines… comme si notre président avait oublié que nous sommes d’abord des êtres vivants, ayant fondamentalement besoin d’une nature non dégradée!
Par où l’on retrouve la préoccupation écologique comprise en profondeur. Car c’est bien cette logique libérale qui est à la source de cette situation catastrophique que nous connaissons – avec son productivisme aveugle guidé par la recherche du profit, l’épuisement des ressources naturelles, l’agriculture intensive et la dégradation de l’alimentation humaine qui s’ensuivent – et non seulement des comportements de consommation individuels comme une certaine écologie, apolitique, voudrait nous le faire croire un peu naïvement, innocentant alors le capitalisme lui-même. Bref le rouge et le vert devraient aller ensemble, car le social et l’écologique sont liés, en interaction permanente.
A quoi il faut ajouter cette remarque importante dans la conjoncture politique actuelle d’une gauche défaite sous toutes ses formes et alors que l’extrême-droite, issue du Front national, séduit démagogiquement une partie de plus en plus importante d’un peuple désemparé, en faisant appel à ses intérêts égoïstes : le mouvement social récent, d’une importance considérable et inédite, sans conteste, aura cependant souffert d’un manque de culture politique grave. Il s’en est pris essentiellement, sauf dans la dernière période, au gouvernement, oubliant qu’il n’est que le représentant d’un capitalisme non seulement français mais européens et transnational, dont il sert les intérêts à sa manière, sans compter, évidemment, le patronat de notre pays qui lui est intégré. C’est pourquoi les élections européennes devraient être l’occasion de démasquer, dans le champ politique français, la politique hypocrite du président Macron, qui s’inscrit totalement dans le cadre du libéralisme dominant, de déjouer le danger de la démagogie nationaliste de l’extrême-droite et de ramener la gauche dans son ensemble à ses options de gauche, précisément, c’est-à-dire anti-libérales. En ce sens, ces élections européennes devraient avoir aussi une portée française si ceux qui se sont mobilisés récemment ou les ont soutenus en décident, c’est-à-dire décident de prendre leurs responsabilités politiques au niveau de ces élections.
C’est animée par une pareille réflexion critique et par une pareille ambition progressiste, clairement anti-capitaliste, que se présente la liste communiste, emmenée avec talent et rigueur par Ian Brossat, entouré au surplus de représentants du monde du travail comme aucune autre liste ne le fait. Car ses objectifs sont clairs, généreux, ambitieux et réalistes. Il ne s’agit pas de quitter l’Europe comme on peut le proposer un peu vite, sinon naïvement (quoique cela reste une hypothèse envisageable, si les choses empirent), mais de la transformer en profondeur au profit des classes populaires. Politiquement en redonnant au Parlement un rôle législatif véritable, socialement en relançant une dynamique non de la seule croissance aveugle mais du partage des richesses telles qu’elles existent déjà dans nombre de pays, donc une dynamique de réduction drastique des inégalités. Mais aussi en arrêtant le démantèlement des services publics, voire en renationalisant des secteurs de l’économie que l’on tend à privatiser, dès lors que les gouvernements élus en décideront démocratiquement et qu’une Europe respectant les nations ne pourra plus s’y opposer. On voit alors la nouvelle orientation économique qui doit s’imposer, fondée sur un diagnostic incontestable : il nous faut refuser une Europe de plus en plus capitaliste, qui nie la dimension collective que doit avoir le pouvoir économique et qui doit donc réinjecter une espérance disons authentiquement socialiste de dépassement de ce type d’économie qui nous conduit à l’abîme, y compris en termes de civilisation et de modes de vie dominés par le règne de la marchandise et de la croissance à tout prix.
C’est pourquoi il faut voter et faire voter pour la liste de Ian Brossat.
Yvon Quiniou, philosophe.
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