C’est « l’élection européenne la plus importante depuis 1979 », serine à l’envi Emmanuel Macron. Si elle l’est, ce n’est pas seulement pour les raisons qu’il donne – lui ou le chaos –, mais parce que l’occasion est unique de réorienter une Union européenne que l’austérité néolibérale a menée à l’impasse.
D’ici à dimanche, 427 millions de personnes sont appelées aux urnes pour renouveler leurs représentants au Parlement européen. Une élection qui intéresse peu, mais qui aura pourtant des conséquences concrètes sur la vie quotidienne. En France, plus d’un électeur sur deux qui compte se déplacer entend « sanctionner » Emmanuel Macron. Le chef de l’État, affaibli depuis novembre et la traduction par les gilets jaunes de la crise sociale qui couve, veut éviter que ce scrutin ne se transforme en référendum et ne compromette ainsi la fin de son quinquennat. D’où l’énergie déployée par l’exécutif pour tenter de réduire cette élection à une opposition entre nationalistes et « progressistes », usurpant passablement le vocable, mais jouant d’un danger bien réel, avec une poussée de l’extrême droite redoutée dimanche dans nombre de pays. L’enjeu pourtant dépasse ce clivage artificiel, qui évacue les urgences sociales et les alternatives au néolibéralisme, qui a pourtant conduit l’Europe dans l’impasse. L’UE s’invite dans nos assiettes, conditionne nos emplois, pèse sur notre avenir. À l’heure de se prononcer, l’Humanité décline les enjeux de ce scrutin.
Tournant - Redonner des couleurs à l’Europe sociale
L’Union européenne est au pied du mur. L’impasse des politiques néolibérales, du dogme de la concurrence et de l’austérité, incapables de répondre aux aspirations sociales, démocratiques et écologiques, explique le désamour des peuples européens à l’égard d’institutions soumises aux lobbies et intérêts des multinationales. L’affaiblissement des souverainetés populaires a encouragé la fièvre nationaliste et raciste. Mais cette situation est loin d’être une fatalité. À Strasbourg, chaque voix comptera. Lors du précédent mandat, les directives de libéralisation du rail sont passées à 22 voix près. Or, la future Assemblée aura à se prononcer sur des dossiers cruciaux, notamment un nouvel accord commercial avec les États-Unis, une sorte de traité transatlantique bis. De même, Emmanuel Macron et d’autres responsables nationaux entendent renforcer l’Europe de la défense, à savoir organiser un pilier européen d’une Otan sous domination américaine. Si rien n’est fait, cette législature pourrait être celle d’une nouvelle étape de vassalisation de l’Europe envers Washington. Mais l’heure est aussi à tourner la page des politiques d’austérité. Sur fond d’affaiblissement des deux poids lourds du Parlement, le Parti populaire européen (PPE, conservateur) et les socialistes et démocrates, la majorité austéritaire du Parlement pourrait pourtant se renforcer avec l’apport des centristes et des macroniens de l’Alliance des démocrates et libéraux en Europe (Alde), voire des Verts.
Colère sociale - Des ronds-points aux bulletins
L’abstention pourrait atteindre, dimanche, un nouveau record, notamment chez les classes populaires. Les 1 % les plus riches, eux, n’oublieront pas d’aller voter. Si les mobilisations des gilets jaunes ont permis l’irruption de la colère sociale dans le débat public, elle doit pouvoir se traduire dans les urnes, sous peine de laisser les mains libres aux libéraux. Les macronistes ont bien tenté la récupération, mais leurs listes « gilets jaunes » – une première tentative avec Jacline Mouraud, puis une deuxième avec Ingrid Levavasseur – ont capoté. Résultat : les GJ, divisés, sont présents sur plusieurs listes. De gauche, ce qui se comprend au vu de leurs revendications (sur le rétablissement de l’ISF, la hausse du Smic, le conditionnement voire l’arrêt du crédit d’impôt compétitivité-emploi, etc.), mais de droite extrême ou d’extrême droite aussi. Marine Le Pen a eu beau jeu de leur lancer cet appel, depuis Villeblevin (Yonne), le 21 mai : « Le moyen pacifique et démocratique de pouvoir obtenir quelque chose (...), c’est d’aller voter pour la seule liste capable de battre celle d’Emmanuel Macron, celle du Rassemblement national ! » En se positionnant favorablement uniquement sur le référendum d’initiative populaire (qu’il entend manipuler sur la question migratoire), le parti d’extrême droite se relooke à peu de frais en « working class hero », en évacuant totalement le volet social – qui l’emporte sur les autres attentes – du mouvement. Car, il faut mettre en parallèle les revendications portées sur les ronds-points et le refus de Marine Le Pen d’y accéder pour se rendre compte de l’arnaque. Si certaines figures du mouvement ont appelé fort justement à « battre Macron » dans les urnes à cause de sa politique antisociale, ceux qui n’ont pas fixé leur choix feraient bien de relire les programmes pour ne pas faire pire que mieux en glissant un bulletin contraire à leurs attentes dans l’urne dimanche.
Extrême droite- Pas de carte blanche à Le Pen et ses alliés
« Si on veut voter contre Macron, le vote utile, désormais, c’est le vote Rassemblement national ! » proclamait tranquillement l’animateur Olivier Truchot, la semaine dernière, sur BFMTV. Il faut dire que journalistes et sondeurs se sont démenés pour surjouer le duel progressistes-nationalistes imaginé par le RN d’une part, LaREM d’autre part, emmenant le parti d’extrême droite à marquer des points, notamment sur l’immigration. À l’issue du débat sur LCI, le 20 mai, le directeur opinions de Harris Interactive, Jean-Daniel Lévy, osait dire qu’un point distingue le RN des autres formations politiques : « Quand Marine Le Pen ou les représentants du RN parlent, on les comprend. » Un exemple ? « Nous avons en France 10 millions de pauvres, 6 millions de chômeurs et un Français sur trois qui n’arrive plus à se soigner correctement. (…) Nous assumons d’être élus par les nôtres et de faire de la politique pour les nôtres d’abord », a déclaré la tête de liste RN, Jordan Bardella, au meeting de Villeblevin. On voit la cible se dessiner. Mais quand on sait qu’en 2015, au pic de la crise de l’accueil, les migrants représentaient 0,2 % de la population européenne globale, on a du mal à « comprendre » comment ceux qui parlent sur les plateaux télé d’un FN « new look » n’entendent pas le Front national des années 1980, et son « Les Français d’abord ». Un slogan d’ailleurs décliné dans plusieurs pays, où l’extrême droite pourrait parvenir en tête du scrutin et constituer un groupe influent autour du Rassemblement national et de la Ligue du ministre de l’Intérieur italien, Matteo Salvini. Certains partis dits de la droite traditionnelle comme le Fidesz hongrois ou les conservateurs autrichiens de l’ÖVP pourraient leur tendre la main pour mener en Europe une politique toujours moins solidaire et toujours plus anti-migrants.
Quinquennat - Mettre un Carton rouge à Emmanuel Macron
En s’impliquant personnellement dans la bataille, Emmanuel Macron en a fait un référendum pour ou contre lui. De fait, le scrutin de dimanche peut permettre aux citoyens de sanctionner sa politique. D’autant que le président pense que la crise sociale, mise en lumière par les gilets jaunes, est derrière lui. Au point de décréter qu’ils n’ont « plus de débouché politique ». À l’inverse, le chef de l’État estime ne pas avoir à « rougir de son bilan » dans son interview à la presse régionale, mardi. « Le pouvoir d’achat n’a jamais augmenté de cette manière depuis douze ans, (…) les emplois industriels sont recréés » (en fait, 8 000 créés depuis 2016), a-t-il égrené, loin de la réalité sociale du pays. « Le chômage est au plus bas depuis dix ans », avance-t-il également. Il a juste retrouvé son niveau de 2009, à peine sous les 9 %. On est loin encore de l’objectif de 7 % qu’il s’était fixé pour la fin de son mandat. Le 26 mai, selon le score de la majorité et du rapport de forces à gauche, l’occasion est donnée aux électeurs de peser sur la fin d’un quinquennat, dont les deux premières années ont été marquées par une violence inouïe envers les classes populaires.
Écologie - Feu vert pour une préoccupation grandissante
Portée de façon inédite dans le cadre d’élections européennes, l’écologie aura été une thématique phare de cette campagne. Pas une liste qui la snobe – quitte, pour certaines, à opter pour un « greenwashing » ostentatoire. Reste que, en la matière, l’Union a de nombreuses cartes à jouer, et son Parlement les moyens de peser sur les décisions. Son vote unanime, en 2018, contre la pêche électrique, technologie mortifère au service de la surpêche, en est un exemple éloquent. Non seulement les députés ont, sous impulsion de la GUE et d’EELV, pris à contre-pied un projet de la Commission, mais ils l’ont acculée à aller dans leur sens : un an plus tard, celle-ci validait l’interdiction. Leur rôle sera tout aussi déterminant lors du prochain mandat. Redéfinition des objectifs de réduction de gaz à effet de serre pour les rendre cohérents avec l’accord de Paris, réorientation de la politique agricole commune… l’agenda écologique sera chargé. En matière de climat, singulièrement, des décisions structurelles sont en jeu. Elles porteront, entre autres, sur le ciblage des financements accordés aux entreprises par la BCE, laquelle continue de financer à hauteur de 112 milliards d’euros par an les secteurs les plus polluants, ou sur le soutien aux pays membres dépendants du charbon, afin qu’ils puissent rapidement opérer une transition énergétique socialement soutenable.
Vie quotidienne - l’UE s’occupe de vous, occupez-vous d’elle
Paradoxe, l’élection européenne mobilise traditionnellement peu en France, considérée comme une élection intermédiaire entre deux présidentielles. L’Union s’invite pourtant dans le quotidien des Français : quand une loi n’est pas la transposition en droit français d’une directive européenne, elle est inspirée d’injonctions suscitées à Bruxelles… Le « semestre européen » est ainsi une procédure méconnue de surveillance des politiques structurelles, sociales, budgétaires et macroéconomiques des États membres de l’UE, qui règle le calendrier européen comme du papier à musique. Par des recommandations spécifiques aux États, la Commission et le Conseil européens les poussent à aller toujours plus loin dans la dérégulation sociale. Y sont examinés tous les « obstacles au commerce », ce qui inclut les différences de réglementation qui nous protègent sur les plans sanitaire, social et environnemental. Un exemple : l’importation de saumon transgénique, autorisée au Canada, est interdite en Europe. Mais il n’y a pas d’obligation d’étiquetage du saumon OGM au Canada, lequel pourra, avec l’accord UE-Canada, qui, en supprimant les droits de douane, rend le saumon canadien attractif, se retrouver dans votre assiette, sans que vous le sachiez.
Henri Peña-Ruiz, Baptiste Talbot, Maryam Madjidi, Hélène Langevin-Joliot,Didier Daeninckx, Josiane Balasko,Florent Guéguen, Jacques Fournier.
Henri Peña-Ruiz, Philosophe, écrivain, maître de conférences à Sciences-Po Paris
« Ian Brossat fait honneur à la politique et au communisme. Il mène brillamment campagne en faisant le pari de l’intelligence et de la culture. Dans “communisme”, il y a commun. Commun à tous les êtres humains. Au-delà des amalgames injustes qui ont tenté de disqualifier l’idéal communiste, il est grand temps de rappeler ce sens du bien commun, de l’intérêt général et de la solidarité qu’implique la notion de communisme. Souvenons-nous du Front populaire, de la résistance au nazisme, puis de la Libération, avec l’œuvre inoubliable d’Ambroise Croizat, ministre communiste qui créa la Sécurité sociale. Oui, le Parti communiste français a joué un rôle décisif dans l’histoire de notre pays. Notamment pour promouvoir le progrès social. Aujourd’hui, face à la morgue de classe de M. Macron et à sa politique dévastatrice pour les plus démunis, il nous faut un Parti communiste fier de son histoire et décidé à jouer un rôle moteur dans le rassemblement des forces de progrès.… Au Parlement européen, les élus communistes ne manqueront pas de combattre une économie dévoyée par des financiers indifférents au sort des laissés-pour-compte. Il est temps de refonder l’Europe sur la justice sociale et la responsabilité écologique, sans oublier la laïcité, idéal d’émancipation plus actuel que jamais. Je souhaite un beau succès à Ian Brossat et à sa liste pour que la France de notre regretté Jean Ferrat parle haut et fort à Bruxelles. »
Baptiste Talbot, Fonctionnaire territorial, militant CGT
« Le scrutin du 26 mai est une échéance majeure pour faire entendre les exigences du monde du travail. Voter le 26 mai, c’est une forme de lutte, c’est l’occasion de porter la nécessité de rompre avec les politiques mortifères actuellement à l’œuvre en France et en Europe. Dans son Appel aux fonctionnaires, Ian Brossat a fermement affirmé son attachement au statut des fonctionnaires et à une fonction publique forte. Pour l’avenir du service public, pour peser dans la bataille en cours pour le retrait du projet de loi gouvernemental sur la fonction publique, je voterai dimanche pour la liste conduite par Ian Brossat. »
Maryam Madjidi, Écrivaine, prix Goncourt du premier roman
« Pourquoi je vous invite à voter pour notre liste ? Parce que nous avons plus que jamais besoin d’une alternative au système capitaliste. Notre liste est cette alternative, ce garde-fou contre cette Europe libérale que le PCF a toujours refusée. Il est urgent aujourd’hui de construire une union européenne qui soit fidèle à l’idée que nous nous faisions de l’Europe à sa création, à savoir une union des peuples, une solidarité entre les États, une garantie solide des services publics et une protection digne et solidaire envers les travailleurs immigrés, les réfugiés, les exilés. Je vous invite à voter pour notre liste parce que les Françaises et les Français, les Européennes et les Européens méritent mieux que cette union non pas des peuples mais des lobbyistes et des milliardaires. Il est temps de briser cette puissance de l’argent au profit d’une justice fiscale et sociale. Notre liste est à l’image de tous ces gens qui travaillent, qui paient leurs impôts, qui militent pour une solidarité envers les plus démunis, qui refusent que le monde de demain soit uniquement gouverné par une poignée de riches qui ont la ferme intention de s’enrichir encore et encore sur le dos de celles et ceux qui ne récoltent jamais ou alors très peu le fruit de leur travail. Je vous invite à voter pour notre liste au nom de notre humanité, cette humanité qui fait notre grandeur, qui fait notre dignité. »
Hélène Langevin-Joliot, Physicienne, petite-fille de Marie et Pierre Curie
« L’avenir des peuples de l’Union européenne dépend pour beaucoup de l’usage qui sera fait des savoirs scientifiques et des technologies. Produire ces savoirs et les maîtriser suppose un effort public considérable, une recherche publique et des formations post-bac à un niveau bien supérieur à l’actuel, alors que les gouvernements de droite et du Parti socialiste ont supprimé plus de 1 500 postes au CNRS en quelques années. (…) Les réussites scientifiques européennes le montrent : c’est par la coopération et non par la mise en concurrence des peuples que nous trouverons des solutions aux défis que nous affrontons. La liste dirigée par Ian Brossat porte un projet cohérent à cet égard, fondé sur le soutien à la recherche publique, son besoin de liberté, de temps long, de dialogue avec la société pour l’usage des technologies. »
Didier Daeninckx, Écrivain
« La première raison de mon vote en faveur de Ian Brossat tient à la personnalité du candidat, à la clarté de son propos politique, au fait qu’il se soit abstenu d’attaquer les autres têtes de liste de notre camp si divisé. Une attitude qui préserve l’avenir et les chances d’une nécessaire et urgente reconstruction de ce qu’il faut continuer à nommer la gauche. Je suis sensible aussi à la composition de cette liste qui donne sa juste part au monde du travail.
J’ai également été attentif à son affirmation d’une Europe du partage et non de l’exclusion, une Europe créatrice de richesses responsables, une Europe qui fasse contribuer les plus riches et qui ne lésine pas sur la lutte contre la faramineuse évasion fiscale. Une Europe qui ne cède en rien aux mirages du souverainisme, qui se révèle trop souvent comme le masque du nationalisme. Auteur de Missak, un roman consacré à Manouchian, je me souviens que, dès 1939, des dizaines de milliers d’apatrides, de juifs exilés, d’Italiens et d’Espagnols pourchassés, faisaient la queue pour s’engager dans l’armée française afin de combattre les fascismes européens. Parmi eux, Missak et ses compagnons arméniens. J’aime que, contre les négateurs, Ian Brossat le rappelle avec force. »
Josiane Balasko, Actrice
« Le 26 mai, j’aimerais essayer de vous convaincre d’aller faire entendre votre voix. Vous n’êtes pas forcément communiste et je ne le suis pas non plus. Mais, à travers mes différents engagements associatifs, j’ai souvent pu voir la présence de femmes et d’hommes communistes, et j’ai pu voir les valeurs qui les animaient, des valeurs populaires, jamais populistes. J’ai pu voir leur sincérité, j’ai pu voir leur disponibilité dès lors qu’il s’agit de défendre les plus modestes. C’est pourquoi j’ai décidé d’aller voter pour la liste de Ian Brossat. Parce que je crois que nous avons plus que jamais besoin de députés sincères, clairs, combatifs, à l’image de leur belle campagne. Surtout, en votant pour la liste de Ian Brossat, nous pouvons faire élire Marie-Hélène Bourlard, entrée à l’usine à l’âge de 16 ans, qui fut ouvrière du textile pendant 43 ans dans le Nord. Avec l’aide de nous toutes et de nous tous, Marie-Hélène Bourlard peut devenir la toute première femme ouvrière à entrer au Parlement européen depuis quarante ans. »
Florent Guéguen, Directeur d’une fédération d’associations de lutte contre l’exclusion
« Sur le continent le plus riche du monde, 86 millions d’Européens-es vivent en dessous du seuil de pauvreté, quand le nombre de personnes sans abri explose dans toutes les grandes capitales européennes. Dans ce contexte d’urgence sociale, les mal-logés, les chômeurs et les classes populaires ont besoin d’une gauche de combat fidèle à ses valeurs, qui lutte contre ces inégalités inacceptables et qui redonne un espoir aux millions de précaires. Avec ses propositions de Smic européen à au moins 60 % du revenu moyen, de clause de non-régression sociale et de réinvestissement dans les services publics, c’est la liste de Ian Brossat qui incarne cette volonté de conquête sociale. Je voterai aussi pour Ian car sa liste s’engage sans ambiguïté en faveur de l’accueil des personnes migrantes, qui fuient la guerre et l’extrême pauvreté, en assumant des sanctions financières contre les États qui ne respectent pas leur devoir de solidarité. Envoyons au Parlement européen des femmes et des hommes qui défendront fidèlement l’intérêt des ménages les plus modestes face à l’Europe de l’argent et des marchés financiers !
Jacques Fournier, Conseiller d’État honoraire, ancien secrétaire général du gouvernement, ancien PDG de la SNCF et de GDF.
« Je voterai pour la liste de Ian Brossat. Cette annonce pourra surprendre : Ian Brossat, adjoint au maire chargé du logement à la ville de Paris, est à la tête de la liste du Parti communiste, à laquelle les sondages ne donnent que fort peu de chance d’atteindre le seuil des 5 % qui permet d’avoir des élus.
Je n’ai jamais été anticommuniste. Mais j’ai fait en France, depuis le congrès d’Épinay en 1971, le choix du socialisme. J’y suis toujours resté fidèle et je ne le renie pas. Je persiste à penser que c’est autour d’un PS rénové et ragaillardi que pourra revenir au pouvoir un gouvernement de la gauche en France.
Trois des promoteurs des listes en présence le 26 mai sont issus du Parti socialiste, mais aucune de ces listes n’en porte le drapeau. Jean-Luc Mélenchon s’est lancé, avec la France insoumise, dans une démarche mégalomaniaque dont les excès deviennent insupportables. Benoît Hamon a cru que son succès relatif dans les primaires du PS lui donnait, avec Génération(s), un destin national qui se dérobe sous ses pieds. Olivier Faure, plus modestement, a essayé de reconstruire la maison, mais il a estimé ne pouvoir le faire qu’en allant chercher sur la place publique – que l’on me pardonne ce jeu de mots – le pion qui lui manquait.
Je pense, depuis longtemps déjà, qu’il faut donner un sérieux coup d’éperon à la monture européenne. J’ai cru, en votant Hollande en 2012, que la France allait s’engager dans une démarche résolue de remise en cause du traité d’austérité budgétaire, qui interdit aux pays membres de s’engager dans la voie de ce que j’appelle l’économie des besoins. Comme beaucoup d’autres, j’ai été déçu. L’Europe doit être non pas le vecteur de l’assujettissement de notre continent à la mondialisation capitaliste, mais le ferment d’une orientation nouvelle que son histoire et sa culture lui permettent de dessiner. Un vote pour la liste conduite par Raphaël Glucksmann, quelle que soit la considération que l’on peut avoir pour la personne de son chef de file, et même si l’on y trouve plusieurs de mes amis du PS, n’aurait pas cette portée. Je ne pense pas que les socialistes français soient en mesure d’infléchir la ligne, beaucoup trop attentiste à mes yeux, du groupe dans lequel ils entreraient s’ils arrivent à franchir le seuil des 5 %. C’est pourquoi, pour ce scrutin bien particulier, je préfère apporter mon suffrage à une liste se réclamant de la gauche radicale européenne. »
Franck Sailliot
Ancien délégué CGT chez ArjoWiggins
Long et intense, une campagne européenne ? Certes, mais pas de quoi effrayer Franck Sailliot. Avec ses camarades, il a occupé pendant trois ans et demi l’usine ArjoWiggins de Wizernes (Pas-de-Calais). « On est resté jour et nuit, et on a fini par trouver un repreneur. Un industriel local. On s’est battu pour empêcher le démantèlement de l’outil de production et sauver un maximum d’emplois. Un de gagné, c’est toujours ça », apprécie Franck. À Pôle emploi depuis février, l’ancien délégué syndical du groupe et responsable national Filpac continue de se mobiliser. Il est 19e sur la liste du PCF pour les élections européennes, conduite par Ian Brossat. « J’ai hésité à dire oui au début. J’avais en tête l’exemple d’Édouard Martin, de Florange, raconte Franck. Mais le site de Wizernes, lui, n’a pas fermé. La machine a redémarré et la première bobine est sortie vendredi dernier. Et puis j’ai évidemment demandé aux gars d’Arjo ce qu’ils en pensaient. Je ne pouvais pas décider sans eux. Ils ont dit oui très vite, avec un grand sentiment de fierté. » Un peu comme s’ils étaient tous sur la liste. « Elle est composée à 50 % d’ouvriers, ça peut être que bénéfique. Ce qui me motive, c’est que j’ai bien vu les groupes de l’industrie papetière faire du lobbying à Bruxelles pour assouplir les normes sociales et environnementales. Arjo faisait aussi du dumping avec ses autres sites en Europe. Du coup, ça me semble une bonne idée d’interdire les délocalisations à l’intérieur de l’Union », apprécie-t-il. S’il bat la campagne avec le PCF, Franck n’oublie jamais les « copains » d’Arjo et continue à les soutenir sur des sites occupés. « On était leader mondial sur le papier haut de gamme. On faisait aussi des billets, du calque, des serviettes, des cartes grises, des lettres, du papier aquarelle. En 2008, quand Pascal Lebard a pris la tête du groupe, il s’est mis à tout saboter. On s’est battu partout pour les gars, les familles, les usines et les villes. J’en retiens que, quand tout s’écroule, il faut se battre : la lutte paie toujours. Et je suis très fier d’être sur une liste aujourd’hui avec des gens de combat. »
Lucie Martin
Étudiante, benjamine de la liste
Elle est la benjamine de la liste, mais n’en est pas moins déterminée. Au contraire, du haut de ses 19 bougies soufflées pendant la campagne, Lucie Martin veut à la fois se faire porte-voix d’une jeunesse précarisée et sonner le tocsin contre l’abstention massive dans sa tranche d’âge. Originaire d’un village du nord de l’Isère, « un peu à la campagne », l’étudiante s’est engagée à l’UEC, son bac en poche. Alors qu’elle s’apprête à rejoindre les bancs de Sciences-Po à Grenoble, c’est l’injustice de la réforme Parcoursup qui la pousse dans la rue et à s’engager plus encore. « J’étais scolarisée dans un lycée privé et l’un de mes profs nous a dit qu’on n’avait pas de soucis à se faire parce qu’on était dans un établissement bien coté, alors qu’au même moment, mes amis scolarisées dans des lycées de banlieue, par exemple, enchaînaient refus et vœux en attente. On prend vite conscience alors de ce qu’injustice veut dire », raconte la candidate. Issue d’une famille où « on ne parle pas trop politique », l’étudiante raconte comment elle s’est rendu compte que « beaucoup d’idées reçues sur le PCF sont fausses » en rencontrant ses militants ; elle espère le démontrer à son tour. Alors, quand seulement 24 % des 18-24 ans seraient décidés à voter dimanche, son message est clair pour ceux tentés de ne pas se rendre aux urnes : « On peut changer les choses mais pour ça il faut agir ! » résume-t-elle. Ces réformes contre lesquelles lycéens et étudiants se sont mobilisés ne tombent pas totalement du ciel, estime-t-elle : « Le processus de Bologne, qui aboutit aujourd’hui à la sélection, à la hausse des frais d’inscription, nous vient de l’Europe. Il faut créer un rapport de forces pour combattre ces logiques, sinon l’université pour toutes et tous restera un rêve. » Si on lui avait dit, il y a quelques mois, qu’elle prendrait la parole en meeting devant plus de 500 personnes, la « timide » Lucie n’y aurait pas cru. Mais l’enjeu importe trop. « À l’instar du Smic, je veux défendre un salaire étudiant au niveau européen, insiste-t-elle. Il est insupportable que tant d’étudiants échouent à cause du job qu’ils sont contraints de prendre pour financer leurs études ou abandonnent carrément pour avoir les moyens de vivre. » J. H.
Stanislas Baugé
Chauffeur routier et membre de la fédération CGT des transports
«Je me suis assis et je l’ai relu deux trois fois… » Stanislas Baugé part dans un éclat de rire en racontant le SMS reçu par Marie-Pierre Vieu, eurodéputée sortante, qui lui propose alors de faire partie de la liste PCF. Le chauffeur routier de 38 ans, transporteur d’hydrocarbures, a évidemment hésité, lui qui a des journées bien remplies par ses heures de conduite, couplées à son mandat à la fédération CGT des transports. Mais le Charentais fait vite le lien avec cette nouvelle aventure politique, lui à qui on a souvent dit qu’il « ne (pouvait) pas marcher sur une seule jambe ».
De ses rencontres avec la ministre des Transports, Élisabeth Borne, aux blocages, il est partout. « Quand il a quelque chose en tête, il va jusqu’au bout, nous dit Jean-Pierre, chauffeur routier de 51 ans qui le connaît depuis quinze ans. Toute la semaine, il peut être à Paris pour son mandat à la CGT et revenir le samedi pour la manifestation. Heureusement que sa femme (avec qui il a deux enfants – NDLR) comprend son engagement… » C’est avec la Fédération européenne des travailleurs des transports qu’il a été amené, l’année passée, à se rendre au Parlement européen pour travailler sur le paquet mobilité, muni uniquement de ses « tripes » et de ses « convictions », précise-t-il avec malice, en référence aux lobbies présents à Bruxelles. C’est là qu’il rencontre Marie-Pierre Vieu, pour qui Stanislas est « quelqu’un de très humain dans un métier très dur », qui fut « l’une des chevilles ouvrières pour gagner le vote des élus ». Lui tance cette « Europe libérale » qui aurait bien besoin de plus de travailleurs dans ses instances : « On a pris l’habitude de dire “c’est à cause de l’Europe’’. Mais c’est là qu’il faut être, c’est là que s’écrit toute notre profession. On ne peut pas faire sans l’Europe, alors autant bien l’écrire. » Car, un combat l’occupe : celui contre le dumping social. Désocialisation, temps de conduite qui explosent, manque d’hygiène et de moyens pour se soigner… il pense tout de suite aux routiers polonais : « C’est eux qui trinquent. »
La campagne de « l’Europe des gens » et de sa tête de liste Ian Brossat a marqué les esprits et changé la donne à gauche. Il lui reste à transformer l’essai, dimanche.
Peu l’ont vue venir mais, dans la dernière ligne droite, nombreux sont ceux à avoir jugé la campagne de Ian Brossat comme la « révélation » de ces européennes. Une expression entendue sur France 2, quand les Inrocks s’interrogent sur « le retour de l’idée communiste ? », ou Libération estime que « le communiste a surpris son monde »… Le tournant médiatique prend corps début avril avec le premier débat de France 2. Le grand public découvre alors un candidat loin des clichés entretenus sur les communistes et dont les punchlines marquent les esprits. Une, ce soir-là, retient particulièrement l’attention : « Quand je vous entends, Madame Loiseau, expliquer que vous êtes fière d’avoir divisé par 10 le nombre de migrants, vous devriez regarder vos pompes parce que pendant ce temps-là, il y a des gens qui sont morts en Méditerranée. Deux mille en 2018 », lance l’élu parisien à la candidate LaREM. Immigration, mais aussi justice fiscale et sociale, pouvoir d’achat… la clarté du discours et des propositions est saluée. En parallèle, les sondages progressent… lentement.
Mais la campagne communiste ne repose pas sur cette seule percée et compte d’abord sur ses propres forces, s’appuyant sur des militants ravis de retrouver leur couleur après de multiples élections sans candidat communiste. Monté sur le ring comme « chef de file » dès juin, c’est lors d’un congrès tendu en novembre 2018 que Ian Brossat devient officiellement « tête de liste » du PCF avec la double mission de mobiliser les communistes et d’éviter la dispersion à gauche. Les « mains tendues » hivernales aux autres partis n’évitent pas la constitution de six listes au printemps, mais la mobilisation militante, elle, est au rendez-vous. Un enthousiasme qui permet une campagne de proximité tous azimuts et au candidat de donner la réplique à France 2, mi-mai, lorsque la chaîne le relègue une seconde fois hors du casting des « principaux candidats » : « Nous sommes la force politique qui réunit le plus de monde dans ses meetings. » Place publique-PS, par exemple, réunissait mardi dernier 500 personnes à Lhomme (Sarthe) avec l’appui de Martine Aubry, quand 1 000 écoutaient Ian Brossat à Denain, près de Valenciennes.
Si elle crée la surprise, la liste pour « l’Europe des gens contre l’Europe de l’argent » grimpe dans les sondages, sans pour l’heure franchir le seuil fatidique des 5 % (jusqu’à 4 % dans un sondage OpinionWay la semaine dernière, mais plus généralement environ 3 %). Une pente ascendante, contrairement à Génération.s, qui ne permet pas toutefois de rattraper PP-PS (autour de 5 %) ni EELV et FI (entre 7 % et 9 %). Reste que la participation des sympathisants de gauche n’est évaluée, jusqu’à présent, qu’à 44 % (selon Ipsos et le Cevipof, contre 53 % à droite). Une abstention moins élevée dans cet électorat pourrait changer la donne. Dans la dernière ligne droite, le possible gain de voix de Ian Brossat inquiète d’ailleurs ses concurrents. « Il faut donner la force à une force. (…) Et la force, c’est nous ! » a martelé Jean-Luc Mélenchon lors d’un point presse, dimanche .
Si le candidat communiste ne veut pas entrer « dans le petit jeu des bisbilles », il ne s’est pas privé de l’argument du vote « rentable » mercredi soir sur France 2 : « Avec 5 %, vous vous doterez de 5 députés d’une gauche combative, sincère, authentique. 5 députés européens de plus pour la gauche. 5 députés européens de moins pour Mme Le Pen et M. Macron. Ça vaut le coup. »
Candidat de la gauche européenne au poste de Juncker, le syndicaliste FGTB promène sa gouaille ouvrière et ses valeurs forgées à l’usine sur tout le continent.
Le 1er janvier dernier, à 62 ans, c’est à la retraite que Nico Cué devait partir. Puis, en fait, non, rien ne s’est passé comme prévu : depuis cinq mois, il sillonne l’Europe, de l’Espagne à la Grèce, en passant par la France et l’Italie. Il a suffi d’un coup de fil, ou deux, de l’Allemand Gregor Gysi, du Français Pierre Laurent ou de l’Espagnole Maite Mola – tous trois dirigeants du Parti de la gauche européenne (PGE), qui rassemble une trentaine de formations politiques d’obédience communiste et plus si affinités – pour convaincre cette figure du syndicalisme belge de présenter sa candidature, en duo avec la Slovène Violeta Tomic, à la présidence de la Commission européenne au nom de ce courant de la gauche la plus authentique en Europe. Et le voilà qui, avec son verbe haut et sa gouaille ouvrière, court le continent pour dénoncer l’austérité, la financiarisation de l’économie, le dumping, pour rejeter la xénophobie et le racisme, pour en appeler à la justice et à l’harmonisation par le haut.
Comme une évidence, pour Nico Cué, entre atavisme familial et surtout convictions sociales. En 1962, après de grandes grèves dans les mines de charbon des Asturies, qui secoueront la dictature franquiste, son père, syndicaliste et communiste, est, pour échapper à la prison ou à un sort pire encore, contraint à l’exil. Il arrive à Liège, en Belgique. Son épouse, Nico, ses frères et ses sœurs le rejoindront un an plus tard. Rappelant aujourd’hui qu’il a lui-même été un « illégal », le fils de républicain espagnol ne manque jamais une occasion de répéter : « L’immigration est une chance, j’en suis la preuve ! » À la fin de son adolescence, après la mort de son père dans un accident de voiture, le gamin milite un temps dans la jeunesse communiste espagnole de Liège – son seul engagement partisan connu… Car, chez Nico Cué, la prise de conscience est passée d’abord par la condition ouvrière et l’engagement syndical.
Des actions syndicales menées à l’échelle européenne
Après des études techniques, il rentre à 19 ans à la Fabrique nationale, une usine d’armes appartenant à la région wallonne. Il adhère directement au syndicat Fédération générale du travail de Belgique (FGTB) et deviendra vite l’un des délégués du site, avant de devenir pendant vingt ans le secrétaire général de la puissante fédération des métallos. Daniel Richard, secrétaire régional de la FGTB pour Verviers-Ostbelgien, et beau-frère de Nico par ailleurs, souligne : « C’est un des rares syndicalistes belges qui ait occupé les fonctions les plus élevées en ayant, au départ, travaillé en usine. Toutes ses convictions ont été nourries par cette histoire, cette expérience. Il a toujours été très attaché à la formation militante, très porté sur l’éducation populaire, parce qu’il en a lui-même bénéficié. Au cœur de cette formation, il y avait le matérialisme dialectique, c’est quelque chose qui l’a construit et qu’il a transmis ensuite, car cela donne de l’efficacité, de la puissance, c’est une arme dans les luttes sociales. »
À la tête des métallos FGTB de Wallonie-Bruxelles – une fédération qui compte plus de 60 000 adhérents –, Nico Cué n’a jamais ménagé sa peine pour articuler les actions à l’échelle européenne, quand ça s’imposait, comme lors de la dernière crise de la sidérurgie en 2012-2013 avec le jeu de Lakhsmi Mittal, qui opposait les bassins industriels entre eux, ou dans les instances syndicales avec l’animation du groupe d’Annecy fédérant les syndicalistes les plus engagés sur des bases antilibérales, des commissions ouvrières (CCOO) espagnoles à la CGIL italienne et à la CGT française.
Comme bon nombre de ses camarades en Wallonie, le syndicaliste se tient sur une ligne de crête entre régionalisme et internationalisme. Une position qui s’explique dans un pays où les Flamands, très néolibéraux, dominent le champ politique et imposent leurs vues à des francophones, traditionnellement ancrés à gauche. Mais à la différence, cette fois, de nombre de ses « frères de lutte » qui s’engagent toujours sur les listes PS, Nico Cué revendique depuis toujours l’« indépendance syndicale », et ça n’a rien d’un paradoxe au moment où lui-même participe à la compétition électorale, indirectement, toutefois, car il n’est pas candidat aux européennes. Yannick Bovy, qui a longtemps travaillé à ses côtés à la FGTB, le décrit comme un « électron libre, très attaché à sa cohérence personnelle ». « Il donne sa confiance et, quand il la donne, il ne la retire jamais, développe-t-il. Mais c’est vrai qu’aujourd’hui, faire confiance au PS en tant que tel, ça peut être compliqué : il y a de l’hypocrisie, des retournements possibles. Il ne supporte pas la duplicité, il maintient en toutes circonstances ses positions idéologiques comme ses valeurs humaines. Il ne se laissera jamais placer en position de sujétion, car, même dans la radicalité, il aime la nuance, et déteste le sectarisme. Ni dieu, ni césar, ni tribun : c’est aussi le fond anarcho-syndicaliste qui remonte toujours chez lui. »
Nico Cué n’est donc ni au PS, longtemps hégémonique chez les francophones et toujours marqué à gauche au sein de la social-démocratie européenne – c’est la Wallonie dirigée par un socialiste qui a mené la fronde contre l’accord de libre-échange avec le Canada (Ceta) –, ni au PTB, la force de gauche radicale en ascension fulgurante en Belgique, alliée du PGE et dont le candidat en position d’être élu au Parlement européen viendra grossir les rangs de la GUE-NGL.
« Nous sommes l’une des digues face à l’extrême droite »
« Avec 1,5 million de syndiqués en Belgique, la FGTB représente en vérité la gauche dans son ensemble, et nous pouvons être très critiques avec les socialistes quand c’est nécessaire, explique Nico Cué à l’Humanité. Les libéraux ne s’y trompent pas en prenant systématiquement notre syndicat pour cible. Nous sommes l’une des digues face à eux et à l’extrême droite, qui n’a aucune chance, soulignons-le, d’avoir des élus en Wallonie, et je crois bien qu’elle va tenir plus que jamais lors de ces élections ! »
À la veille du scrutin, depuis Kalavryta, un village du Péloponnèse martyrisé par les nazis en décembre 1943 – près de 500 hommes âgés entre 16 et 70 ans y ont été exécutés –, Nico Cué confie, par téléphone, sa fierté de participer à la lutte contre la montée présentée comme inexorable des néofascistes en Europe. « En me lançant dans la bataille, je redoutais une campagne molle et un peu morne, confie encore le syndicaliste. Mais ce n’est pas du tout ce qui s’est passé : que ce soit en France avec Ian Brossat, à Barcelone avec Ada Colau ou, comme ces derniers jours, en Grèce, l’ambiance de cette campagne est réellement grisante et enthousiasmante. Il est possible, et indispensable, de changer cette Europe et de rompre avec ses orientations libérales ! » Rien ne se passe comme prévu. Sans doute, au bout du compte, à l’automne prochain, Nico Cué ne remplacera-t-il pas Jean-Claude Juncker au Berlaymont. Mais sa retraite n’approche pas pour autant…
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