Patrick Le Hyaric à Roscoff pour une réunion publique sur le Brexit début mars avec Cindérella Bernard, Glenn Le Saoût, et Vincent, le patron du restaurant bar C'est ici! sur le port de Roscoff
Les débats et les rencontres à l’occasion de la campagne des élections européennes sont l’occasion d’expliquer les solutions possibles comme l’a merveilleusement fait Ian Brossat à l’occasion du débat de jeudi dernier. Le vote aux européennes pour sa liste est un vote pour le pouvoir d’achat. C’est cette liste qui agit pour qu’on crée dans l’Union européenne un niveau plancher de salaire minimum en deçà duquel on ne pourrait pas descendre ; ce niveau devrait évoluer vers le haut chaque année avec des politiques de rattrapage là où les salaires sont les plus bas. Il faut augmenter les salaires en Roumanie et les augmenter en France pour réduire jusqu’à supprimer le principe de concurrence entre salariés. La fiscalité est un autre outil pour améliorer le pouvoir d’achat en baissant la fiscalité indirecte sur les ménages et en augmentant la fiscalité du capital et sur les grandes fortunes, en chassant l’évasion fiscale tout en fermant les paradis fiscaux.
Avec le débat de jeudi dernier la campagne électorale franchit une nouvelle étape ; les rencontres, les débats et les réunions que nous faisons montrent l’intérêt et la volonté de mobiliser pour rassembler autour du vote en faveur de la liste de rassemblement populaire conduite par Ian Brossat, dont la plupart des éditorialistes ont souligné la performance à la télévision.
Ce sont ces éléments de décryptage qui sont au cœur de mon éditorial de L’Humanité Dimanche cette semaine autour de la réfutation de l’idée selon laquelle « le macronisme serait un progressisme » alors qu’il en est l’antithèse.
Le macronisme, antithèse du progressisme - éditorial de Patrick Le Hyaric pour l'Humanité dimanche, 3 avril
La concomitance de la fin de ce qui a été baptisé « grand débat », de la présentation de la liste macroniste pour le scrutin européen du 26 mai prochain et de l’édition d’un livre de deux conseillers du président de la République dont on apprend qu’il devait porter la signature de M. Macron, font mesurer la nature et l’ampleur de l’opération « enfumage » organisée au sommet de l’Etat.
D’abord, il y a le vol et le détournement des mots. Le livre de MM. Emelien et Amiel (1) se veut être une définition nouvelle du « progressisme » quand la liste conduite par Mme Loiseau porte le nom de « Renaissance ». Deux mots soustraits aux penseurs des Lumières et aux marxistes malaxés dans le pétrin macronien pour nier la lutte des classes et discréditer les politiques solidaires, porteuses de progrès social et humain.
La liste macroniste est, elle aussi, construite pour brouiller les pistes, réunissant des personnalités aux options contradictoires. Les belles paroles de campagne ne convaincront donc pas sur les futurs votes des députés issus de cette liste digne de la foir’fouille. Elles vont heurter de plein fouet les exigences d’un mouvement de plusieurs mois qui, en dépit des efforts entrepris pour le déconsidérer, continue d’être soutenu par une majorité de nos concitoyens, comme celles formulées par tous les mouvements sociaux qui réunissent dans la rue enseignants, parents, soignants, fonctionnaires ou salariés de telle ou telle entreprise menacée.
Selon les conseillers du palais, il suffirait pour mieux vivre « d’élargir l’opportunité pour chacun » de donner « la possibilité de choisir soi-même sa vie ». Le problème n’est donc pas l’oppression, l’exploitation d’une classe par une autre mais la capacité de « s’en sortir » ou pas. Il est vrai qu’en Macronie, le pauvre, l’opprimé, le sans diplôme, l’« illettré », le « réfractaire », le « rien » sans « sens de l’effort », représente l’antithèse du « progrès ». Il n’est d’aucune façon envisagé de placer quelque espérance historique que ce soit dans l’accession au pouvoir des classes populaires. Leur Europe est celle de l’élite et de l’oligarchie opposées au peuple et à ses velléités de souveraineté et de démocratie. « Il faut que l’Europe se charge de grands sujets, quitte à se rendre temporairement impopulaire » clament les écrivains de l’Elysée considérant avec un mépris sans nom que les élites placées au service des puissants feront le bien des populations malgré elles.
C’est d’ailleurs au nom de ces principes qu’a été décidée, dès le traité de Maastricht, une construction européenne basée d’abord sur des critères comptables destinés à rassurer les marchés financiers au détriment des travailleurs et des Etats relégués au rang de pourvoyeurs de fonds du grand capital et des banques comme ce fut le cas lors de la crise de 2008.
De traités en traités, ces garrots ont sans cesse été renforcés. Il a même été décidé par M. Sarkozy et Mme Merkel un traité dit de « stabilité, de coordination et de gouvernance de l’Union européenne », le TSCG. C’est en son nom, faisant fi des conclusions du grand débat, que le pouvoir veut éliminer 120 000 postes d’agents des services publics, reculer encore l’âge donnant droit à la retraite ou privatiser Aéroports de Paris, Engie et La Française des Jeux. Or ce texte qui sert à fabriquer les budgets des Etats n’a plus d’existence légale depuis le 1er janvier dernier puisqu’aucune majorité au Parlement européen n’a pu le reconduire (2). Cette situation pourrait être un puissant coup de pistolet dans le grand concert de l’austérité. Il pourrait être remplacé sans attendre par un nouveau dispositif défendu par la liste que conduit Ian Brossat : créer un fond ou même une banque permettant de défendre et d’améliorer les services publics de l’école et de la santé et de financer la transition environnementale par le développement des lignes de chemins de fer, fret compris, accompagné d’un grand plan européen de construction et de rénovation de logements économes en énergie. Voilà qui serait une avancée très concrète vers un réel « progressisme européen », loin de la propagande macronienne et de ses mots volés.
(1) Le progrès ne tombe pas du ciel ; David Amiel, Ismael Emelien, éditions Fayard
(2) J’avais révélé ce fait le 5 décembre dans un article de L’Humanité
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