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26 avril 2019 5 26 /04 /avril /2019 05:50
IAN BROSSAT répond à Jean-Luc Mélenchon: Personne ne peut jouer les gros bras à gauche (Le Journal du Dimanche, Sarah Paillou, 25 avril 2019)
Ian Brossat répond à Jean-Luc Mélenchon : "Personne ne peut jouer les gros bras à gauche"

Interview JDD - Sarah Paillou - La tête de liste du Parti communiste aux européennes, Ian Brossat, répond à l'Insoumis en chef, Jean-Luc Mélenchon, qui veut une "fédération populiste" après le scrutin du 26 mai : "Pas sur la base d'une hégémonie."

Le frémissement sondagier que connaît la liste communiste aux européennes donne de l'espoir à leur tête de liste, Ian Brossat, adjoint à la mairie de Paris. Lequel rêve d'atteindre les 5%, seuil nécessaire pour envoyer des eurodéputés à Strasbourg, de reconstruire son parti et même de rassembler la gauche, après le scrutin du 26 mai. Vaste programme. L'ancien professeur de 39 ans répond au passage à l'Insoumis en chef, Jean-Luc Mélenchon, qui veut une "fédération populiste" : "Pas sur la base d'une hégémonie." "Le chemin du dialogue et du rassemblement"… Mais à ses conditions.

On observe un frémissement dans les sondages : comment l'expliquez-vous?
Il y a clairement un avant et un après débat [entre les têtes de liste, le 4 avril]. Il m'a permis d'avancer des propositions, que je portais depuis longtemps mais qui étaient peu connues.

Est-ce que votre stratégie de campagne évolue?
On va multiplier les réunions publiques dans le grandes métropoles et dans les territoires populaires, comme au Blanc-Mesnil, en Seine-Saint-Denis. Et nous avons d'autres atouts dans notre manche encore trop peu connus, comme la composition de notre liste, que nous avons voulue à l'image de la société française : Marie-Hélène Bourlard, la numéro 2, est une ouvrière retraitée. Dans une période où les Français ne se reconnaissent plus dans les institutions politiques parce qu'elles ne les représentent plus, cette liste arrive à point nommé.

A quoi ça sert de voter pour une liste créditée de 3% au maximum d'intentions de vote, alors que les nationalistes gagnent du terrain en Europe?
Je refuse l'idée selon laquelle le débat politique se limiterait à un affrontement entre l'extrême-droite et les libéraux. Plus les jours passent, plus on s'aperçoit que le rempart que constituerait En marche est en carton pâte. Ce serait quand même absurde de voter pour une ancienne militante d'extrême-droite comme Nathalie Loiseau! [Mediapart a révélé cette semaine que la tête de liste En marche apparaissait en 1984 sur une liste d'extrême-droite étudiante, NDLR] L'élection européenne est le dernier scrutin national proportionnel : profitez-en pour voter pour vos convictions! Le bulletin de vote rouge donne aux électeurs la possibilité d'envoyer au Parlement européen la première femme ouvrière depuis 30 ans. Quand on sait à quel point cette institution est un repaire de lobbyistes et de financiers, je me dis que ça ferait du bien.

Voir aussi notre carte montrant comment l'alliance de Salvini et Le Pen peut devenir la 3e force après les européennes

Quel électorat pouvez-vous encore mobiliser pour atteindre ces 5%?
Le principal ennemi, c'est l'abstention. Cela suppose de convaincre qu'il y a un lien entre les politiques menées en France et l'échelle européenne. En juillet, la Commission européenne recommandait de mener une réforme des retraites : ce qui se dit à Bruxelles, c'est ce que fait le gouvernement. Et les eurodéputés prennent des décisions qui ont un impact sur votre vie quotidienne. Le vote au Parlement européen qui a conduit à la réforme de la SNCF en France a été adopté à 24 voix près. Si le rapport de force nous avait été plus favorable…

Il va falloir que la gauche retrouve le chemin du dialogue, évitons d'insulter l'avenir.

Vous appelez à un pacte de non-agression au sein de cette famille politique. N'est-ce pas risquer de laisser filer des voix potentielles vers Génération.s ou La France insoumise?
La gauche aujourd'hui est trop divisée, trop dispersée, je le regrette. Nous ne sommes pas parvenus à travailler ensemble. Mais une fois les européennes passées, il va falloir que la gauche retrouve le chemin du dialogue et du rassemblement. Donc évitons d'insulter l'avenir. Je n'aurai pas un mot de travers, et si j'ai eu des mots blessants, je le regrette. On peut avoir des débats, mais ça ne veut pas dire qu'on doit s'insulter. Quand Raphaël Glucksmann [tête de liste PS-Place publique] traite Jean-Luc Mélenchon de "Tchatcher de gauche", je ne pense pas nous en sortions grandis.

Pourquoi avoir refusé la main tendue de Glucksmann qui prônait le rassemblement?
Parce que le sujet, c'est l'Europe : on ne peut pas avoir sur une même liste des gens pour les traités européens ou pour les politiques d'austérité, et des gens contre. Il y a un impératif de clarté.

Mélenchon appelle à une "fédération populaire". Ça vous convainc?
L'unité est possible. J'y mets deux conditions : la rupture avec le libéralisme, je m'adresse là surtout au PS. On ne pourra pas se rassembler sur une politique semblable à celle du quinquennat de François Hollande, vécu à raison comme une trahison. L'union ne pourra pas non plus se faire sur la base d'une hégémonie d'une force, ça n'a pas marché et ça ne marchera pas. Je m'adresse là plutôt à Mélenchon : nul ne doit imposer ses vues aux autres. Personne ne peut jouer les gros bras à gauche, la situation doit nous pousser à l'humilité.

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