Avec les directives de libéralisation, l'Union européenne nous a roulés dans la farine.
Dans le secteur de l'énergie, ils nous ont dit : les prix vont baisser. Ils ont augmenté de 70%.
Dans le domaine ferroviaire, le transports de marchandises par le train a été divisé par 2,5 depuis la libéralisation. Et pour le transport des voyageurs, ce sera là même catastrophe avec les fermetures de lignes jugées non rentables.
Analyse et (surtout) propositions concrètes à lire dans La Montagne.
Politique
Elections européennes : Ian Brossat en visite en Creuse défend une Europe des services publics
La Montagne, 14 avril 2019
La tête de liste du PCF pour les Elections européennes, Ian Brossat, est venu à la rencontre des militants à La Souterraine samedi matin avant de se rendre en Corrèze puis à Saint-Junien hier soir. Il nous résume le projet qu'il porte pour les élections du 26 mai.
Comme tous les autres partis, le PCF n’échappe pas à la vague de renouvellement des hommes et femmes politiques. Ian Brossat, professeur de français de 39 ans, incarne un visage moderne du Parti communiste pour les Élections européennes. Plus « de camarade » à tout va, ni de « lutte des classes, ouvriers contre patrons » mais il s'agit d'un combat contre l’argent et pour la réforme de l’Europe au profit des « salariés » et des « gens ».
1/ On traverse une période sociale mouvementée, qu'en pensez-vous ?
Il y a d'abord une grosse colère qui s'exprime contre la politique du gouvernement depuis plus de quatre mois maintenant. Et face à cela, un gouvernement qui n'entend rien, ne comprend rien. On a quand même appris hier qu'ils ont restitué le Grand débat national en ayant omis de prendre en compte la moitié des contributions. D'ailleurs, je finis par me dire qu'ils ont dû perdre toutes les contributions qui demandaient le retour de l'Impôt sur la solidarité de la fortune (ISF). On a affaire à un gouvernement qui reste droit dans ses bottes et qui ne tient pas compte de cette colère des salariés, des retraités qui ont subi, coup sur coup, l'augmentation de la CSG et l'indexation des retraites. Puis une colère qui porte aussi, en territoire rural, sur la disparition des services publics de proximité.
Créer un fonds pour le développement des services publics avec l'argent donné aux banques
2/ Alors que proposez-vous pour maintenir ces services publics passablement mis à mal dans notre département ?
Moi je propose deux choses très simples. Premièrement, un moratoire sur toutes les fermetures de services publics en zone rurale. C'est à dire : il faut stopper cette hémorragie des services publics : services des impôts, fermeture des petites lignes de chemin de fer, de classes. Et je fais, comme j'essaye d'être cohérent, une proposition concrète. Dans le cadre des Elections européennes, c'est la proposition suivante : depuis dix ans, la Banque centrale européenne, qui est le coffre fort de l'UE, a versé 3.000 milliards d'euros sans conditions, ni contreparties. Eh bien nous, ce que nous proposons avec notre liste c'est qu'une partie de cet argent aille –au lieu d'aller dans les banques – vers les services publics. Et que donc ces crédits-là alimentent un fonds pour le développement des services publics. Je suis convaincu que cet argent serait plus utile ainsi que s'il sert à faire de la spéculation.
3/ Vous vous opposez également à l'ouverture à la concurrence en matière de train ?
On paye cash les directives européennes. Parce que la loi sur la SNCF adoptée par le gouvernement avant l'été malgré la contestation des cheminots, c'est la transposition d'une directive européenne qui s'appelle le quatrième paquet ferroviaire. C'est cette disposition qui ouvre le transport voyageur à la concurrence. Ce qui fait qu'une entreprise comme la SNCF se comporte désormais comme une entreprise privée pour s'adapter à la concurrence. Conséquence concrète : la fermeture des petites lignes, la disparition des guichets, la déshumanisation du service public avec la SNCF qui résonne en terme de business et non plus en terme d'intérêt général. Alors qu'on sait à quel point on a besoin de ces lignes de chemin de fer.
4/ Justement, vous être contre, cela signifie-t-il qu'il faut sortir de l'UE ou la changer ?
Je ne suis pas pour sortir de l'Union européenne mais je suis archi contre ces directives de libéralisation. D'ailleurs, le Parti communiste a toujours voté contre ces politiques de libéralisation. Toujours. Au passage, dans le domaine de l'énergie, quand ce type de directive a été adoptée, on nous a dit que les prix aller baisser. Or, ils ont augmenté de 70% depuis 2000. Donc, on nous a menti et les dirigeants européens et français ont roulé les Français dans la farine. [...] L'Union européenne nous a imposé un moule libéral qui ne correspond pas à notre identité.
5/Que proposez-vous alors pour l'Union européenne ?
L'Union européenne doit accepter qu'en son sein, il y ait des modèles économiques différents. C'est à dire que nous, la France, si nous voulons faire autrement, il faudrait que l'UE nous laisse faire autrement. C'est ce que j'appelle une clause de non régression sociale. Un Etat devrait pouvoir dire, à l'intérieur de l'UE, je n'appliquerai pas cette directive parce qu'elle va dégrader nos conditions de vie.
Le PC propose une écologie sociale qui s'attaque aux vrais pollueurs
6/ L'écologie n'a pas toujours été inscrit à votre programme, cette fois elle l'est, elle fait donc désormais partie de vos préoccupations ?
Préoccupation, bien sûr. Préoccupation majeure. Parce que ce n'est même pas l'avenir de la Planète qui est en cause mais c'est l'avenir de l'homme dans la planète. Si on ne fait rien, c'est notre existence même qui est menacé. Après, ce que je regrette : quand on parle d'écologie aujourd'hui, on pointe le salarié qui utilise son vieux diesel pour aller au travail mais en même temps on ne fait rien contre des multinationales comme Total qui polluent et qui proportionnellement, payent beaucoup moins de taxe carbone que l'automobiliste. Nous, nous sommes favorables à une écologie sociale. C'est à dire que l'écologie efficace est une écologie qui pointe les vrais responsables de la pollution. Et ce sont notamment ces multinationales.
7/ Mais vous n'êtes pas le seul à gauche à tenir ce discours, pourquoi ne pas avoir choisi l'union en ces temps troublés ?
Moi, je regrette cette dispersion. Le Parti communiste a tendu la main pendant des mois pour essayer de rassembler la gauche. Cela dit, soyons honnête, tout le monde ne dit pas la même chose dans cette campagne. Le Parti socialiste, peut-être pas dans son ensemble mais dans sa majorité, a voté tous les traités européens ultralibéraux. [...] Donc je pense qu'il faut aussi avoir de l'honnêteté, de la sincérité dans une campagne. On ne pourrait pas avoir des candidats qui disent sur une même liste tout et son contraire. Le Parti communiste a ceci de constant qu'il n'a voté aucun de ces traités ultra-libéraux.
Virginie Mayet