Soixante-quinze ans jour pour jour après l’exécution du groupe Manouchian au Mont-Valérien, le souvenir de ceux qu’il a côtoyés est encore vif pour Julien Lauprêtre, le président du Secours populaire français (SPF). À 16 ans, en 1942, celui-ci fonde avec deux copains une équipe de résistance. Ses actions le mèneront au 20 novembre 1943. Ce jour-là, il est cueilli par la police et enfermé dans une cellule, qu’il partage avec un homme. « J’avais seulement 17 ans. Quand il m’a regardé dans les yeux et m’a dit “je vais être fusillé mais toi, tu vas t’en sortir, il faudra continuer le combat”, ça a impacté ma vie. » Cet homme, c’était Missak Manouchian, mais il ne le saura que plus tard. Julien Lauprêtre se souvient d’un autre des membres de l’Affiche rouge, Thomas Elek, « un petit intellectuel, particulier dans le groupe » et fusillé à 19 ans. Il s’était engagé après s’être « fait insulter de “sale juif” au lycée », raconte le président du SPF, qui fait un parallèle avec les « attaques antisémites, racistes » qui surviennent encore aujourd’hui. Commémorer ceux qui ont « laissé leur peau pour la France » et leur « combat magnifique », c’est faire vivre ce « besoin de résister face à la haine de l’étranger ». Celui qui ne cesse d’alerter sur le « raz-de-marée de la misère » poursuit : « Ça me marque encore aujourd’hui. Au SPF, je m’efforce de mériter cette idée du dévouement. » Alors que « les attaques se multiplient sur la vie des Français », il s’agit, selon lui, de se rappeler « leur combat pour l’humanité ».
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