L'Association des médecins urgentistes de France s'alarme des risques psychosociaux de plus en plus fréquents à l'hôpital.
Trois questions à Christophe Prudhomme, porte-parole de l'Association des médecins urgentistes de France
Ouest-France, 21-22 juillet 2018 - Recueilli par Florian Chaaban
Doit-on particulièrement s'inquiéter de cette situation?
Elle est grave. Selon les résultats d'une enquête que nous avons menée dans les différents services d'urgence, 68% des répondants disent être en burn-out. Nous sommes typiquement confrontés à ce que les sociologues appellent un effet de seuil. A force de trop tirer sur la corde, on finit par craquer. Et le problème n'épargne personne. En Bretagne, par exemple, de nombreux hôpitaux de proximité sont démantelées au profit des CHU. On marche sur la tête!
Que reprochez-vous à la politique gouvernementale?
Le gouvernement constate que le service public hospitalier ne peut plus assurer la continuité de son fonctionnement, mais ne fait rien. Il y a un problème aigu. D'année en année, le travail devient de plus en plus difficile. Or, rien n'est fait pour limiter l'augmentation constante du nombre de consultation aux urgences. C'est un véritable goulot d'étranglement. Aujourd'hui, les médecins passent un temps fou à trouver des lits. On nous dit qu'on va tout gérer en ambulatoire, mais ce n'est pas possible.
Comment avez-vous construit cette enquête?
Nous nous sommes appuyés sur les données du Centre national de gestion qui montrent que 27% des postes de médecins titulaires dans les hôpitaux sont aujourd'hui vacants. La médecine d'urgence n'est pas épargnée. Il y a aujourd'hui une vraie fuite de médecins urgentistes qui changent d'activité ou partent de l'hôpital pour faire de l'intérim. Nous avons voulu faire une enquête flash déclarative. Les réponses sont données sur la base du volontariat, par des médecins travaillant dans les services d'urgence et au SAMU.
Propos recueillis par Florian Chaaban.
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