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12 août 2018 7 12 /08 /août /2018 00:00

 

Spécialisé dans l’ophtalmologie et, depuis quelques années, dans l’esthétique, le laboratoire qui fabrique le fameux Botox a été épinglé dans les Paradise Papers, en novembre 2017. Il assure se conformer aux lois en vigueur…

«A llergan, un laboratoire pharmaceutique mondial audacieux. » Voilà comment se définit lui-même le bienheureux producteur du Botox, ce traitement ophtalmologique devenu un best-seller du marché florissant de l’esthétique, utilisé pour estomper (provisoirement) les rides du haut du visage. De l’audace, c’est vrai, le laboratoire américain (plus de 15 milliards de dollars de chiffre d’affaires attendus en 2018) n’en a pas manqué depuis sa fondation, en 1948, par un pharmacien de Los Angeles. Pour conquérir – ou protéger – des marchés juteux, mais aussi pour « optimiser » sa fiscalité, si l’on en croit le Consortium international des journalistes d’investigation (Icij, en anglais), qui a révélé, en novembre 2017, les complexes stratégies d’évitement fiscal de nombreuses firmes, telles Apple, Nike ou Uber. Des révélations fondées sur les 13,5 millions de documents baptisés « Paradise Papers », provenant du cabinet international d’avocats Appleby, basé aux Bermudes. Une firme plutôt haut de gamme, de meilleure réputation que le cabinet Mossack Fonseca, mis en lumière par les Panama Papers dès 2016. Mais une firme aux objectifs exposés sans détours par son fondateur, le major Reginald Appleby, qui décrivait l’impôt sur le revenu comme « l’ultime raffinement de la torture humaine, auquel il faut s’opposer à tout prix ».

Un système de « double irlandais »

Or, pour éviter pareille torture, rien ne vaut une domiciliation fiscale avantageuse. C’est ce qu’a choisi Allergan en installant son siège social à Dublin, en Irlande. Un pays connu pour offrir l’un des taux d’imposition sur les sociétés le plus bas du monde (12,5 %). Une position tellement enviable que le mastodonte américain Pfizer a tenté, à peine quelques mois après cet atterrissage fiscal avantageux, de fusionner avec Allergan, pour profiter de cette domiciliation enviée. La transaction record (évaluée à 160 milliards de dollars !) a finalement été stoppée in extremis par le secrétaire américain au Trésor en 2016. Reste qu’Allergan, lui, a semble-t-il pu profiter des largesses propres au pays au Trèfle, tel le « double irish » (double irlandais) – rien à voir avec du whisky. Ce système consiste à mettre en place une double sous-traitance de filiales irlandaises pour récupérer les bénéfices de la société mère, en les faisant passer par des paradis fiscaux encore plus avantageux que la patrie de la Guinness, comme les Bermudes, les Caïmans ou l’île de Man. Une pratique tellement limite que le gouvernement irlandais a dû envisager, dès 2014, son interdiction pure et simple. Qui, alors, a tenté de s’opposer à cette réforme ? Une certaine Terilea Wielenga, la présidente du Tax Executives Institute (TEI), sorte d’association de professionnels de la fiscalité, qui exerçait aussi les fonctions de… directrice de la fiscalité d’Allergan ! D’après l’enquête de l’Icij, la fiscaliste aurait mis en place pour le producteur de Botox un système de « double irlandais » qui aurait déplacé les bénéfices du laboratoire jusqu’aux Bermudes. Contacté par l’Icij, le laboratoire a démenti toute fraude. « Allergan se conforme à toutes les lois fiscales et règles comptables applicables et paie tous les impôts dus dans toutes les juridictions où il exerce ses activités », a assuré l’entreprise. Dans une étude présentée en septembre 2017, la division française du laboratoire n’était d’ailleurs pas peu fière de mettre en avant ses 511 emplois dans l’Hexagone et même sa « contribution fiscale » de « 293 millions d’euros sur la période 2012-2016, dont 69 millions d’euros en 2016 ». Pas de quoi faire vaciller les profits du groupe, néanmoins. Au dernier trimestre 2017, l’entreprise a engrangé un bénéfice net de 3 milliards de dollars, dont 2,8 servis sur un plateau (d’argent) par la réforme fiscale de Donald Trump.

 

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