Voici une expression des communistes finistériens qui sortira dans le prochain "Rouge Finistère", le journal de la fédération du PCF du Finistère (sortie au mois de septembre)
« L’industrie est le cœur de la production de richesse d’un pays : nous pouvons tirer n’importe quel fil de l’activité humaine, l’enseignement, le secteur de la santé, le transport, au bout se trouvera immanquablement un processus de production, une usine pour le dire plus simplement. Le secteur des services, bien souvent, n’est en effet qu’au service d’un processus industriel ou en dépend très étroitement : sans un secteur industriel fort, un pays est condamné, à plus ou moins long terme, car obligé d’importer massivement les produits qu’il consomme, avec le déséquilibre de la balance commerciale et l’appauvrissement qui s’en suivent. Un pays qui ne vivrait qu’avec un secteur primaire et un secteur tertiaire, ne pourrait pas survivre longtemps. Cela doit occuper une place importante dans notre réflexion.» Amar Bellal rédacteur en chef de la revue Progressistes.
Or depuis 30 ans, la part de l’industrie dans la création de richesse nationale est passée de 20% à 12 %. Ce résultat n’est pas lié à une fatalité économique mais le fruit du choix du retrait de l'Etat, des privatisations, de l'absence de pilotage stratégique et de planification. Enfin, c’est le choix de la concurrence et des plus-values pour les actionnaires.
Le cas du la filière militaire.
L’activité industrielle principale de Brest est basée historiquement sur L’industrie navale militaire. Au cœur de cette activité : Naval Group. Anciennement Dcns, Naval Group est un groupe industriel détenu majoritairement par l’Etat et spécialisé dans l'industrie navale de défense et les énergies marines renouvelables. Depuis le début des années 2000, suite aux différentes décisions de l’Etat, une partie de plus en plus importante de l’activité se trouve transférée vers les chantiers de l’Atlantique de Saint Nazaire. Cela a pour conséquence qu’aujourd’hui ces derniers, avec un carnet de commande plein, ne sont pas en mesure de prendre en charge la construction de pétroliers militaires prévue dans la loi de programmation militaire 2022. Il existe donc un risque que la construction militaire s'effectue alors en dehors du territoire français.
Or pour éviter ce risque et relancer l'activité globale, un plan de rénovation des moyens industriels et de formation évalué à 100 millions d'euros sur 4 ans par la CGT permettrait de relancer l’activité. Ces 100 millions sont à comparer à la perte de 43 milliards du CICE . Ce plan doit être mis en place le plus rapidement possible car le gros des départs à la retraite débute ces prochaines années avec le risque d'une rupture dans la transmission des savoirs. Cela concernerait sur Brest un minimum de 700 emplois sans compter la sous-traitance sur l’ensemble du Finistère.
L’industrie navale militaire, un enjeu national, éthique et démocratique
Mais la stratégie à long terme de Naval Group est de développer l'export avec la projection de personnels à l'étranger et la diminution de l'emploi local et national et l’accélération de la fermeture du site de Brest. Ainsi Ficantieri (propriétaire de 51 % des chantiers navals de STX France) et Naval Group (propriété de l’Etat) cherchent un rapprochement capitalistique pour devenir un géant naval européen. La stratégie est claire : se positionner au plan international pour devenir un groupe industriel avec une orientation quasi exclusive vers l’exportation afin d’accaparer les profits juteux du marché de l’armement. Ceci mettrait en danger notre défense nationale avec un risque de transfert de secrets industriels, technologiques et stratégiques. Une entreprise de défense nationale se transformerait en un vulgaire marchand d'armes et profiteur de guerre guidée par le profit. Les logiques de compétition commerciale l’emporteront sur le contrôle démocratique et sur toutes considérations éthiques.
Vers une industrie navale de paix.
La richesse de Brest et du Finistère, c'est sa diversité industrielle: la recherche, le nautisme, la navale militaire, la réparation navale civile. Premier centre français de réparation navale, le port de Brest dispose d'un savoir-faire reconnu par les armateurs du monde entier. Les emplois liés à la mer dans l'agglomération brestoise représentent 15 000 emplois, soit 23% de l'emploi local. Il s’agit alors d’impliquer les salariés, les citoyens, les territoires dans les choix de développement, y compris dans les stratégies d'entreprise. Il s’agit de garantir la souveraineté nationale et d’empêcher des logiques capitalistes sur l’armement. Le développement des énergies marines renouvelables ainsi que la déconstruction sont aussi des pistes sérieusement envisageables.
Initiatives du Pcf.
Plusieurs initiatives locales et nationales ont été prises. Octobre 2017, le député communiste Sébastien Jumel interpelle le gouvernement sur la fusion prochaine de Naval Group. Le 24 janvier 2018 eu lieu un débat sur l'industrie maritime brestoise au bar le Mouton à 5 pattes place Guérin à Brest. Il fut organisé par la section PCF de Brest dans le cadre des états généraux du Progrès Social qui ont eu lieu le 3 février à Paris. Un compte rendu détaillé est présent sur le site :
Organisé par la section PCF de Brest, un débat très riche sur l'industrie maritime dans le cadre des états généraux du progrès social... Jeudi 24 janvier au bar le Mouton à cinq pattes à Brest
Février 2018 des syndicalistes de l’arsenal de Toulon et le député André Chassaigne se prononcent pour un pôle public national de cette industrie comme assurance contre son démantèlement. Avril 2018, rencontre entre la section Pcf de Brest et la CGT sur la construction navale à Brest.
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