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11 août 2018 6 11 /08 /août /2018 06:47
INDUSTRIE. LA FILIÈRE HYDROLIENNE PRÊTE À COULER
Mercredi, 1 Août, 2018

En décidant d’abandonner l’usine de Cherbourg, le gouvernement et Naval Energies pourraient condamner tout le secteur français des énergies marines.

Cinq semaines après avoir inauguré la première usine de construction d’hydroliennes française à Cherbourg (Normandie), sans qu’aucune production ait vu le jour, Naval Energies – détenue à 60 % par Naval Group et à 34 % par la Banque publique d’investissement (BpiFrance) – abandonne la construction de ces turbines sous-marines qui fabriquent de l’électricité grâce aux courants. Pour justifier sa décision, l’entreprise évoque le manque de rentabilité et l’insuffisance du soutien public. « La technologie que nous avons développée est mature et nous l’avons emmenée jusqu’à la phase de démarrage industriel (…). Mais la dégradation de la situation du marché, en France et dans le monde tout au long de ces derniers mois, s’est traduite par une absence de perspectives commerciales qui ne nous permet pas de financer seuls plus longtemps le développement des activités hydroliennes », a ainsi expliqué la semaine dernière le ­président de Naval Energies, Laurent Schneider-Maunoury. Pourtant, des commandes fermes avaient été signées par le Canada et le Japon, et la France prévoyait l’installation de 100 à 150 mégawatts (MW) d’ici à 2028, « soit 50 turbines de 2 MW en dix ans ». Insuffisant pour le groupe, qui a mis fin à son aventure hydrolienne, préférant dorénavant se concentrer sur deux autres technologies marines : l’éolien flottant et l’énergie thermique des mers, « qui reçoivent le soutien des autorités publiques ».

Même si, ces derniers mois, le gouvernement a aussi renégocié à la baisse les contrats conclus, avec 15 milliards d’euros d’économies sur vingt ans. Reste que la stratégie du groupe est totalement en phase avec l’intervention, en juin dernier devant l’Assemblée nationale, du ministre de la Transition écologique. Nicolas Hulot avait alors déclaré que « les coûts de production des hydroliennes présentées aujourd’hui par les professionnels apparaissent, il faut en convenir, très élevés, même à long terme et même par rapport à l’éolien offshore ». Une prise de position à l’opposé de celle de l’ex-président de la République François Hollande qui, en 2013, estimait que les hydroliennes « représen­ t(ai)ent la formule la plus prometteuse » parmi les énergies marines.

LE RISQUE DE LAISSER LA PLACE AUX INDUSTRIELS ÉTRANGERS

Une « décision grave, très lourde de conséquences industrielles, sociales et environnementales », dénonce pour sa part la CFDT. D’autant que les calculs court-­termistes du gouvernement pro-business comme de l’entreprise à capitaux publics pourraient condamner toute une filière. Une filière qui comporte pourtant de nombreux avantages. Car, développe le syndicat, « sa production d’électricité est continue et prévisible (contrairement à l’éolien et à la majorité des autres énergies renouvelables) et son prix baissera forcément à terme dans le cadre d’une production en série comme pour toutes les autres technologies ». En effet, à dimension égale, une hydrolienne produit plus d’énergie qu’une éolienne puisque la densité de l’eau est 800 fois plus élevée que celle du vent. Sans compter que son impact visuel est nul ou quasi nul et que la France dispose avec son site du raz Blanchard (Normandie) d’une des zones au potentiel le plus important dans le monde. Avec l’abandon du site de Cherbourg, le risque est donc de laisser la place aux industriels étrangers, même si, en France, d’autres n’ont pas encore jeté l’éponge. C’est le cas de la PME bretonne Sabella, qui produit la seule hydrolienne à avoir été raccordée au réseau électrique national, et à y avoir injecté du courant d’origine marine.

POUR LES ÉLUS COMMUNISTES, « IL N’Y A PAS DE FATALITÉ »

Pour les élus locaux en revanche, « il n’est pas trop tard », estiment les parlementaires communistes de la Seine-Maritime Sébastien Jumel et Cécile Brulin. « Il n’y a pas de fatalité : ce que Naval Group prétend faire, le gouvernement peut le défaire, puisque l’État détient plus de 60 % du groupe d’industrie marine », ­expliquent les deux élus. Dans la même veine, le sénateur LR de la Manche Philippe Bas a également appelé le gouvernement « au sursaut nécessaire ». Ajoutant que « si l’État ne lance pas dans de brefs délais d’appels d’offres commerciaux, l’ensemble de la filière (française) va s’arrêter ». Pour y remédier, les parlementaires communistes appellent « solennellement le ministre de l’Économie, le ministre de la Transition écologique et le président de la région Normandie à se mettre autour d’une table avec les représentants des salariés, la direction du groupe et les collectivités locales directement concernées (…) afin de réexaminer (leur décision) à la lumière des véritables enjeux de l’énergie hydrolienne pour notre pays ».

 
Clotilde Mathieu
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