Le 13 mars dernier, juste avant la mobilisation de l'ensemble des acteurs de la prise en charge, de l'accueil et de l'accompagnement des personnes âgées du 15 mars, Christine Prunaud s'est fait le porte-voix de l'inquiétude et de la souffrance des personnels et acteurs du secteur auprès de la ministre de la santé Agnès Buzyn:
"Les professionnels m'ont de nouveau alertée sur les difficultés qu'ils rencontrent, soit dans le cadre des services d'aide à domicile, soit d'établissement d'accueil des personnes âgées. Je partage leurs légitimes inquiétudes. En effet, le secteur médico-social se dégrade de jour en jour, la situation est catastrophique pour les personnels et pour les bénéficiaires.
Les structures d'aide à domicile dénoncent la maltraitance induite par les contraintes budgétaires qui fragilisent les structures, la dégradation des conditions de travail, le recul du pouvoir d'achat des salariés et l'accroissement du nombre de travailleurs pauvres dans le champ des personnes âgées et des personnes en situation de handicap.
Ainsi, l'Union Nationale des services d'Aide à domicile demande 160 000 emplois en plus pour la seule activité de l'aide aux personnes d'ici 2022.
Au sein des EHPAD, les syndicats demandent au gouvernement des effectifs supplémentaires (200 000 postes) et les moyens financiers nécessaires à la prise en charge dans de bonnes conditions des personnes âgées accueillies et soignées. Précisément, ils souhaitent l'application d'un ratio d'un agent par résident conformément au Plan solidarité grand âge de 2006, le retrait de la nouvelle réforme de la tarification jugée unique, ainsi que l'amélioration de leurs rémunérations et de leurs carrières.
Pour finir, la question primordiale des manques de financement doit obtenir des réponses pertinentes et rapides en vue de l'urgence de la situation: en redonnant à l'hôpital public les moyens nécessaires, en mettant en place un financement solidaire à 100% de la Sécurité Sociale, avec le remboursement de la dette de l'Etat APA-PCH pour les départements, le rétablissement de l'ISF ou encore la suppression des restes à charge pour les familles, du CICE et de la CSG...
Comment continuer d'accepter que nos personnes âgées vivent et vieillissent dans de telles conditions? Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les conditions de travail intolérables des personnels soignants et de l'aide à domicile. Il est urgent de construire une véritable politique de prise en charge de la dépendance, à hauteur des besoins.
Je suis certaine que dans le cadre de vos fonctions, vous saurez apporter des réponses à la hauteur de l'urgence et de la gravité de la situation. Je vous prie d'agréer, Madame la Ministre, l'expression de les plus cordiales salutations".
Christine Prunaud, Sénatrice des Côtes d'Armor
La réponse de Agnès Buzyn, que nous mettons ici en lien PDF, est un mélange de satisfecits sur sa volonté de dialogue et de concertation, de constats généraux qui ne mangent pas de pain ("je suis bien consciente des conditions d'exercice des personnels en établissements et services pour personnes âgées en perte d'autonomie, et tout particulièrement au sein des EHPAD, qui présentent des contraintes particulières. L'aide aux personnes les plus fragile est un métier difficile dont la valorisation sociale n'est pas toujours à la hauteur de l'engagement et du professionnalisme de ceux - majoritairement celles- qui l'exercent) surtout quand on ne les rattache pas à des choix politiques et financiers, et de justification d'une politique qui a ajouté devant la colère des professionnels 50 millions au budget prévu pour les EHPAD et l'aide à domicile (110 millions d'€): on est très loin de pouvoir satisfaire les besoins du secteur avec cet investissement public.
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