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31 juillet 2018 2 31 /07 /juillet /2018 06:08

 

La chronique de Jean-Christophe Le Duigou Économiste et syndicaliste : "Les notions classiques d’universalité des droits, de redistribution sont remplacées par celles de responsabilité individuelle, de ciblage de la protection sociale."

Avec l’offensive Macron, nous sommes confrontés à une stratégie réfléchie dont l’objectif est de faire accepter un recul des dépenses publiques et une transformation en profondeur de notre système social. Macron approfondit un sillon déjà tracé. Le mouvement date des années quatre-vingt. Il se développe en lien avec la diffusion des réponses libérales à la crise et avec le fait que la montée du chômage vient réintroduire la notion d’assistance dans le paysage social.

La régression est amorcée. Finie la recherche d’une égalité réelle face aux risques sociaux. On ne parle plus désormais qu’égalité des chances. Au nom de la « personnalisation », l’accent a été mis sur l’objectif de favoriser le « libre choix » des familles en matière d’éducation et de mode de garde des enfants. On « offre » aux salariés la possibilité d’arbitrer entre niveau de pension et âge de départ en retraite. Pour ce qui est de la « responsabilisation », on peut bien sûr citer les politiques d’activation des prestations de chômage et d’assistance sociale qui insistent sur le risque de « dépendance » aux allocations et sur la responsabilité de ceux qui les perçoivent quant à leur propre réinsertion. Les assurances sociales sont en réalité de moins en moins sociales. Les notions classiques d’universalité des droits, de prévention, de redistribution sont peu à peu remplacées par celles de responsabilité individuelle, de ciblage de la protection sociale, de prise en compte individuelle des besoins, faisant des plus malchanceux des démunis des responsables de leur sort.

Ces orientations conduisent à la concurrence de chacun contre tous. Elles ignorent totalement les obstacles que rencontrent effectivement les personnes pour faire valoir leur liberté de choix. Elles ne tiennent pas non plus compte du fait que certains individus ou groupes sociaux se trouvent dans des positions socialement dominées qui les empêchent d’utiliser efficacement les ressources qui leur sont consenties. En opposant la responsabilité individuelle à la solidarité, on oublie ce qui constitue le fondement de toute société humaine.

C’est pourquoi les politiques sociales solidaires doivent mettre l’accent sur les capacités que devraient effectivement avoir les individus à bâtir leur projet de vie à des niveaux et des qualités comparables entre eux. Au-delà de la compensation financière des risques, la mission des politiques sociales n’est-elle pas d’agir sur la multiplicité des inégalités auxquelles les personnes sont concrètement confrontées ? Ainsi de la prise en charge précoce des problèmes de santé, de l’égalisation de l’accès aux soins, des capacités d’accueil pour les enfants et les personnes âgées, de l’appui aux chômeurs et précaires pour accéder à des emplois de meilleure qualité… Cela implique que, au-delà des dotations financières, les politiques sociales assurent une offre suffisante et équitablement répartie de services publics et sociaux de qualité. Ce projet solidaire coûterait-il « un pognon de dingue » ? Pas si on tarit les causes des gâchis engendrés par la gestion sous contrainte financière des firmes. Pas si on considère que les dépenses pour les femmes et les hommes représentent la priorité pour amorcer un nouveau mode de développement.

Jean-Christophe Le Duigou

 

 

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