Grâce à une forte mobilisation de nombreux services, le centre-ville de Morlaix a retrouvé un visage présentable. Seulement 48 heures après une terrible inondation. (photo Le Télégramme)
La situation revient progressivement à la normale à Morlaix, deux jours seulement après le terrible orage qui a noyé la ville. Depuis dimanche soir, les pompiers ont effectué 279 interventions.
Ce mardi soir, Gilles Quénéhervé, sous-préfet de Morlaix, Bernard Guilcher, premier adjoint à la ville, et le lieutenant-colonel Renaud Quemeneur, commandant du groupement territorial de Morlaix au Service départemental d’incendie et de secours du Finistère (Sdis 29), ont salué « l’élan de solidarité » qui a permis à Morlaix, en seulement 48 heures, de retrouver un semblant de sérénité. « Un exploit » quand on se remémore l’état dans lequel se trouvait le centre-ville dimanche soir.
279 interventions depuis dimanche après-midi
En première ligne, évidemment, les pompiers ont réalisé par moins de 279 interventions depuis l’inondation. « Aujourd’hui, nous avions encore une quarantaine d’hommes sur le terrain pour des opérations d’épuisement et de nettoyage, confie le lieutenant-colonel Quemeneur. Nous sommes intervenus à dix reprises rue de Paris et neuf fois rue de Brest. Le bilan définitif sera tiré demain soir. On sera sans doute autour de 300 interventions. »
En attendant, le poste de commandement avancé installé au centre de secours a été définitivement levé ce soir à 18 h. « Désormais, on revient à un fonctionnement normal. Toutes les interventions seront traitées individuellement. »
« C’est remarquable »
Au-delà des pompiers, Gilles Quénéhervé et Bernard Guilcher ont souligné le travail des services de la ville, de l’État et de la Croix-Rouge, qui était présente dès dimanche. Le travail de nettoyage a été intense.
« On a aussi reçu le soutien de la ville de Brest, des communes de Gouesnou, Plougasnou… Et bien sûr de Morlaix communauté, qui a mobilisé 38 personnes. Nous les en remercions », a réagi le premier adjoint. « Il y a eu un vrai travail collectif, une chaîne de solidarité qui a bien fonctionné. Les commerçants se sont entraidés. On a même vu des artisans bénévoles venir proposer leur aide et leur matériel. C’est remarquable », a poursuivi le sous-préfet.
15 jours pour chiffrer les dégâts
Hormis rues de Brest et de Paris, où la situation est encore compliquée, la circulation et le stationnement ont été rétablis dans l’après-midi au centre-ville. Et plusieurs commerces pourtant touchés dimanche, ont rouvert leurs portes. D’autres le feront avant la fin de semaine. La situation se décante donc progressivement.
Reste désormais à répertorier et chiffrer les dégâts. « Nous nous sommes donnés 15 jours pour ça », a annoncé Bernard Guilcher. Pour rappel, la facture consécutive à l’inondation de décembre 2013 s’était élevée à 12 M€.
Solidarité nationale et état de catastrophe naturelle réclamés
Morlaix a demandé l’état de catastrophe naturelle. Comme de très nombreuses autres villes du pays. Ça pourrait donc prendre un peu de temps. Mais la Cité du viaduc a aussi réclamé que lui soit accordée la solidarité nationale immédiate. Et là, le préfet du Finistère pourrait peut-être faire accélérer la procédure.
En ce qui concerne les commerçants et les particuliers, tout se réglera avec les assurances. Ce mardi, de nombreux experts étaient déjà à pied d’œuvre.
Au total une cinquantaine de commerçants ont été touchés par les inondations de dimanche, au centre-ville. Rue de Brest et place des Otages, la plupart veulent aller de l’avant et ont rouvert ou rouvriront cette semaine. Rue de Paris, les travaux seront plus longs. Reportage.
À 8 h 30, ce mardi, l’Intermarché de la rue de Brest a rouvert, « à l’heure habituelle ! ». Un symbole pour Laurent Stekke, installé depuis dix ans. « De toute façon, y’a pas le choix ! La vie reprend le dessus ! », lance-t-il en demandant à un client habitué s’il va bien. « C’est à vous qu’il faut le demander ! », répond ce dernier. Avec l’aide d’une quinzaine de personnes, Laurent Stekke a pu nettoyer les dégâts causés par les 40 cm d’eau. « Tous les produits qui se trouvaient dans les rayons les plus bas sont fichus… On a quasi rempli une benne », explique-t-il au milieu des produits entreposés en attente de nettoyage. « Le pire c’est cette boue, visqueuse et épaisse. Elle s’est même infiltrée dans les chambres froides. Mais j’ai moins morflé que d’autres ».
Surtout, il a retenu les leçons de l’inondation de 2013 : l’informatique et les prises ont été surélevées. « Dès qu’on fait des travaux ici, on prend le facteur inondations en compte ».
Nettoyage… à la brosse à dents
Dans son immuable boutique de chaussures, Claude Rideller, 82 ans, tente de ranger. « On a tout mis en hauteur en vitesse. Maintenant, j’essaie de m’y retrouver », explique-t-il encore sonné par les événements. « C’est ma cinquième inondation. 1974, 1995, 2000, 2013 et 2018. Celle-ci, c’est la cerise sur le gâteau… C’est trop… » La boutique a néanmoins rouvert mais l’épisode fait réfléchir le commerçant qui, depuis quelques semaines, se renseignait pour la retraite. « Tout ça, ça risque de précipiter ma décision… Mais il y a le stock à vendre. J’irai sûrement jusqu’à la fin de l’année ! ».
Chez sa voisine, qui vend de la laine, on y va… à la brosse à dents ! « Il faut que ce soit minutieux. On espère rouvrir dès qu’on peut ! », confie Viviane Oréal, installée depuis 2004. En face, La Chaussonnerie de Laure Thomas-Cosquer va rouvrir dès ce mercredi.
« Intemporelle » relogée
Dans la rue de Paris, on n’en est pas là. Les commerçants, les uns après les autres, discutent avec experts et assurances pour évaluer les dégâts. Et les travaux. Florence Urien, de l’institut de beauté « Intemporelle », témoigne : « C’est la cata. Il faut refaire tout le bas du placo, mes meubles et mes appareils sont détruits… » Grâce à son assurance, elle devrait pouvoir rouvrir dans un local, à Saint-Martin. « Ça me fait mal au cœur mais au moins je peux reprendre… Mais je reviendrai dans le centre-ville, c’est ma place ! »
Rouvrir, Pascal Tisserand, du Carrefour express, n’y pense même pas. « Il faudra au moins trois ou quatre mois… ». Ce mardi, il en était encore à racler la boue… Au magasin de jouets, Cathy Tanguy, elle, fait l’inventaire et complète sa liste des dégâts. « Tout dépendra des travaux. Il va falloir que je pense à des aménagements dédiés. Mais les enfants pourront toujours venir acheter des jouets ici. J’y suis très bien et je ne pense pas à déménager ! »
« Pour nous soutenir, il faut revenir ! »
Place des Otages, la vie reprend son cours. La plupart des magasins avait fini le nettoyage et ont pu rouvrir. Au Café de la Terrasse, « on compte ouvrir ce mercredi, jeudi au plus tard », lance Caroline Lambel. Depuis deux jours et deux nuits, salariés et copains se relaient pour tout nettoyer. « On est fatigués mais volontaires ! Et le meilleur moyen de nous soutenir est de revenir ! ». Hier soir, l’association des commerçants s’est réunie pour réfléchir à une action commerciale commune. « Contrairement aux images de désastre qui tournent, il faut montrer que Morlaix a été nettoyée, les commerçants font ce qu’ils peuvent pour rouvrir. Il faut positiver », conclut Guillaume Pellerin, le président.
Internet et téléphonie. Les orages et les inondations ont provoqué de gros dégâts sur le réseau Orange. « Pour l’heure, on ne peut pas quantifier l’ampleur du phénomène ni dire où il y a des problèmes », indique-t-on au service communication de l’opérateur. Les techniciens sont sur le terrain afin de réparer au plus vite. Sachant que les pannes peuvent provenir de multiples causes : les box peuvent avoir été foudroyées, les répercuteurs mis en panne à cause de coupures d’électricité (ce qui coupe le téléphone), des câbles coupés ou tombés. « Il va falloir être patient. Il ne faut pas espérer un retour à la normale avant plusieurs semaines », souligne Orange. Les personnes en situation de fragilité doivent contacter leur mairie en priorité.
279 interventions des pompiers. Depuis dimanche, les pompiers ont réalisé 279 interventions. Il reste encore quelques opérations à mener rue de Brest. Un bilan définitif sera tiré mercredi soir.
« Une solidarité remarquable ». Le sous-préfet, Gilles Quénéhervé, et le premier adjoint au maire, Bernard Guilcher, ont souligné également le travail des services de la ville, de l’État et de la Croix-Rouge. « On a aussi reçu le soutien de la ville de Brest, des communes de Gouesnou, Plougasnou… Morlaix communauté a mobilisé 38 personnes. Il y a eu une chaîne de solidarité entre commerçants.
On a vu des artisans proposer leur aide et leur matériel. C’est remarquable », a noté le sous-préfet. Résultat, Morlaix a retrouvé un minimum de sérénité en seulement 48 h. Un exploit quand on se rappelle l’état du centre-ville dimanche soir.
15 jours pour chiffrer les dégâts. Hormis rues de Brest et de Paris, où la situation est encore compliquée, la circulation et le stationnement ont été rétablis dans l’après-midi d’hier au centre-ville. « Nous nous sommes donné 15 jours pour chiffrer les dégâts », a annoncé Bernard Guilcher. Pour rappel, en 2013, la facture s’était élevée à 12 M€.
La CPAM fermée pour la semaine. Située rue de Brest, la Caisse primaire d’assurance maladie n’a pas échappé aux inondations. Conséquence, l’accueil sera fermé jusqu’au vendredi 8 juin inclus.
Coup dur pour À Fer et à Flots. La ligne de chemin de fer touristique « À Fer et à Flots » subit les conséquences de la coulée de boue qui a coupé la voie ferrée entre Morlaix et Roscoff à Sainte-Sève. « C’est évident, la saison est fichue », se désole Joseph Seité, maire de Roscoff et président d’À fer et à flots, qui doit faire le point avec SNCF Réseaux. Il indique, en revanche, que les réservations seront assurées, par des bus. Le circuit, ouvert depuis Pâques, continuera à être proposé, « mais la partie en train se fera en car. Bien sûr, ça a beaucoup moins de charme… Ça va se ressentir sur la fréquentation, c’est très inquiétant ».
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