Pour le personnel soignant, pas question de baisser les bras devant la décision prise par l’Agence régionale de santé de fermer la maternité de Guingamp au 31 janvier 2019. Les salariés comptent, samedi, sur la mobilisation de la population.
« Tout n’est pas perdu. Notre espoir repose désormais sur un recours devant le tribunal et sur la mobilisation de la population*, dont nous avons besoin plus que jamais ! », a lancé ce jeudi, lors d’un point presse, Karen Boualegue, puéricultrice à la maternité de Guingamp.
On ne comprend pas
Elle et ses collègues aides-soignantes, auxiliaires puéricultrice et sages-femmes ont souhaité revenir sur l’argumentaire développé, et non fondé à leur sens, par l’Agence régionale de santé (ARS). « S’il y a une pénurie de pédiatres sur le territoire, comment se fait-il alors qu’un poste de contractuel ne soit pas renouvelé à l’hôpital de Saint-Brieuc ? », s’interrogent-elles.
Les professionnelles sont dubitatives. Pour elles, la présence pédiatrique est assurée, notamment avec les deux pédiatres de néonatalité qui se relaient à Guingamp. « Nous ne sommes pas moins desservis qu’ailleurs. On ne comprend pas », affirment-elles.
Le sentiment d’être sacrifiés
Et quid de la réorganisation ? Selon les professionnelles, une quarantaine de salariés serait touchée, dont 15 auxiliaires de puériculture et 17 sages-femmes (sept contractuelles et dix titulaires). À l’annonce de la fermeture, que certaines ont apprise par voie de presse, « l’équipe est restée complètement solidaire, mais anéantie », confie Karen Boualegue. « Il n’y a rien de mis en place. On nous a demandé de réfléchir individuellement à nos projets professionnels, à des départs volontaires, etc. Et il faut faire vite puisqu’à partir de novembre, on nous imposera des choses ».
Les salariés ont donc pris le parti de lutter contre la sentence de l’ARS. « On ne lâchera pas. Nous fournissons un travail de qualité et nous aimerions qu’il soit reconnu ».
Et de rappeler que, depuis quatre ans, l’équipe de la maternité est engagée dans le processus de labellisation « Initiative Hôpital Amis des Bébés ». L’objectif étant d’améliorer l’accompagnement des parents avant, pendant et après la naissance de leur enfant. « Nous répondions déjà à dix critères sur douze. Nous devions être évalués sur les deux derniers aujourd’hui et demain ».
Mais sans l’autorisation de renouvellement, la labellisation ne pourra pas voir le jour. « À quoi tout cela aura-t-il servi ? Nous avons le sentiment d’être abandonnés par la direction et d’être les sacrifiés du Groupement hospitalier de territoire ».
Tout l’hôpital pourrait en pâtir
Un ressenti qui passe mal, d’autant que « l’on sait que le bassin de vie de Guingamp est le plus pauvre de Bretagne. Il y a beaucoup de familles qui venaient en scooter, en voiturette ou en stop. Comment vont-elles faire pour aller à Saint-Brieuc ou à Lannion ? »
En fermant la maternité, « on enlève un gros service à la population ». Les salariés sont également persuadés que tout l’hôpital va pâtir de cette décision. « C’est pour cela que l’on va se battre. Nous ne sommes pas d’accord et on va le faire savoir ! »
* Une manifestation pour la défense de la maternité de Guingamp aura lieu ce samedi 26 mai. Le rendez-vous est fixé à 11 h sur le parvis de la mairie.
Le Télégramme, 25 mai 2018
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