Pour financer les 5 milliards de cadeaux fiscaux au plus riches et les 800 millions de suppression de l'exit tax, Macron s apprete à taper dans la caisse des APL, de l'AAH ou en encore des bourses étudiantes. Et la? Tu la perçois mieux la lutte des classes?
Le billet économique d'Anaëlle Grelier sur France Culture, 21 mai
Allons-nous vers une baisse des aides sociales ? Bercy planche en tous cas sur la question pour son prochain budget alors que le ministre de l'Économie Bruno Le Maire déclarait hier que le gouvernement envisageait de réduire les aides à l'emploi.
C'est un peu raide comme annonce, il faut bien le dire, la veille de la journée de solidarité, ce jour anciennement férié créé en 2004 suivant la canicule meurtrière de l'été 2003 pour financer une meilleure prise en charge des personnes dépendantes. Une journée qui consistait à supprimer un jour férié pour les salariés français, initialement fixée au lundi de Pentecôte, elle est redevenue fériée en 2008 et laissée depuis à l'appréciation des employeurs publics et privés. Certains, depuis, suppriment un jour de congé ou de RTT. D'autres offrent cette journée à leurs salariés mais tous s'acquittent d'une contribution à la Caisse Nationale de Solidarité pour l'Autonomie. Elle rapporte en moyenne 2 milliards et demi d'euros par an et 30 milliards ont été collectés depuis sa création. Alors que le gouvernement parle d'une deuxième journée de solidarité toujours pour financer la prise en charge de la dépendance, Bercy, par la voix de son ministre, prépare nos esprits à accepter de nouvelles baisses de prestations sociales.
Faut il revoir la légitimité de certaines aides ?
Bruno Le Maire, lors du grand rendez vous Europe 1 les Echos Cnews hier, s'interrogeait publiquement sur la cohérence finalement des prestations sociales. "Nous ne sommes pas condamnés à compenser les inégalités par toujours plus de dépenses publiques, c'est-à-dire toujours plus d'impôts au bout du compte pour le contribuable." Une réflexion déjà lancée à Bercy puisque la semaine dernière le journal Le Monde assurait avoir en sa possession le document qui prépare un plan de réduction des dépenses dans les aides sociales. Ce rapport de la direction du budget est intitulé « transformer les prestations sociales » et délivre plusieurs pistes d'économie. Parmi les pistes suggérées, il faut revoir les critères d'attribution de certaines aides sociales ou réduire leur montant, par exemple en prenant en compte le patrimoine des personnes dans le calcul de l'allocation ou en conditionnant l'octroi de certains minima sociaux « à des démarches actives de recherche » d'un poste.
L'Aide personnalisée au logement (APL) est, une fois encore, dans le collimateur des gestionnaires. Ils proposent cette fois-ci d'intégrer les minima sociaux et les prestations familiales dans les ressources servant de base à leur calcul « à compter de 2020 ». En outre, les bourses sur critères sociaux (BCS), accordées aux étudiants pourraient être revues ou gelées.
Par ailleurs, l'allocation personnalisée pour l'autonomie (APA), pour les personnes âgées en difficulté physique, est jugée «trop diluée et insuffisamment redistributive» , l'allocation adultes handicapés (AAH) doit être maitrisée. Sur toutes ces aides, la note conseille de mieux cibler, c'est-à-dire, en filigrane, de réserver les aides aux plus démunis, privant d'autres populations des aides auxquelles elles avaient jusqu'à présent droit.
Combien pèsent les aides sociales dans le budget de l'Etat ?
La direction du budget estime que les aides sociales constituent « un poids croissant » pour les finances publiques, de l'ordre de 26% des dépenses soit 5 points supplémentaires en une quinzaine d'année.
Comme depuis juin 2017, le gouvernement s'est effectivement lancé dans une vaste entreprise de réduction de ces dépenses, de l'ordre de 80 milliards d'euros d'ici 2022... Il va falloir être créatif, n'est-ce pas ? Un défi de taille quand le gouvernement a déjà renoncé à plusieurs milliards d'euros de rentrées fiscales après la transformation de l'impôt sur la fortune (ISF) qui entraîne une baisse de recettes pour l'Etat de près 4 milliards d'euros ; le coup de rabot sur l'imposition du capital produit un manque à gagner d'au moins 1,5 milliard d'euros et la suppression de l'exit tax induit quant à elle un manque à gagner de près de 800 millions d'euros...
Il va donc falloir faire des efforts ! Allez ! Souhaitons nous tout de même une belle journée de Solidarité ! Bonne journée à toutes et à tous.
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