Grand Morlaix. La ville invite ses voisines à la fusion
Le Télégramme, Ronan Tanguy - 16 mai 2018
Et si c’était la bonne ? Maintes fois évoquée par le passé, la création du Grand Morlaix est peut-être enfin sur les rails. Ce mardi 15 mai, la municipalité de la Cité du viaduc a décidé d’initier la réflexion sur la constitution d’une commune nouvelle. En appelant ses voisines à la rejoindre pour fusionner.
« Si nous reprenions posément les discussions sur la fusion de communes ? », avait proposé le maire de Morlaix, Agnès Le Brun, le 6 janvier 2016, en présentant ses vœux à la population. Si l’intention était bien là, rien n’avait vraiment bougé depuis deux ans. Mis à part tout de même la volonté du nouveau président de Morlaix communauté, Thierry Piriou, de voir aboutir ce serpent de mer. Et l’approbation de certains maires, comme celui de Plouezoc’h, Yves Moisan, par ailleurs premier vice-président de l’agglomération.
Ce mardi soir, à 22 h 15, au terme d’un conseil municipal interminable de près quatre heures, la ville de Morlaix a franchi un pas qui pourrait être décisif en vue d’un rapprochement avec ses voisines. À travers une motion qu’elle a lue, Agnès Le Brun a souligné que les élus morlaisiens souhaitaient « engager un processus de réflexion avec leurs homologues des communes de Morlaix communauté pour envisager la création d’une commune nouvelle du Grand Morlaix ».
Cette fois, il y a du concret
« Tous ceux qui sont intéressés sont invités à se réunir à une date qu’il faudra fixer rapidement », a indiqué le maire de la Cité du viaduc, en précisant qu’il était « souhaitable qu’une étude soit menée avec des moyens communautaires afin d’orienter la décision des élus, qui disposeront alors d’outils d’analyse fiables et argumentés en matière financière, organisationnelle, juridique et politique ».
« Notre position sur le sujet n’a jamais varié », a prolongé Agnès Le Brun, en réponse à l’élu socialiste d’opposition Jean-Paul Vermot pour qui « cette déclaration d’amour est un peu tardive ».
C’est, en tout cas, la première fois que Morlaix tend véritablement et concrètement la main à ses voisines. « Je m’associe pleinement à cette motion, d’autant plus qu’elle élargit le périmètre et prend en compte toutes les communes », a souligné le même Jean-Paul Vermot, qui attend désormais des actes. Et se dit même qu’on pourrait aller au-delà, en se rapprochant des autres communautés de communes du territoire (celle de Landivisiau et du Haut-Léon).
Il n’est pas fait état dans cette motion d’une quelconque consultation de la population
« Je ne suis pas défavorable aux fusions, même si, pour moi, la France des 36 000 communes n’est pas obsolète. Ce qui me gêne dans ce texte, c’est qu’il n’est pas fait état d’une quelconque consultation de la population. C’est très inquiétant », a réagi, de son côté, le communiste Ismaël Dupont, qui s’est abstenu sur le vote de cette motion, tout comme une autre élue de l’opposition, Valérie Scattolin.
« Oui au mariage, non au rapt »
« Il y a deux scénarios possibles. Soit, les communes s’entendent et, dans ce cas, les conseils municipaux votent. Ou alors, c’est le préfet qui prend la main et la population est consultée », lui a répondu Agnès Le Brun, en accord avec Ismaël Dupont sur le fait que « ce n’est pas parce que c’est grand que ça coûte forcément moins cher ».
« Un mariage n’est réussi que s’il est consenti. S’il est forcé, il est raté. Alors, oui à un mariage précédé de fiançailles, mais non au rapt, au droit de cuissage et à la volonté d’absorption », a complété le maire. Comme un avertissement qui laisse à penser que, si la fusion n’a jamais semblé aussi proche, on en est encore très loin…
Le Télégramme, 16 mai 2018
Attractivité : habitat et commerce de nouveau sur le tapis
Au cours d’un long débat sur les comptes administratifs, la question de l’attractivité du centre-ville est une nouvelle fois revenue sur le tapis. « Il faut être plus offensif sur l’habitat », a insisté Jean-Paul Vermot. « Si on veut que les gens rénovent en centre-ville, il faut des subventions », a estimé l’adjointe à l’habitat, Marlène Tilly, en rappelant que c’est une compétence de Morlaix communauté. Et en suggérant que les bailleurs sociaux du type Finistère Habitat (dont le président est… Jean-Paul Vermot) viennent en centre-ville.
« En 2016, il y a eu 264 acquisitions immobilières et, l’an passé, 338, dont 280 en centre-ville. Depuis le début de cette année, on en est à 143. En comparaison, il y en avait eu 213 en 2009. Au minimum, il y a là une lueur d’espoir », a souligné Agnès Le Brun, pour qui « on est dans une situation plus favorable qu’on a jamais été ».
« Pourquoi ne pas acquérir les locaux commerciaux ? »
« Et en matière de commerce, pourquoi la ville ne ferait pas l’acquisition de locaux vacants ? », a interrogé le chef de file de l’opposition. « Cela permettrait de faire baisser le montant des loyers, dont certains sont aujourd’hui très dissuasifs ».
« Les baux précaires, c’est beaucoup plus compliqué qu’on ne le pense. Ça n’appelle pas forcément des commerçants qui ont dans l’idée de pérenniser leur affaire », a rétorqué le maire, bien conscient des loyers très chers. Et en précisant « réfléchir à une taxe sur les friches commerciales ».
Le Télégramme, 16 mai 2018
Lors du conseil municipal de nombreuses subventions ont été votées. Voici le détail.
(Le Télégramme, 16 mai 2018)
Vie associative (27 310 €, contre 23 010 € en 2017). Petit Tour de France, 1 200 €; Saint-Pol - Morlaix, 5 000 €; Internationaux de football du SCM, 2 500 €; Yacht-Club (Tresco), 3 000 €; Union cycliste, 400 € pour la Ronde du viaduc, 700 € pour la course de Ploujean ; Armor aéro-passion, 1 000 €; Redadeg, 400 €; Agrideiz, 10 000 €; Mémoire de la Déportation, 200 €; Scouts et guides de France, 200 €; Club des pêcheurs à la mouche, 100 €; Morlaix - Lanmeur élevage, 100 €; Morlaix - Würselen, 200 €; Morlaix - Truro, 500 €; SNSM de Primel, 250 €; Adrasec, 60 €; Resam (chèque culture), 1 500 €.
Enseignement (400 €, comme en 2017). Div Yezh, 400 €.
Enfance-jeunesse (9 000 €, comme en 2017). Morlaix animation jeunesse : 4 000 € pour le poste d’animateur et 5 000 € pour les loisirs à caractères familiaux.
Action sociale (18 440 €, contre 16 190 € en 2017).
Jardins familiaux, 500 €; anciens combattants Morlaix et Ploujean, 250 €; comité d’entente des associations patriotiques et amicale des marins anciens combattants, 150 € chacun ; Unions locales CGT et CFDT, 370 € chacune ; Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, 100 €; Fnaca, 200 €; Ligue des droits de l’Homme, 100 €; Maison du peuple (10 000 €, dont 5 000 € pour les travaux) ; Unafam, 150 €; Queffleuth et Bélizal, 50 €; Présence écoute, 100 €; Croix d’or, 100 €; Paralysés de France, 250 €; Adapei, 250 €; Secours catholique et Secours populaire, 1 500 € chacun ; Association pour le soutien aux adultes en difficulté, 800 €; Saint-Vincent-de-Paul, 450 €; Addeski, 800 €; Crésus, 300 €.
Culture (33 350 €, contre 29 100 € en 2017). Compagnie Au hasard des oiseaux, 250 €; Bagad, 1 500 €; Compagnie Mawguerite, 200 €; Korollerien, 1 500 €; Les Originales, 700 €; Ad Lib, 2 000 €.
Son ar mein, 1 000 € ; Tango Sumo, 3 500 €; Théâtre de la Corniche, 7 000 €; AADI, 1 500 €; La Baie des livres, 1 500 €; Le Patio, 9 000 €; KLT (fête de la Bretagne), 3 200 €; Dont’acte, 500 €.
Le Télégramme:
Troisième lieu: des contours à affiner:
Avant la motion sur le Grand Morlaix, le conseil municipal a longuement débattu sur de nombreux sujets.
Parmis ces sujets, il a été question du futur Troisième lieu, rue de Paris. Avec une opposition qui s’interroge sur « le flou qui entoure son utilisation » et une majorité qui veut « le laisser vivre progressivement ».
« Autant on voit bien l’intérêt d’avoir acquis cet immeuble dans une rue stratégique en difficulté. Autant le contenu du projet pour l’animer n’est pas très clair ». C’est le communiste Ismaël Dupont qui a dégainé le premier, mardi, lorsque la réhabilitation du bâtiment qui abritera le Troisième lieu, rue de Paris, a été abordée.
« Architecturalement, il y a un fort potentiel. Mais si on veut un lieu de rassemblement social et renforcer le potentiel culturel de la ville, il faut savoir ce qu’on veut y faire », a lancé un autre élu de la minorité, Jean-Pierre Cloarec.
« Il faudra être minimaliste »
« Je comprends en partie vos interrogations », leur a répondu Agnès Le Brun. « Mais on pense que ce site a des choses à nous apprendre. Si on va trop vite, on raterait notre rendez-vous avec ce lieu. On veut le laisser vivre progressivement et en affiner les contours. Comme tout endroit magique, il faudra être minimaliste », a résumé le maire, en assurant qu’il serait à dominante littéraire.
« Reste que pour la médiathèque, qui va donc conserver son rôle actuel, la problématique de l’accessibilité va demeurer », a regretté le socialiste Jean-Paul Vermot.
La dette va bien mieux
Lango pèse toujours
Pour le reste, il a surtout été question de chiffres. Avec l’examen du compte administratif 2017, notamment. Qui a révélé que la dette de la ville est désormais remboursable en cinq ans, contre dix ans en 2008. « C’est encourageant et réconfortant », a apprécié Agnès Le Brun.
Ce qui l’est moins, c’est le poids que continue de constituer le parc de Langolvas. « C’est le tonneau des Danaïdes. Je m’interroge sérieusement sur les capacités de la ville à gérer cet équipement », a commenté Jean-Pierre Cloarec. « On n’a pas de solution miracle. On fait tout pour qu’il y ait un maximum d’animations sur le site. Après, il faut que les tourneurs viennent », a noté l’adjoint aux finances, Alain Tigréat.
88 500 € aux associations
Les subventions aux associations (hors structures conventionnées) ont atteint, elles, 88 500 € (77 700 € en 2017). Avec les regrets de l’opposition concernant Morlaix - Réo, Morlaix - Wavel ou France Palestine qui n’ont rien. Mais aussi la gym, amputée de 500 € alors que les licenciés ont augmenté. « Oui, mais les kilomètres des déplacements comptent aussi », a précisé l’adjointe aux sports et aux associations, Charlotte Julie.
Quant aux cyclistes de l’UCPM et du CCM, contraints de quitter le pavillon du Pouliet, « je vais les recevoir », a indiqué le maire, inquiète par ailleurs de la « recentralisation et du jacobinisme qui s’empirent ». « Dans dix ans, on peut se demander si les maires des communes ne seront pas les préfets », a ironisé Agnès Le Brun. Même si la commune pèse 30 000 habitants ?
« In memoriam arts de la rue (1987-2017) »
La fin du conseil a donné lieu à trois questions orales de la minorité, dont une intitulée « In memoriam (à la mémoire) arts de la rue (1987-2017) » suite à la décision de la majorité de se passer des spectacles de rue l’été à Morlaix, après une aventure longue de 30 ans.
« Cette disparition brutale évoquée dans la presse sans discussion préalable en conseil municipal est motivée par des arguments improbables (météo, essoufflement, manque de convivialité…) », a déploré Hervé Gouédard, en interrogeant le maire sur la teneur des animations réservées pour l’été prochain.
« Le programme des quatre mercredis du Bel été sera artistique et éclectique, en lien avec le patrimoine, la culture, le végétal et la gastronomie, ainsi que la littérature et la création », lui a répondu Agnès Le Brun, pour qui « la formule estivale avait besoin d’un nouveau souffle ».
« Vous méritez la palme »
Autre sujet pointé par l’opposition : la diffusion, en février dernier, d’une annonce pour le recrutement d’un chargé de communication « pour accompagner le dirigeant élu dans sa mandature, anticipant la future période électorale ».
Cette offre d’emploi litigieuse avait suscité l’indignation de la minorité municipale, toujours pas convaincue qu’elle n’a pas été validée au préalable par le maire, qui avait affirmé qu’il s’agissait d’une erreur du cabinet de recrutement.
« C’est une polémique vaine et stérile. Vous méritez la palme dans l’art de faire beaucoup de bruit et d’agitation », a rétorqué Marlène Tilly, adjointe chargée de l’habitat, en précisant qu’« aucune candidature n’a été étudiée à partir de cette annonce » et qu’« aucun denier public n’a été dépensé pour faire campagne ».
Le manque d’information
encore une fois déploré
Dans une dernière question intitulée « Entre secret et désinvolture », l’opposition a également regretté de ne pas avoir été informée de la candidature de Morlaix au plan gouvernemental « Cœur de ville ». « Cette façon de faire n’est guère élégante. Il y a une désinvolture à notre égard », s’est plaint Jean-Pierre Cloarec. « Nous avons dû agir très vite. Il n’était pas question de tergiverser. Et lorsque nous avons convié à une réunion d’information le 19 mars, vous l’avez boycottée. C’est regrettable », a souligné Annie Piriou, adjointe au rayonnement de la ville.
Le Télégramme 17 mai 2018 - Ronan Tanguy
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