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12 mai 2018 6 12 /05 /mai /2018 11:53

Depuis son arrivée au pouvoir, le président ne cesse de s’attaquer aux lois sur le climat. Face à lui, États, villes et grandes sociétés se rebiffent.

Donald Trump voit-il, depuis les fenêtres du 1 600, Pennsylvania Avenue, la sécession qui s’organise ? Dès lors que son administration détricote les lois relatives à la lutte contre le réchauffement climatique, celle-ci trouve en face d’elle des États, des villes, des entreprises qui disent stop. En a-t-il conscience ? Sûrement. Mais voilà, comme le pense l’écrivain Jonathan Franzen, interrogé dans le numéro 5 de la revue America sur la stature de son président, l’homme sait surfer sur les craintes d’une partie du peuple américain, qui pense plus au travail qu’au climat. Les faits lui donneraient presque raison. Un récent sondage Gallup – équivalent américain de l’Ifop – montre ainsi qu’une partie de l’opinion américaine se désintéressait un peu plus chaque année de cette cause. Alors qu’en 2017 ils étaient 71 % à penser que le réchauffement climatique était bien réel, ils ne seraient plus que 65 % cette année.

Dans ce contexte, une organisation écologiste finlandaise, Melting Ice, peut bien projeter de sculpter, dans la glace de l’Arctique, le visage de Donald Trump, afin qu’il puisse, de visu, se rendre compte des désastres qu’engendre le réchauffement, le président américain, lui, veut continuer son œuvre « climaticide ». Mais parviendra-t-il pour autant à faire triompher ses idées ? Pas encore, car la résistance s’organise. Il y a quelques semaines, la révolte s’est même transformée en presque révolution. Le 15 mars dernier, à Détroit (Michigan), le président américain annonçait vouloir s’attaquer aux régulations environnementales, en promettant aux constructeurs automobiles de les libérer de normes trop contraignantes. Il annonçait ensuite un réexamen de la limite autorisée de consommation moyenne des véhicules neufs, mise en place par son prédécesseur.

Dans la foulée, la Californie – État le plus peuplé, avec 39 millions d’habitants, et à la pointe de la lutte pour le climat – portait plainte contre l’Agence fédérale de protection de l’environnement (EPA) afin de préserver les normes automobiles nationales d’émissions. Normes que la Californie avait même renforcées sous la gouvernance d’Arnold Schwarzenegger, pourtant républicain. Depuis, 16 autres États ont rejoint la lutte et porté le fer au cœur de cette administration. Le Connecticut, le Delaware, l’Illinois, l’Iowa, le Maine, le Maryland, le Minnesota, le New Jersey, l’État de New York, l’Oregon, le Rhode Island, le Vermont, l’État de Washington, le Massachusetts, la Pennsylvanie, la Virginie et même, ironie de l’histoire, le district de Columbia – là où se trouve l’administration fédérale – sont dorénavant de la partie.

Vive opposition contre les forages dans les zones protégées du littoral

Face à cette lame de fond, l’administration, pas à bout d’arguments fallacieux, a fait vibrer la corde populiste : « Ces normes s’avèrent coûteuses pour les constructeurs automobiles, mais aussi pour les consommateurs qui ne peuvent se payer un véhicule à haute efficacité énergétique », a déclaré l’EPA. Faux, a immédiatement rétorqué le gouverneur de Californie, Jerry Brown : « Cela viole le Clean Air Act (loi sur la qualité de l’air) des États-Unis et ne respecte pas les propres règles de l’EPA. De plus, ce n’est basé sur aucune nouvelle recherche. » Le ministre de la Justice de Californie, Xavier Becerra, lui a emboîté le pas : « Au lieu de faire une priorité de la santé des Américains qui travaillent dur, l’administrateur de l’EPA, Scott Pruitt, veut lâcher la bride aux principaux pollueurs. C’est inconscient ! » Pour appuyer son refus de toutes nouvelles règles, le gouverneur californien sait aussi pouvoir compter sur un argument économique de poids : « Nous représentons 140 millions de personnes et 43 % du marché automobile américain. Et ces gens veulent des voitures plus propres et plus efficaces. »

Depuis son arrivée à la Maison-Blanche, celui qui déclarait que « le réchauffement climatique était une invention des Chinois pour ruiner l’économie américaine » voit chacune de ses mesures contestées. En janvier dernier, son administration décidait de l’ouverture des zones protégées du littoral américain à l’exploitation du pétrole et du gaz offshore. À peine lancée, des villes de Californie, de l’Oregon ou encore de l’État de Washington marquaient leur opposition farouche à tous nouveaux forages. La Floride, elle-même concernée, voyait son gouverneur républicain, Rick Scott, monter au créneau : « J’ai tout de suite demandé à rencontrer le secrétaire Zinke pour discuter des préoccupations soulevées par ce projet et de la nécessité de retirer la Floride de la liste. » Il a finalement obtenu gain de cause. Mais là ne s’arrête pas les exemples. Même la volonté trumpienne de sortir de l’accord sur le climat signé à Paris connaît la fronde. 375 villes ont annoncé qu’elles allaient mettre en place ce qui a été prévu, et ce, quoi que décide le président. Des États, et non des moindres – Washington, New York et Californie – ont affirmé vouloir aussi respecter l’accord de Paris. Même du côté des entreprises, le vent de révolte gagne du terrain. Ainsi, les géants du pétrole, qui ont amorcé un début de transition énergétique, ne veulent pas entendre parler du charbon comme source d’énergie, alors que Donald Trump l’a mis au cœur de son discours sur l’indépendance énergétique. Enfin, au-delà de ce secteur, une douzaine de sociétés américaines, dont Google, Apple, Facebook et Microsoft, demandent au président de rester dans l’accord de Paris afin de maintenir leur compétitivité dans le monde. Même le business, si cher au président, s’y met. Une révolte ? « Non, sire, une révolution. »

 

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