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26 mai 2018 6 26 /05 /mai /2018 07:40
De nombreux secteurs ont commencé à tenter d’ouvrir la brèche par leur mobilisation ces derniè res semaines. Boris Horvat / AFP

De nombreux secteurs ont commencé à tenter d’ouvrir la brèche par leur mobilisation ces derniè res semaines. Boris Horvat / AFP

26 mai. « Pour forcer Macron à écouter, il faut taper plus fort »
MARION D’ALLARD, OLIVIER CHARTRAIN, SÉBASTIEN CRÉPEL, SYLVIE DUCATTEAU, MAËL DUCHEMIN, JULIA HAMLAOUI, KAREEN JANSELME ET LOLA RUSCIO
VENDREDI, 25 MAI, 2018
L'HUMANITÉ
De nombreux secteurs ont commencé à tenter d’ouvrir la brèche par leur mobilisation ces derniè res semaines. Boris Horvat / AFP
 

Syndicats, partis de gauche, associations ont lancé un appel inédit à se mobiliser, samedi. Salariés en lutte, étudiants et simples citoyens, beaucoup espèrent qu’une « marée populaire » déferle dans les rues.

Samedi, Fabienne a rendez-vous à la gare de l’Est, à Paris. Pas pour partir en week-end profiter du soleil de cette fin de printemps. Avec son « ras-le-bol absolu » pour tout bagage, cette ex-militante socialiste prendra la direction de la place de la Bastille. « Enfin ! soupire-t-elle, comme soulagée. Seul le nombre pourra faire bouger les choses. » Comme elle, des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes attendent que la « marée populaire » espérée déferle dans les rues du pays ce 26 mai. Plus de quatre-vingts manifestations sont prévues, à l’appel d’un vaste collectif d’organisations. Syndicats, partis politiques de gauche, associations ont lancé un appel inédit à descendre dans la rue pour répondre à l’offensive tous azimuts d’Emmanuel Macron et de son gouvernement. « La multiplication des mesures prises avec brutalité sur tous les fronts a un objectif, celui de créer un effet de sidération et espérer ainsi empêcher toute riposte, écrivent-ils. (…) Ce coup de force peut échouer », si « les mobilisations (qui) se multiplient dans le pays » ne restent pas « isolées » mais que toutes se rassemblent pour donner naissance à une « marée populaire ».

« ça suffit maintenant »

« Il faut réussir à établir un rapport de forces qui dise (au gouvernement) “ça suffit maintenant” », résume Michel, posté au métro Laumière, à Paris, avec deux de ses camarades communistes, appels au 26 mai en main. Y parvenir n’est cependant « pas de la tarte » : « Les gens s’engagent s’ils pensent qu’il y a quelque chose au bout qui permette vraiment de s’en sortir », pense-t-il. Parmi ceux à qui il tend ses tracts, il estime que beaucoup sont à « un point d’équilibre. Ils hésitent : est-ce qu’on continue à attendre ou est-ce qu’on fait le saut ? ». C’est justement le cas de Claudia. Malgré son « dégoût » de la situation – fonctionnaire en catégorie C, son salaire est gelé depuis longtemps et finir le mois « devient impossible » – elle a « l’impression que les gens se mobilisent mais qu’on ne les entend pas ». « Pour forcer le gouvernement à écouter, il faudrait taper plus fort », dit-elle. Originaire de Guadeloupe, elle prend l’exemple du mouvement social de 2009 sur l’île qui avait « tout bloqué ». Paul est étudiant, lui aussi est un peu désabusé mais il garde un petit espoir cependant : « J’encourage les gens qui en ont la force à se mobiliser, quand je verrai qu’il y a une fissure, je serai peut-être de ceux-là. »

« Les colères peuvent s’agréger »

De nombreux secteurs ont commencé à tenter d’ouvrir la brèche par leur mobilisation ces dernières semaines. Les cheminots sont de ceux-là, et beaucoup devraient prendre part, d’une manière ou d’une autre, à la grande marée populaire de samedi. Si les fédérations de cheminots CGT et SUD, dont les maisons mères – la confédération CGT et l’union syndicale Solidaires – font partie des artisans de cette mobilisation, appellent sans retenue leurs syndiqués à défiler, l’affaire est plus complexe pour les cheminots CFDT. « Certains d’entre nous y seront, sans forcément s’afficher comme cédétistes, mais plutôt en tant que citoyens », confie l’un d’eux. En effet, la confédération, arguant de l’indépendance syndicale vis-à-vis des partis politiques, n’a pas appelé à la Marée populaire. Idem du côté de l’Unsa ferroviaire ou de FO, dont les syndiqués auront eux aussi à faire un choix individuel. Sous couvert de l’« autonomie » des structures du syndicat, « nous n’appelons pas à manifester le 26 », explique Roger Dillenseger, secrétaire général de l’Unsa ferroviaire. Toutefois, poursuit-il, « ce ne serait pas étonnant du tout que beaucoup d’entre nous y soient quand même ». Pour Romuald Ternisien, secrétaire CGT aux ateliers du Landy à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), peu importent finalement les organisations derrière l’appel à mobilisation, « l’important, c’est de manifester main dans la main avec les salariés et de prouver à ce gouvernement que les colères peuvent s’agréger. Ce sera l’occasion d’une convergence avec les salariés en lutte, du privé comme du public ».

Air France, McDonald’s, Carrefour… le privé ne devrait d’ailleurs pas faire pâle figure dans les cortèges. La CGT Air France appelle à manifester ce samedi aux côtés des organisations syndicales et politiques. « On participe à toutes les mobilisations pour essayer d’en finir avec cette politique ultralibérale », explique Karine Monsegu, co-secrétaire générale du syndicat de l’ex-compagnie publique, dont les salariés ont désavoué le patron lors d’un retentissant référendum d’entreprise. Et ont inspiré leurs camarades cheminots, qui se sont prononcés à 95 % de votants contre la réforme ferroviaire du gouvernement. De quoi doper le moral de ceux qui luttent malgré des rapports de forces défavorables. « On a toujours été de toutes les manifestations parce que les salariés prennent de plein fouet le système ultralibéral de McDonald’s », estime ainsi Gilles Bombard, secrétaire général CGT de la chaîne de restauration rapide en Île-de-France. La manifestation régionale partira au pied du restaurant de la gare de l’Est. Ses employés en grève pour les salaires et les droits syndicaux se joindront au cortège. Même si le mélange des étiquettes syndicales et politiques rend certains méfiants. « J’aurais préféré l’exclusivité syndicale, ou alors une plus ample participation des partis. Mais le commerce CGT sera là car il s’agit d’un même combat contre toutes les attaques du gouvernement : les ordonnances travail, la privatisation de la SNCF, la volonté de s’en prendre au statut des fonctionnaires », explique Isabelle Raset, employée chez Carrefour et déléguée syndicale de son hypermarché, qui se bat contre une direction qui vient d’annoncer la fermeture de 227 magasins avec 2 000 emplois menacés.

Tout a été pourtant fait pour que le risque de la récupération qui avait un peu gâché le 5 mai la Fête à Macron soit contenu au maximum. « Il y a eu beaucoup d’initiatives unilatérales, commente Willy Pelletier, responsable de la Fondation Copernic, en charge, avec Attac, de coordonner le dispositif unitaire. Celle-ci n’est ni unilatérale ni, comme certains médias le laissent penser, bilatérale (entre la CGT et la France insoumise – NDLR). C’est une initiative multilatérale, où des forces très diverses dans leur champ d’intervention se mettent en commun. Personne ne va monopoliser ce cadre. » Du côté des militants politiques, on s’emploie à convaincre les sceptiques. Syndicats, partis, associations, « l’objectif est le même pour tous : obtenir la satisfaction des besoins sociaux », plaide Nicolas, de la FI, tract en main à la sortie du métro Crimée. Le militant parisien espère « un front unique, populaire, pour dire aux gens qu’ils ne sont pas seuls ». Dans l’arrondissement où il milite, le concept est décliné. Un « collectif de lutte » s’est monté en vue du 5 mai et a perduré pour le 26. Sergio Tinti, élu local du PCF, va plus loin : « L’essentiel, samedi, c’est de créer une dynamique. Il faut que chaque citoyen se rende compte que son pouvoir ne se résume pas au vote. Contre la politique antisociale, chacun a quelque chose à faire. »

« Le premier pas vers une unité »

Étudiant en histoire à Nanterre et militant à l’Unef qui se bat depuis des semaines contre la loi ORE (orientation et réussite des étudiants) ou de son avatar et principal instrument, la plateforme Parcoursup, Barthélémy Piron fait partie de ceux qui jugent « positif que les associations, les syndicats, les partis politiques se retrouvent dans la rue, tous ensemble. C’est juste dommage qu’il n’y ait pas un appel à la grève en même temps, car il y a aussi des salariés qui travaillent le samedi, et là ils ne pourront pas venir ». À cette réserve près, il voit cette marée populaire comme un point de départ, « le premier pas d’une unité qui se construit, un signal pour qu’on arrête de lutter chacun dans notre coin. On ne gagnera pas contre Macron juste avec ça, mais on peut montrer que la colère sociale existe et qu’elle s’exprime ». 

Des manifestations prévues dans toute la france

Samedi, des rassemblements festifs et des manifestations auront lieu dans toute la France. Cela commencera dès 10 heures à Bayonne, place de la Mairie ; à Perpignan, devant la gare, et à Orléans, devant la préfecture, comme à la bourse du travail de Narbonne. À 10 h 30, le cortège d’Avignon partira de la gare centrale et celui de Montpellier se rassemblera place du Peyrou. À Lyon, les organisateurs de la Marée populaire ont choisi d’inviter à un grand rassemblement festif et revendicatif à partir de 11 heures sur les berges du Rhône, au niveau du pont de la Guillotière, dans le souci de ne pas faire concurrence à la manifestation antifasciste, prévue de longue date, qui partira à 14 h 30 de la place des Terreaux. De nombreux rassemblements auront lieu également en début d’après-midi. Les Marseillais se retrouveront à partir de 14 heures à l’angle du Vieux-Port et de la Canebière. Même heure à Toulouse, place Jeanne-d’Arc ; à Rennes, devant la poste au 66, mail François-Mitterrand ; à Strasbourg, place Kléber ; à Nancy, place Dombasle, ou encore à Bordeaux, place Pey-Berland. À Paris, le cortège partira de gare de l’Est à 14 h 30, passera par République et ira jusqu’à Bastille. Les rassemblements à Nice et à Metz auront lieu devant à la gare et, à Lille, sur la place de Paris, à 14 h 30 également. Plus sur mareepopulaire.fr/

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