photo Ouest-FranceGabriel André, 45 ans, est à la tête du conflit contre la réforme de la SNCF voulue par le gouvernement.
Ce vendredi, c'est le 19e jour du conflit entre les cheminots et le gouvernement. À Quimper, le mouvement est porté par Gabriel André. Un homme réservé, finalement devenu fer de lance.
C'est l'histoire d'un mec qui s'auto-qualifie de « timide », « sans âme de leader » et dépourvu de « talents d'orateur ». L'histoire d'un quadragénaire qui dit n'avoir jamais « levé le doigt pour arriver à son poste » mais qui a fini par devenir, en 2010, secrétaire de la CGT des cheminots quimpérois. Autrement dit à la tête du syndicat le plus représenté au dépôt SNCF de la préfecture finistérienne avec 79 syndiqués sur environ 120 cheminots.
« Se bagarrer » pour ses droits
Dire que Gabriel André, 45ans, est parvenu à son poste par défaut ou par chance serait exagéré et lui faire offense. « Comme je le dis toujours, ma place est à prendre », reprend-il, sourire timoré aux lèvres.
Comment s'est-il retrouvé là alors? Peut-être grâce à ses idées. « Dès mon entrée à la SNCF, en 1998, j'étais jeune et j'avais conscience qu'il allait falloir se « bagarrer » pour garder nos droits. Voire pour en gagner d'autres. » Sa volonté et sa force de conviction, même enfouie derrière ses airs timides, le font vite « monter » dans la hiérarchie de la CGT quimpéroise. D'abord à l'union locale. Puis à la tête de la branche du syndicat consacrée aux cheminots.
S'il n'a pas l'image bougonnante d'un Philippe Martinez, le réservé Gabriel André peut toutefois se targuer d'avoir une qualité nécessaire pour assurer à la tête du syndicat : « Je crois avoir une certaine force de travail. Je ne compte pas mes heures. »
Depuis un mois et demi, le natif de Lorient (Morbihan) est à la tête de la contestation cheminote à l'échelle quimpéroise contre le gouvernement et son projet de réforme de la SNCF. « En ce moment, je n'ai pas vraiment de planning. L'agenda est chargé entre les grèves, le militantisme sur les jours de repos... et le travail. »
Car oui: être secrétaire CGT cheminots ne l'exempte pas de toute activité professionnelle. Quand il n'est pas en grève, comme c'est le cas deux jours sur cinq depuis début avril, « Gabi », comme il est surnommé, est aux manettes de TGV qu'il conduit jusqu'à Paris, ou de TER circulant sur les rails de Bretagne. « Il faut bien gagner un peu d'argent pour faire vivre ses proches. »
« Ma liberté a un coût »
Une vie de famille mise à mal ces temps-ci pour l'homme marié et père de deux enfants. « Forcément, c'est compliqué. Outre mon emploi du temps chargé, il y a mon salaire qui a fondu de moitié avec la grève. » Et si certains de ses collègues de lutte reprennent épisodiquement le travail pour subvenir aux fins de mois, Gabriel André, lui, ne loupe pas un jour de conflit. « Si je manifeste, c'est pour acheter ma liberté. Et elle a un coût ! » Et tant pis s'il faut se serrer la ceinture.
Ce vendredi matin débute le 19ejour de grève. « On n'est pas encore fatigué, même si c'est dur, précise le syndicaliste. On a l'impression que le gouvernement mise sur le pourrissement du conflit. Il se trompe: plus ça avance, plus on sent le soutien de la population. Plus ça va, plus on nous demande de tenir bon. Ça nous encourage. »
Des propos qui seront rapportés aux grévistes de la SNCF, réunis ce matin devant la gare de Quimper en assemblée générale. Au micro pour prêcher sa bonne parole, Gabriel André. Lui, le timide, devenu finalement fer de lance du mouvement cheminot quimpérois.
Ce vendredi, c'est le 19e jour du conflit entre les cheminots et le gouvernement. À Quimper, le mouvement est porté par Gabriel André. | Ouest-France
Gabriel André est venu témoigner à Carhaix à l'occasion de la venue du député européen PCF - Front de Gauche Patrick Le Hyaric avec Yvon Coat et Anne-Véronique Roudaut, secrétaire de l'UD CGT, du mouvement des Cheminots, de l'ampleur de la casse de la SNCF voulue par Macron et son gouvernement de droite ultra-libérale, du courage des cheminots investis dans la grève pour la défense d'une certaine idée du service public, conscients que cette étape est décisive pour notre capacité ou non à faire échec au projet de transformation profonde de notre société de Macron, dans le sens des intérêts du capitalisme financier.
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