La bêtise de Christine Clerc n'est pas insondable, elle est limpide, elle saute aux yeux.
Clerc comme de l'eau de roche...
Dans son petit monde permanenté, de mamies à toutou, un spectre hante les beaux quartiers: le rouge, le syndicaliste furibard, le communiste au couteau entre les dents.
Tous les samedi, Madame Clerc, ancienne de "L'express", du "Point", de "Elle"', de "Valeurs actuelles", qui a fait sa scolarité chez les Dominicaines du Havre avant de faire Sciences Po, nous fait la messe.
Non, ma fille, tu n'épouseras pas un communiste: ils puent, ils sont dangereux, malpolis, et ils troublent le sommeil des bourgeois.
Oh, rassurez-vous, elle n'est pas seule au "Télégramme de Brest", qui retrouve dans ses pages nationales les belles couleurs pétainistes qu'il avait aux temps de l'occupation, à qualifier les rouges de terroristes, de preneurs d'otage, d'empêcheurs de "Travail, famille, patrie" en rond: Hubert Coudurier et Henry Lauret, Anna Cabana font le job, avec avec peut-être moins de délicieuse bonne conscience de bourgeoise versaillaise envoyant les pétroleuses au bagne ou au poteau que mamie Clerc, qui a 76 ans pourrait raccrocher avec l'analyse politique, ce ne serait pas une perte irréparable pour le journalisme.
C'est vrai qu'il y a sans doute pire que "Le Télégramme de Brest" dans la presse régionale.
Il y a plus indigent, plus décalqué des dépêches AFP, plus propre à alimenter le vote FN.
Ce journal a encore un traitement sérieux de l'actualité locale, l'actualité régionale étant malheureusement sous la coupe des lobbies du patronat et de la FNSEA, de l'institut de Locarn et des petits amis d'Hubert Coudurier: un journal où l'on laisse à un des banquiers les mieux payés de France, Jean-Pierre Denis, le patron du Crédit Mutuel Arkéa (1,6 millions d'euros par an), le soin, non seulement de rédiger les pages économiques sur la crise au Crédit Mutuel, en empêchant que s'exprime toute voix divergente, mais aussi celui de commenter en mode hagiographique le discours de Macron sur le lien abîmé entre l'Eglise et l'Etat.
Nous avons envoyé deux rappels pour un droit de réponse au brûlot de Thierry Wolton et Christine Clerc associant dans un lien de filiation les deux figures du mal absolu de l'éditorialiste et de l'essayiste révisionniste* de droite, Thierry Wolton: le communisme et l'islamisme.
Voir le Chiffon Rouge, car vous n'aurez pas pu lire cette tribune en forme de droit de réponse dans le "Télégramme".
Ils calomnient, ils insultent, ils falsifient la vérité, mais il est hors de question de donner la parole à l'adversaire.
Le communisme a fait le lit de l'islamisme - quand le Télégramme relaie l'hystérie anti-communiste de Monsieur Thierry Wolton (12 avril 2018)
Deux jours après, Christine Clerc récidive avec un édito au titre charmant "Dany, réveille-toi!". Christine Clerc crédite Daniel Cohn-Bendit, l'ancien gauchiste, d'une certaine continuité dans sa mutation libérale qui le pousse à soutenir aujourd'hui Emmanuel Macron, la haine des "crapules staliniennes".
Je veux donner la parole à Christine, c'est savoureux, et le militant communiste apprend qu'il a décidément beaucoup d'amis, tous ceux qui résistent aux politiques capitalistes, de dérégulation:
"Seulement, on l'a oublié: tout autant qu'au pouvoir gaulliste, Dany s'attaquait à ce qu'il appelait les "crapules staliniennes". Celles-ci auraient-elles disparu? A la SNCF, où la CGT joue sa dernière carte (Ben voyons, le premier syndicat de France, le seul qui permet de tenir la dragée haute aux politiques de droite des gouvernements UMP, socialistes, macronistes, serait aux bords de l'agonie...), comme à Tolbiac où des militants veulent, par la violence, "se réapproprier la fac et les moyen,s de production de l'éducation", on dirait qu'elles cherchent à nouveau à imposer leur loi. On attend un nouveau Dany pour leur répliquer d'une voix forte".
Un Dany du côté des patrons et des CRS, mais qui aurait 18 ans plutôt que l'âge de Christine Clerc. Une pop star étudiante de droite, en somme... Et bien, cherche bien Christine...
Aujourd'hui, 21 avril 2018, Christine aurait pu écrire sur le triste anniversaire des 16 ans de la première accession du FN au second tour des Présidentielles, 57 ans après la chute du régime de Vichy, qui coïncide avec une manifestation néo-nazie autorisée par l'Etat à Scrignac, un haut lieu de la Résistance (1943-1944).
Mais notre grande prêcheuse des beaux quartiers a d'autres priorités. L'ennemi, cela reste la CGT et les communistes, auteurs de "dénis de démocratie", contrairement à Macron qui gouverne par ordonnances, muselle le Parlement, et élu par 17% des français au premier tour, impose une politique ultra-libérale rejetée par une majorité de la population.
Où l'on apprend, c'est savoureux, que les cocos ont eu aussi leurs milliardaires, décidés à bloquer le pays contrairement à ceux, bien plus philanthropes, que fréquente Christine Clerc.
"Avec 10% d'encartés à la SNCF et EDF" se vantait le "milliardaire communiste" Jean-Baptiste Doumeng, "je bloque le pays"! C'était dans les années Mitterrand, quand le président socialiste semblait pourtant avoir réussi son pari: "Plumer la volaille communiste". Un tel cynisme semble se perpétuer au terme de la première année de Macron".
Le cynisme de Mitterrand, le cynisme de Macron? Pensez-vous, non ! Le cynisme des grévistes, des gens qui font exprès de perdre leurs journées de salaire ou d'études pour troubler les nuits de notre bon président des riches.
"... des minorités prétendent, à la SNCF et dans les universités, comme à la Zad de Nantes, imposer leur loi. Engagée dans un ultime et féroce combat pour conserver son pouvoir (et son financement) dans ses bastions traditionnels, la CGT n'hésite pas à prendre en otage les usagers, dont beaucoup, travailleurs indépendants ou salariés des petites entreprises, sont loin de bénéficier des salaires et avantages sociaux des employés de la SNCF ou d'Air France".
Tous les poncifs de la propagande patronale y sont: les grévistes de la CGT, des privilégiés, des fainéants qui empêchent les vrais travailleurs de bosser, des enragés qui prennent le pays en otage.
C'est rigolo, en même temps que des plumitifs comme Christine Clerc prétendent effacer la lutte des classes, ils ont tellement de zèle pour chercher à déconsidérer les défenseurs de la classe ouvrière qu'ils ressuscitent malgré eux cette lutte des classes et en révèlent de manière éclatante la vigueur, et la haine profonde que les possédants ont des communistes, des syndicalistes, et de tous ceux qui résistent à la dictature du capital.
"Comme en mai 1968, et bien que le rapport de force se soit inversé depuis au sein de la gauche, on assiste, en outre, à une surenchère entre les héritiers de l'ancienne puissance communiste-cégétiste et les gauchistes de Sud Rail ou les étudiants de Tolbiac, baptisés non plus "Les enragés" comme au temps de "Dany le rouge" (Daniel Cohn-Bendit) à Nanterre, mais "Les Bloqueurs".
"La majorité silencieuse (tiens, les concepts du FN...) va t-elle comme un certain 30 mai 68 de manifestation gaulliste sur les Champs-Elysée protester que les élections présidentielle et législatives de 2017 ont fait d'elle une majorité incontestable? Ou bien, inquiète des conséquences de la mondialisation et de l'ouverture à la concurrence, va t-elle freiner Macron dans son élan réformateur?"
"Freiner Macron dans son élan réformateur?"...
Où l'on voit que les plus furieux partisans du pouvoir absolu de la bourgeoisie ont trouvé leur maître et serviteur.
Ismaël Dupont
* Dans "Le Grand recrutement" (1993), Thierry Wolton, dont le grand combat est la lutte contre le communisme, a fait de Jean Moulin un agent de l'URSS: Pierre Vidal-Naquet et François Bédarida ont démontré l'imposture révisionniste et idéologique de ce pseudo-historien.
commenter cet article …