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10 mars 2018 6 10 /03 /mars /2018 07:40
LETTRE DES RELATIONS INTERNATIONALES - SPÉCIAL MIGRANTS - MARS 2018 #4 MIGRANTS LIBERTÉ ÉGALITÉ FRATERNITÉ

LETTRE DES RELATIONS INTERNATIONALES - SPÉCIAL MIGRANTS - MARS 2018 #4 MIGRANTS LIBERTÉ ÉGALITÉ FRATERNITÉ

LOI « ASILE-IMMIGRATION » : LE PARTI COMMUNISTE, FORCE DE PROPOSITIONS

Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, continue d’afficher sa fermeté et persiste à parler d’obligation de « tri » des migrants, entre d’un côté les migrants économiques et de l’autre les migrants politiques. Mais qu’en est-il de sa majorité ?

Face au projet de loi « asile et immigration » du gouvernement présenté le 21 février dernier au Conseil des ministres, quelques voix discordantes de députés se font déjà entendre.

Ils cherchent à comprendre les phénomènes d’immigration, ne souhaitent pas suivre sans rien dire, et ne veulent pas être utilisés.

Ainsi, le 13 février dernier, des députés LREM sont allés visiter des centres de rétention administrative et auraient entendu, disent-ils, des paroles « surprenantes » de la part de migrants en phase d’éloignement.

Eh oui, ils n’avaient auparavant jamais parlé à un migrant qui fuit la misère ou la violence, sous toutes ses formes. Ils se sont rendu compte que, dans ces centres de rétention, certains travaillaient depuis parfois très longtemps.

La députée LREM des Alpes-Maritimes, Alexandra Valetta-Ardisson, présidente de la commission parlementaire sur l’accueil des migrants, a accepté ma demande de rencontre pour débattre avec le Parti communiste français sur ce sujet. Des personnalités s’élèvent contre les discours délirants d’invasion, de crise migratoire…

De plus en plus d’élus locaux expliquent que l’accueil des migrants se fait tranquillement quand on use de pédagogie et que la solidarité est bien plus forte que la haine. Mais l’Etat doit maintenant donner des moyens aux collectivités territoriales.

Même Jacques Attali y est allé de sa petite phrase dans la presse, disant que la politique d’accueil des exilés en France ne peut pas se résumer à voir des policiers courir après des adolescents dans les rues.

Le 13 février, Christiane Taubira, l’ancienne ministre de la Justice est sortie de son silence : « (…) C’est insensé. La juxtaposition des mots “fermeté et humanité” n’a pas de sens. Nous sommes dans une période de circulation humaine, il est donc complètement absurde de vouloir endiguer cette circulation humaine juste pour satisfaire une partie de l’opinion publique. Il faut penser le monde et notre rapport avec ces circulations humaines parce qu’elles vont s’intensifier, tout bêtement. »

Le 3 février, lors des états généraux du progrès social organisés par le Parti communiste français, Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité, a fait des propositions très claires au sujet de l’accueil des migrants.

Vers un manifeste du PCF

Au sein du collectif « politiques migratoires » du Parti communiste français, nous avons de plus en plus de contacts avec des militants communistes au cœur du travail de solidarité partout en France. Ils veulent participer à l’aboutissement du « manifeste pour l’accueil digne des migrants et une autre politique d’immigration » sur lequel le collectif travaille. Ce document a pour objectif d’informer, de proposer et de permettre à toutes celles et à tous ceux qui militent pour un monde plus juste, plus ouvert, plus solidaire, un monde où la liberté de circulation et d’installation doit être une perspective atteignable, d’avoir des arguments pour débattre, pour convaincre et pour rendre inaudible le discours de peur, d’enfermement, de cloisonnement que veulent nous asséner le gouvernement Macron, la droite et l’extrême droite. Sa parution est prévue début avril en plein débat parlementaire sur la loi « asile-immigration ». Notre parti s’est emparé du sujet et, après de multiples rencontres et réunions, il fera des propositions. Par ailleurs, Pierre Laurent et une délégation du PCF ont participé à la convention nationale sur l’accueil et les migrations organisée à Grande-Synthe début mars.

Dès maintenant, dans les fédérations, prévoyons des débats publics, des conférences de presse pour populariser ce manifeste qui ne laissera pas les militants de la solidarité sans solution politique. Imposons le débat de la vérité, du droit et de la fraternité contre la peur, les murs et l’isolement. Voici un bel objectif et une sacrée responsabilité pour le Parti communiste français !

Cécile Dumas, secrétaire départementale des AlpesMaritimes, et membre du comité exécutif national

Cécile Dumas (photo L'Humanité)

Cécile Dumas (photo L'Humanité)

Que contient la loi « asile- immigration » ?

Les réactions hostiles au projet de loi « asile-immigration » se multiplient. On trouve parmi elles les associations d’aide aux migrants, les syndicats, les personnels de l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides) et de la CNDA (Cour nationale du droit d’asile), des artistes, des intellectuels dont les appels à retirer cette loi se multiplient. Pour sa part, dès l’annonce de cette loi et des objectifs annoncés, le Parti communiste français a condamné ce projet injuste, dangereux, alimentant les courants xénophobes et contraire en bien des points aux traités internationaux et européens sur les droits des migrants.

En effet, ce projet de loi réduit les possibilités de demande d’asile, raccourcit les délais de recours, renforce les contrôles de manière à réduire le nombre de réfugiés et à augmenter le nombre d’expulsés.

Il multiplie les obstacles dans le parcours du combattant des demandeurs d’asile, souvent livrés à eux-mêmes, en diminuant le temps pour l’examen de leur situation et les possibilités de recours s’en trouvent encore ré- duites. Par contre, le projet doublera la durée maximale de séjour en rétention dans la perspective de l’expulsion.

Ainsi, le gouvernement veut diviser par deux le temps pour la mise en œuvre des droits à l’asile, mais c’est deux fois plus pour la rétention en vue de l’expulsion. À ces mesures régressives s’ajoutent les dispositions pour celles et ceux qui tombent sous le coup des règlements de Dublin, soit la grande majorité, qui interdirait aux déboutés du droit d’asile toute demande dans un autre pays. Ils seront ainsi renvoyés dans le pays de première arrivée où ils ont laissé leurs empreintes, les empêchant de demander l’asile en France ou dans le pays de leur choix.

La Grèce et l’Italie, premiers pays d’arrivée, vont ainsi avoir la charge de reprendre ces migrants. De plus, ces derniers, dits « dublinés », seraient placés en rétention pour être expulsés. L’instrumentalisation des migrants dans le seul intérêt des politiques libérales

À cette logique répressive s’ajoute, pour le gouvernement, la volonté d’opposer, devant l’opinion publique, les « bons » et les « mauvais » migrants, de stigmatiser et de criminaliser ceux qui fuient conflits, persécutions et pauvreté. Les chiffres du ministère de l’Intérieur attestent pourtant qu’il n’y a aucune pression migratoire qui justifierait ces mesures. Cette « menace » est montée de toutes pièces pour rassurer une partie de l’opinion inquiète, désorientée, après des années de campagne de la droite et de l’extrême droite contre les migrants, devenus des boucs émissaires depuis Sarkozy, Hollande et Macron. Cette instrumentalisation des migrants vise à faire accepter leur politique libé- rale et masquer leurs responsabilités.

La France vaut mieux que ça. C’est comme cela qu’on brade valeurs, principes, droits de l’homme et humanité. Cette loi est indigne et doit être refusée.

Patrick Margaté, membre de la commission des relations internationales du PCF, chargé des questions migratoires

Accueil des migrants : l’hébergement au cœur des préoccupations - par Christine Prunaud, sénatrice communiste des Côtes d'Armor

Dans notre département des Côtes d’Armor, le problème le plus urgent à régler, c’est celui de l’hébergement.

Que les migrants attendent de déposer leur demande l’asile, qu’ils soient en cours de procédure ou bientôt dans l’obligation de quitter le territoire français (OQTF), ils sont tous confrontés au manque d’hébergement dans notre département.

Toutes les associations que nous avons rencontrées sont unanimes à ce sujet.

En effet, il manque des places dans les centres d’accueil pour demandeurs d’asile ainsi que des hébergements d’urgence.

Le 115 est débordé, bloqué.

Les associations, les bailleurs sociaux et les communes sont démunis face à la demande.

Les listes d’attente pour les logements sociaux sont interminables, le nombre de logements est insuffisant et conditionné à un minimum de ressources que les demandeurs d’asile n’ont pas. Les communes n’ont pas ou peu de logements vacants qui pourraient être dédiés aux logements d’urgence et les associations manquent de moyens.

Malgré les soixante familles bénévoles qui accueillent à ce jour sur la région de Saint-Brieuc et Lamballe, cette pénurie évidente d’hébergements rend encore plus difficile le parcours du combattant de ces migrants. Une autre politique pour un accueil décent Le gouvernement doit revoir sa politique : repenser les aides à la rénovation pour réhabiliter les logements vacants, supprimer la baisse des APL, augmenter les quotas actuels de logements sociaux imposés aux bailleurs (ces chiffres restent inchangés depuis quinze ans malgré les évolutions des besoins en la matière), augmenter les dotations aux collectivités et attribuer des moyens supplémentaires aux associations qui œuvrent dans ce domaine.

Développer un partenariat avec le parc privé dans ce contexte est également un recours possible. Les moyens alloués aux diverses associations concernées sont trop faibles.

Ces bénévoles ont besoin de fonds, de locaux corrects pour accueillir les familles, mais aussi de reconnaissance des services de l’Etat. Leur apport matériel et humain avant, pendant la demande d’asile, et au lendemain des refus, dans l’attente de l’OQTF, est indispensable pour assurer un minimum décent dans l’accompagnement des familles. Le projet de loi « asile et immigration » sera bientôt débattu au sein de nos assemblées. Nous connaissons les nouvelles dispositions toujours plus dures qui seront prises à l’encontre des migrants ; elles rendront encore plus difficile leur venue en France et, à l’inverse, faciliteront les départs et les expulsions. Les associations s’inquiètent.

Le futur plan propose 7 500 nouvelles places d’hébergement en 2018-2019 et 5 000 pour l’accueil des réfugiés en centres provisoires. C’est largement insuffisant.

D’autant plus que cette question de l’hébergement doit être inscrite dans un projet plus global. Pour accueillir dignement ces personnes, la santé et l’éducation doivent être aussi au centre des préoccupations et pourtant force est de constater qu’elles ne sont pas au cœur du projet de loi.

Christine Prunaud, sénatrice des Côtes-d’Armor

Christine Prunaud, sénatrice communiste des Côtes d'Armor

Christine Prunaud, sénatrice communiste des Côtes d'Armor

ECHOS D’AFRIQUE

Face aux idées reçues

Depuis 2015, l’Afrique subsaharienne compte plus d’un milliard d’habitants.

Elle a la croissance démographique la plus rapide du monde (+ 2,7%) et la population la plus jeune (43% de la population a moins de 15 ans).

Selon les projections de l’Organisation des nations unies (ONU) basées sur le scénario de fécondité moyenne, la population d’Afrique, qui s’élevait à un peu plus de 800 millions en 2010, devrait plus que quadrupler en 2 100, pour atteindre 3,7 milliards. Le poids de la région dans la population mondiale passera de moins de 12 % à environ 35 %. Plus frappant encore, l’Afrique sera à l’origine de pratiquement 100 % de la hausse de 2 milliards du nombre d’actifs dans le monde prévue durant cette période, sa part de la population active mondiale grimpant d’environ 10 % à 37 % en 2100. L’Afrique sera la principale locomotive de la démographie mondiale au cours de ce XXIe siècle. Alors que le reste du monde vieillit, l’Afrique subsaharienne deviendra le principal moteur de croissance pour la population active mondiale.

Cette croissance démographique peut être considérée comme une chance puisque elle est synonyme de jeunesse, de dynamisme, d’urbanisation accélérée. Il s’en faut de peu pour qu’elle soit source de périls si le décollage économique ne parvient pas à réduire la pauvreté en permettant aux 12 à 15 millions de jeunes qui arriveront chaque année sur le marché du travail d’avoir un emploi décent. Chaque pays africain a besoin d’imaginer un développement inclusif fondé sur des coopérations régionales et sur l’égalité de chacune et de chacun de ses habitants. De nombreux changements sont en cours ; mais ils se font à des rythmes variables selon les pays, les régions et les milieux d’habitat. Parmi les grandes tendances, nous observons une baisse de la fécondité pour l’ensemble de l’Afrique depuis plusieurs décennies, avec un déclin rapide dans quelques pays mais aussi une stagnation dans une quinzaine d’autres. En 2016, le taux de fécondité en Afrique est estimé à 4,7 enfants par femme, contre une moyenne mondiale de 2,5. Le record mondial appartient au Niger avec 7,6 enfants par femme en 2012. Avec 50 % de la population âgée de moins de 15 ans, le Niger est le pays le plus jeune du monde.

La question migratoire

Depuis les années 1990, qui ont vu la montée en puissance de la rhétorique xénophobe des forces d’extrême droite dans le débat public des pays occidentaux, les migrations mondiales ont pris une importance telle qu’elles constituent un enjeu de premier ordre dans les relations internationales. Pourtant, en proportion de la population mondiale en augmentation, nous avons moins de migrants. Selon les statistiques de l’OCDE, nous sommes passés, en un siècle, de 5 % à 3 % de la population mondiale en situation de migration.

La place de l’Afrique dans les migrations internationales

En Afrique comme ailleurs, les migrations s’effectuent avant tout dans l’espace régional. En 2015, 52 % des migrants africains se trouvaient en Afrique, l’Europe n’en recevant que 16,6 %. L’Afrique est donc moins concernée par les migrations internationales que d’autres continents. Elle n’accueille que 8,5 % des 244 millions de migrants du monde, loin derrière l’Europe (31,15 %), l’Asie (30,75 %) et l’Amérique du Nord (22,1 %).

Trente-quatre millions d’Africains sont en situation de migration internationale, alors que 104 millions d’Asiatiques, 62 millions d’Européens et 37 millions de Latino-Américains résident hors de leur pays d’origine. En revanche, les Africains sont plus représentés dans les déplacements forcés. Un tiers des réfugiés sous mandat du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) étaient ressortissants d’un pays africain en 2014, soit 4,62 millions de personnes. Certaines nationalités comptent parmi les populations réfugiées les plus importantes du monde, notamment les Somaliens (1,1 million) et les Soudanais (665 000).

Plus encore que d’autres types de migrations internationales, l’asile est avant tout un phénomène régional, les réfugiés ne pouvant le plus souvent pas mobiliser le temps et les ressources nécessaires pour entreprendre un voyage lointain.

En réalité, les Africains migrent peu en dehors de l’Afrique.

Neuf réfugiés subsahariens sur dix restent sur le continent et s’installent dans un pays voisin du leur. Presque à égalité avec l’Asie, l’Afrique subsaharienne est le continent où la propension à émigrer vers les pays de l’OCDE est, de loin, la plus faible du monde (moins d’une personne née en Afrique subsaharienne sur 100 vit dans un pays de l’OCDE). Les Africains migrent principalement en Afrique On l’a dit, les Africains migrent d’abord en Afrique. Les raisons sont multiples et souvent conjuguées pour mettre en adéquation leur niveau de formation et leurs revenus mais aussi pour le pire, avec l’existence de la moitié des camps de réfugiés dans le monde. Les deux principales destinations sont la Côte d’Ivoire en Afrique de l’Ouest et l’Afrique du Sud en Afrique australe. Les gros flux de migrants partent du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso en Afrique de l’Ouest et du Mozambique, de l’Angola et du Lesotho en Afrique australe. D’autres sont autant des pays d’émigration que d’immigration : le Sénégal, le Nigeria, le Ghana. Les principaux corridors migratoires sont ceux qui relient le Burkina à la Côte d’Ivoire, le Zimbabwe à l’Afrique du Sud, le Kenya et l’Ouganda, l’Érythrée et le Soudan, le Lesotho à l’Afrique du Sud.

La France et l’Europe n’accueillent pas la « misère du monde »

Il n’est pas conforme à la réalité de dire que la France et l’Europe accueillent la « misère du monde » à travers la figure de l’immigré africain. Ceux qui arrivent à passer les diverses barrières – plusieurs milliers de migrants sont morts ces quinze dernières années en tentant de rejoindre les côtes européennes – que la France et l’Europe ont érigées sont rarement au plus bas de l’échelle sociale dans leurs pays d’origine. Il s’agit souvent de gens instruits, dotés d’un capital social et surtout de ressources pour se payer le voyage et les frais d’installation. Rappelons qu’il existe aussi une migration de retour dans les pays du continent africain.

L’immigration africaine en France et en Europe

Les immigrés originaires d’Afrique subsaharienne n’étaient que 20 000 en France au moment du recensement de 1962, et 570 000 en 2004, soit une multiplication par 27 en un peu plus de quarante ans. L’augmentation est certes importante, mais on partait de très bas, si bien qu’en 2004 les Subsahariens ne représentaient qu’un peu plus d’un dixième de l’ensemble des immigrés en France (12 %). La prise en compte des migrants irréguliers ne modifie pas ce constat : les inclure fait, au maximum, passer la part des Subsahariens de 9 % à 11 % de l’ensemble de la population immigrée en France. Par ailleurs, minoritaires en France, les Subsahariens le sont aussi dans les autres grands pays d’immigration. En 2000, ils forment seulement 4 % des immigrés installés dans les pays de l’OCDE. Et même dans les nouvelles destinations européennes que sont l’Espagne ou l’Italie, ils représentent moins de 10 % de la population immigrée, irréguliers compris (4 % en Espagne et 8 % en Italie en 2006).

Collectif Afrique du PCF

 

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