Une cellule de crise a été ouverte, lundi matin, au centre hospitalier des pays de Morlaix. En cause, un manque de lits qui entraîne une saturation aux urgences où, avec le pic épidémiologique, les patients s'accumulent. Une dizaine d'entre eux ont même été contraints de rester dormir dans le service, dimanche. Alors que les agents se disent exténués, les syndicats dénoncent le manque d'anticipation et de réactivité de la direction.
« Tous ces malades agglutinés et ces brancards partout, on n'a jamais vu ça à l'hôpital. C'est l'horreur ! ». Venus constater la situation aux urgences, lundi matin, les représentants des trois syndicats (CFDT, CGT et Sud) du centre hospitalier des pays de Morlaix (CHPM) en sont ressortis très inquiets. « Il y avait 35 patients dans le service ! Des grippés, des gastro, de tout... », raconte Francis Landouar, représentant du personnel de Sud, en précisant que cet engorgement date du milieu de semaine dernière.
« Situation critique »
En plus du pic épidémiologique, c'est surtout la pénurie de lits qui est à l'origine de ces bouchons. « Il y a un manque cruel d'hébergement. Ça sature de partout », déplore le syndicaliste, en regrettant « les différentes fermetures de lits dans certains services, ces dernières années ». « On est face à une situation critique. En tout cas, bien plus compliquée que ce qu'en dit la directrice (lire ci-dessous) », embraye Stéphanie Primel, la secrétaire CFDT du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail. Ce qui a, d'ailleurs, conduit les membres du CHSCT à signer « une déclaration de danger grave et imminent », dimanche matin.
« 45 heures aux urgences ! »
« Il y a des gens dans l'unité d'hospitalisation de courte durée (UHCD) depuis mercredi. Un autre a passé 45 heures aux urgences. Et puis certains ont dormi dans le service. Certes, pas sur des brancards, mais dans les couloirs, car les box sont réservés aux arrivants », énumèrent les syndicalistes, inquiets des conditions d'hygiène que cela implique.
Et ce, alors que la présence d'une bactérie, hautement résistante, dans certains services complique la donne pour les personnels et réduit les possibilités d'hébergement d'un établissement qui compte 429 lits, au sein de l'hôpital général.
« Du bricolage »
« Rien n'a été anticipé et ça manque de réactivité », pointent les représentants du personnel, qui parlent de « bricolage » et de « pansements », en évoquant les mesures prises par la direction, qui a ouvert une cellule de crise, lundi matin. « Quelques chambres du service d'oncologie vont être doublées, deux à trois patients ont été orientés en maternité et l'unité médicale ambulatoire (UMA) va être transformée en unité d'hospitalisation, avec six lits, ce qui va entraîner la déprogrammation des patients prévus », énoncent-ils. « C'est insuffisant. Il faut une solution d'urgence », martèle Stéphanie Primel. Tandis que Francis Landouar réclame « l'ouverture d'une unité temporaire afin de désengorger les urgences ». « Des services sont vides, en soins de suite et de réadaptation notamment, mais aussi en psychiatrie si besoin ».
« Les agents sont à bout »
Et puis, autre conséquence de cet engorgement, lié à l'afflux de patients, l'état des agents. « Les personnels des urgences sont exténués. Ils sont à bout, soumis à une charge de travail très importante, avec tous les risques que cela comporte », font savoir les syndicats, alors que la direction a apporté des renforts en personnel : une aide-soignante et un cadre supplémentaire dimanche, une infirmière et une aide-soignante en plus lundi. « Là encore, ça ne suffit pas », estiment les représentants du personnel, qui demandent une réunion avec les membres du CHSCT. « Il faut, insistent-ils, qu'elle ait lieu en toute urgence ».