
Comme un train peut en cacher un autre, tout le cinéma gouvernemental et médiatique fait autour du déficit de la SNCF et du statut des cheminots dissimule une réalité : la SNCF est assise sur un véritable trésor avec toutes les données numériques qu’elle a sur ses usagers et qu’elle aura demain avec les trains connectés.

Les Google, Facebook et autres plateformes numériques propriétaires rêvent de s’emparer de ce trésor. Ils peuvent malheureusement compter sur l’appui du gouvernement et de sa majorité parlementaire vérolée de conflits d’intérêts en leur faveur. Cet enjeu majeur de la souveraineté populaire, sur les données numériques personnelles ou publiques, sera au cœur des débats lors des États généraux de la révolution numérique organisés par notre parti, les 9 et 10 mars à l’Espace Niemeyer
La question de la SNCF constitue un cas d’école où la communication, pour ne pas dire la propagande totalitaire, remplace le débat public démocratique et contradictoire. Il ne s’agit pas de résoudre les vrais problèmes auxquels les françaises et les français sont confrontés, mais au contraire de les nier, les dissimuler pour, en fin de compte, les aggraver.
On part d’un constat réel : les dysfonctionnements lourds des «trains du quotidien» et l’existence d’un déficit. On se garde bien d’exposer et d’analyser les causes objectives de cette situation, mais on désigne immédiatement à la vindicte publique un coupable totalement étranger aux problèmes: le statut des cheminots. On attise artificiellement la détestation du cheminot dans des mises en scène dignes des rituelles « deux minutes de la haine » du 1984 d’Orwell. Et on conclut hors de toute rationalité que l’ouverture à la concurrence dont les successifs gouvernements français partagent la responsabilité avec la Commission européenne, est la solution à tous les problèmes et que de toute manière elle impose la fin du statut des cheminots. CQFD avec une logique digne des Shadocks.
Or nous, les communistes contrairement au fumeux rapport Spinetta, nous entendons qu’un travail sérieux d’analyse de la situation du transport ferroviaire dans notre pays soit fait à partir de l’expertise citoyenne des organisations syndicales de cheminots, des comités d’usagers et des élu-e-s, mais avec comme objectif prioritaire de satisfaire sur tout le territoire national aux besoins quotidiens de mobilité de nos concitoyens, dans un cadre de respect de l’environnement. Cela implique bien-sûr de poser et de résoudre la question des moyens financiers et industriels pour remplir cet objectif. Dans ce cadre, le statut des cheminots de la SNCF n’est pas un obstacle mais au contraire un atout, il faudrait généraliser à l’ensemble des compagnies de chemin de fer opérant sur le territoire de l’Union européenne. Cela pourrait être une belle bataille pour les élections européennes à venir.
Cette démarche démocratique de fond, appelant à l’intervention populaire, a été le fil rouge de notre contribution aux Assises nationales de la mobilité, elle s’inscrit dans le sens même de notre combat communiste qui est au cœur des débats de notre congrès.
Yann Le Pollotec
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