L’intersyndicale lycéenne appelle à une journée d’action le 15 mars prochain, face aux réformes du bac et de l’accès à l’université, qui risquent de creuser les inégalités,
Va-t-on vers un système d’accès à l’enseignement supérieur de plus en plus inégalitaire ? C’est la conviction des organisations lycéennes réunies hier en intersyndicale pour appeler à une journée d’action le 15 mars prochain. Dans leur ligne de mire, la réforme du bac et la loi sur l’orientation et la réussite des étudiants (ORE), qui introduit une forme de sélection à l’entrée à l’université par le biais des prérequis exigés par la plateforme d’inscription Parcoursup. « Cette modification du bac s’emboîte dans Parcoursup puisqu’elle introduit au niveau du lycée des spécialités qui seront ensuite nécessaires à l’entrée à l’université », détaille Thomas Le Corre, porte-parole du Syndicat général des lycéens (SGL).
Le problème, c’est que ces spécialités ou options ne seront pas également accessibles à tous. « Parce qu’elles sont coûteuses à mettre en place et qu’il n’y a pas de moyens spécifiques dégagés, certaines options qui seront valorisées par des universités ne seront accessibles que dans les lycées cotés des centres-villes, voire dans le privé. Cela va créer une inégalité avec les lycéens des établissements ruraux et des périphéries, qui risquent de se trouver face à des options limitées au moment de leur entrée à l’université », renchérit Lisa Belabed, porte-parole de la Fidl. Autre sujet d’inquiétude, la multiplication des options « risque de favoriser les élèves qui seront les mieux armés, ceux dont les parents vont comprendre le système et seront à même de faire des choix stratégiques pour aller vers les filières les plus cotées », s’alarme Lina N’gazi, secrétaire nationale de l’Union nationale lycéenne-Syndicale et démocratique (UNL-SD).
Tous appellent à une journée d’action pour empêcher la mise en application de la loi et regrettent l’occasion perdue par le gouvernement : « C’est une réforme qui ne change pas le système, ne réfléchit pas sur la pédagogie et ne cherche pas à faire progresser les élèves, résume Clara Jaboulay, présidente de l’Union nationale lycéenne (UNL). Son seul objectif, c’est de savoir comment on va sélectionner à l’entrée à l’université. »
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Les jeunes méritent mieux !
Un nouveau dispositif d’inscription dans l’enseignement supérieur se met en place, Parcours sup le Parlement n’a pas encore adopté la loi sur « l’orientation et la réussite des étudiants » que le gouvernement entend l’appliquer ou plutôt l’imposer aux universités, aux enseignants-chercheurs aux étudiants et aux lycéens.
Or, il y a bien urgence à s’occuper de l’enseignement supérieur : sa situation est catastrophique. En témoigne le « tirage au sort » des bacheliers pour s’inscrire dans les filières de leur choix, qui a légitimement suscité l’indignation cet été. Sélection sociale effrénée, échecs importants en licence, formations tronquées faute de moyens, budgets notoirement insuffisants, concurrence stérile entre filières et établissements, restructurations incessantes renforçant les pouvoirs centraux, démocratie universitaire vidée de son sens… à cette situation, il faut une réponse de progrès social, scientifique, pédagogique.
Il faut une ambition : que chacun puisse développer au maximum ses capacités, que les connaissances soient largement diffusées et appropriées dans la société, que le pays se dote des plus hautes qualifications pour ses travailleurs.
Ce n’est pas celle du président des riches et de son gouvernement. En permettant à toutes les filières de trier les bacheliers, en prétendant ouvrir la possibilité de parcours personnalisés mais sans moyens nouveaux pour les universités, en prévoyant d’imposer une orientation non choisie aux étudiants recalés sur leurs vœux, le projet de loi va entériner les inégalités dans le supérieur. Il n’organisera dans les faits qu’un immense désordre et instaurera des obstacles institutionnels nouveaux à l’accès à l’enseignement supérieur dont le baccalauréat doit rester le premier grade et la seule condition d’accès. Cette loi accélérerait la mise en place du système « à plusieurs vitesses » qui est le projet de la droite et du MEDEF depuis longtemps.
Avec ce projet, quelques universités mieux loties attireraient les « meilleurs » éléments, tandis que les autres seraient condamnées à accompagner les plus défavorisés... à moyens constants voire en baisse alors que le nombre d’étudiants ne cesse de grandir. Avec comme conséquences inéluctables, la dégradation du service public national d’enseignement supérieur et de recherche.
Cette politique remet profondément en cause le mouvement initié dans la deuxième moitié du XXe siècle de démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur. Les gouvernements et les instances européennes ont prétendu bâtir une société de la connaissance, en fait leurs choix réels restreignent sa diffusion, frappant particulièrement les enfants des milieux populaires, déjà largement sous représentés dans le système scolaire et le supérieur. La loi sur la sélection à l’université participe de la même logique que celle de la réforme du baccalauréat, individualisant les parcours et triant les jeunes dès leur plus jeune âge. Elle s’insère dans le projet global que mène Macron d’adaptation aux besoins du capital financier.
Construire une alternative à cette politique est à l’ordre du jour pour tous les progressistes
Garantir le libre accès à l’université à tous les bacheliers, promouvoir et développer les capacités humaines sans limites a priori, assurer les moyens financiers et humains nécessaires à cette ambition… c’est nécessaire et possible !
Notre ambition progressiste vise à élever le niveau de formation et de qualification dans toute la société, en partageant les savoirs dans l’enseignement supérieur, et en libérant la recherche des logiques de rentabilité à court terme. Elle viserait à former de façon exigeante des jeunes qualifiés, des citoyens éclairés et des individus émancipés. Cette politique doit se baser sur un service public national, seul à même de promouvoir une ambition commune sur le long terme.
Les communistes mettent à la disposition de toutes les forces, de toutes les personnes engagées dans la lutte contre ce projet de loi et pour la transformation de l’enseignement supérieur leurs réflexions, leurs questionnements et les propositions construites au fil des luttes et par les parlementaires communistes. Ils vous proposent que nous rencontrions et tracions ensemble les voies de l’alternative, pour substituer aux logiques libérales celle de la défense et du développement des biens communs.
C’est tous ensemble que nous pourrons construire un nouvel avenir d’émancipation humaine.
Marie-George Buffet: A l’Assemblée nationale, avec les députés communistes Marie-George Buffet : « je voterai résolument contre ce texte qui, loin d’apporter des solutions pragmatiques aux difficultés de l’université, impose une vision régressive de l’enseignement supérieur sans s’attaquer aux véritables problèmes».
L’argent existe et les moyens pour une telle politique existent et doivent être mobilisés.
• 110 000 étudiants nouveaux dans les 5 dernières années et le budget par étudiant a baissé de 10%.
• Il faudrait au minimum un milliard d’euros pour l’augmentation du nombre d’étudiants chaque année.
• Cadeaux faits aux ultra-riches : 3 milliards € de baisse de leur Impôt sur la fortune.
• Crédit Impôt Recherche : 5 milliards €.
• CICE, impôt sur les sociétés… des cadeaux aux entreprises par milliards sans effet sur l’emploi et l’économie
• évasion fiscale : 80 milliards €..
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