Le mythe d'un jacobinisme centralisateur, synonyme d'État spoliateur.
Certes, ces dernières années, l'amateur (étymologiquement), celui qui aime la Révolution française pour tout ce qu'elle a inventé, a bien des fois assisté à une série de manipulations mensongères du moment qui a vu la République fondée (1792), la démocratie tentée (1793) et l'abolition de l'esclavage votée (1794), entre autres avancées. Tout cela se voyait réduit à la guillotine et à des massacres, le tout donnant naissance au mythe d'un jacobinisme centralisateur, synonyme d'État spoliateur. Dans son tweet du 22 mars 2017, EM écrivait : « La philosophie de la démarche que je vous propose aujourd'hui, c'est un pacte girondin avec nos collectivités, un pacte de liberté. » En clair, et surfant sur la vague d'un antijacobinisme primaire et liberticide, réduit à la ringardise de croire que la loi est la même pour tous, et que l'État est garant des services publics équitablement répartis sur le territoire au nom d'un effort commun, le candidat laissait supposer que, lui président, les régions auraient plus d'autonomie.
En clair, les riches pourraient s'enrichir davantage et les plus défavorisés... Une fois président et endossant le rôle de roi-président à Versailles, le 3 juillet 2017, il dénonçait la « centralisation jacobine », et annonçait sa volonté de conclure de « vrais pactes girondins » avec les régions. Quid de cette expression ? Le 17 juillet, un début d'explication prenait forme par la demande aux collectivités territoriales de réduire leurs dépenses de 13 milliards d'euros sans diminuer leurs missions.
La pilule girondine commençait à prendre un goût amer. Aujourd'hui, les nationalistes corses, dont toutes les demandes ne sont pas infondées lorsqu'elles pointent les aspects sociaux des problèmes de l'île, retournent l'expression pour légitimer leur éloignement de la République. Pourtant, on ne joue pas impunément avec l'histoire. Outre que les Girondins (rendons leur cette justice par souci de la vérité) n'ont jamais voulu la désunion de la République, il va falloir que le président s'explique sur le tout « en même temps » de sa position, entre le pouvoir exécutif dont il ne veut rien céder et le miroir aux alouettes girondines qu'il a agité de façon imprudente et que les indépendantistes corses lui renvoient aujourd'hui.
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