Le musée de Pont Aven qui a rouvert ses portes après 3 ans de travaux a d'ores et déjà gagné son pari. Bien sûr, des voix s'étaient élevées contre ce projet jugé trop ambitieux pour une petite ville de 3000 habitants. Mais aujourd'hui, 122 500 visiteurs sont passés en moins d'un an. Bretons, pour plus de la moitié. L’École de Pont Aven, c'est l'histoire d'une révolution artistique mise en œuvre à la fin du XIXème siècle par Paul Gauguin, Emile Bernard, amorçant un courant de modernité qui dispersera ses idées novatrices jusqu'en 1939.
Les noms des peintres qui viennent à Pont Aven, Gauguin, Sérusier, Emile Bernard, Maurice Denis, sont aujourd'hui très connus. Mais l'ampleur artistique du mouvement se trouve augmenté par le nombre des artistes, méconnus pour la plupart, venant d'univers parfois très différents qui se retrouvent à Pont Aven, échangent et tentent des expériences réussies d'une autre manière de peindre (symbolisme, japonisme, primitivisme …).
Paris est alors devenue capitale des arts grâce à ses musées ; la qualité de l'enseignement des écoles des Beaux Arts attire des artistes de toutes nationalités.
En Bretagne, le développement des chemins de fer favorise la venue d'artistes étrangers puis parisiens, tous à la recherche de l'authenticité encore intacte des gens et des paysages, en réaction à l'Académisme triomphant alors dans les Salons.
Le nomadisme des artistes qui peuvent désormais peindre d'après nature en dehors de l'atelier est également facilité par la commercialisation des tubes de couleurs dès 1859.
Entre la population et ces colonies d'artistes qui s'installent parfois pour plusieurs années - Paul Gauguin y séjourna 8 ans- la cohabitation se passe non seulement sans heurts, et même avec bienveillance.
Ces artistes, migrants et désargentés, trouvent non seulement des modèles sans difficulté mais également gîte et couvert avec facilités de paiement.
Tous ces artistes, qui ont diffusé leur vision personnelle de la Bretagne pendant plus de 50 ans, sont aujourd'hui représentés dans ce nouveau musée de Pont Aven dont la réhabilitation réussie est l’œuvre d'un cabinet d'architectes brestois.
Le bâtiment, qui encadre un jardin en espalier inspiré d'une œuvre du peintre Charles Filiger, est volontairement intégré au centre ville.
Mais c'est avant tout un espace pensé pour que se rencontrent à nouveau tous ces courants de la modernité en peinture : donner à voir, confronter, décrypter et bien entendu, expliquer
Enfin, pour donner aux visiteurs l'envie de revenir, des expositions temporaires sont régulièrement présentées.
Isabelle Colpin
Du 2 février 2018 au 6 janvier 2019, exposition: Pont-Aven, berceau de la modernité
Pont-Aven, berceau de la modernité / Collection d’Alexandre Mouradian
Le Musée de Pont-Aven présente l’histoire d’une révolution artistique ini-tiée entre 1888 et 1894 : le synthétisme, art fondé sur l’usage de couleurs pures posées en aplats et cernées de contours comme un vitrail. Autour d’Émile Ber-nard et de Paul Gauguin, le groupe d’artistes qui s’approprie ces principes est appelé « École de Pont-Aven ».
En 2018, Alexandre Mouradian, collectionneur philanthrope, s’associe au musée en prêtant 23 oeuvres de sa collection person-nelle dédiée aux amis de Gauguin. Ce corpus inédit et présenté en exclusivité au Musée de Pont-Aven prendra place au sein du parcours permanent, renou-velant totalement l’accrochage des oeuvres au niveau 3. Des oeuvres d’Émile Bernard, Émile Jourdan, Maxime Maufra, Henry Moret, Roderic O’Conor, Éric Forbes-Robertson, Armand Seguin, Paul Sérusier, Wladyslaw Slewinski, Jan Verkade seront présentées.
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