Article du Télégramme, 27 janvier 2018: "La cuisine de l'hôpital fait bouillir les Syndicats"
Comme ils l'avaient annoncé, une petite centaine de personnels hospitaliers et de membres du comité de défense du CHPM ont manifesté pendant une heure, hier après-midi. Leur mot d'ordre : non à la fermeture programmée de la cuisine centrale de l'établissement, devant laquelle ils étaient regroupés. Car après l'externalisation du froid, la direction a, en effet, décidé de lancer un appel d'offres pour l'externalisation de la production chaude (cuisson).
Grève illimitée
Au-delà du gain financier que l'hôpital attend de cette privatisation, et que l'intersyndicale remet en cause sur le long terme, c'est surtout le coût humain que les manifestants ont pointé du doigt. L'externalisation va, en effet, entraîner la suppression de 20 postes à compter du 1e r juin. Soit un tiers des effectifs de ce service qui compte 60 agents et prépare quelque 800.000 repas par an. Et après les remous en psychiatrie puis en cardiologie, cette annonce ne passe pas du tout. À tel point que ce débrayage n'était, sans doute, que le premier d'une longue série. Un deuxième préavis de grève, illimité celui-là, en prévoit plusieurs par jour, à partir de lundi, échelonnés entre 11 h et 14 h. Pour l'intersyndicale, très remontée, cette décision s'apparente à un « plan social déguisé ». D'autant que, selon elle, ni le comité technique ni le CHSCT ni le conseil de surveillance n'ont été prévenus. C'est exactement ce qu'elle a redit à la direction, rencontrée dans l'après-midi, après l'envahissement du pavillon administratif. Réunion assez tendue à l'issue de laquelle la CFDT, la CGT et Sud ont réclamé la tenue d'un CHSCT exceptionnel. En soirée, ces organisations syndicales devaient rencontrer la députée Sandrine Le Feur pour évoquer ce sujet, et plus largement l'avenir de l'hôpital de Morlaix.
Environ 80 personnes ont débrayé hier, pour dénoncer l'externalisation de la production chaude, et la suppression de 20 postes. | PYB
Ouest-France, Delphine Van Hauwaert
Environ 80 personnes ont débrayé hier, pour dénoncer l'externalisation de la production chaude, et la suppression de 20 postes. Des agents concernés témoignent.
Vendredi après-midi, ils étaient environ 80 à débrayer devant la cuisine de l'hôpital.
Il y a une semaine, le personnel a appris que la production de plats chauds sera externalisée, comme l'est déjà celle des entrées. Selon les syndicats, au moins une vingtaine de postes seront supprimés en juin. Soit autant de contractuels.
« Il y a des familles derrière »
Plusieurs de ces agents non titulaires étaient présents dans le cortège. « Depuis une semaine, je dors très mal. Je n'arrête pas de me demander : que va-t-on devenir ? », confie l'une d'eux. Comme ses collègues, elle est employée polyvalente, affectée à la plonge, la chaîne plateaux, le magasin, le self ou encore le conditionnement.
Les personnes présentes souhaitent garder l'anonymat. Certaines travaillent depuis de nombreuses années, parfois près d'une décennie. Autant d'années « sans vacances ou presque, à répondre présent dès que l'on nous appelle », glisse l'un des contractuels.« Il y a des familles derrière », abonde une autre.
Certains évoquent des espoirs déçus de titularisation. On parle aussi de cet ancien de Gad qui, quelques années après la fermeture de l'abattoir, revit la même chose.
« Tout est mis en oeuvre pour faire en sorte que les personnels concernés puissent être réaffectés dans d'autres services de l'hôpital ou dans d'autres établissements », assurait Ariane Bénard dans nos colonnes (Ouest-France de mercredi). Les intéressés confirment qu'ils doivent rencontrer la direction des ressources humaines la semaine prochaine.
« Inacceptable »
Dans le hall de l'hôpital, Francis Landouar, pour l'intersyndicale CFDT-Sud-CGT, a dénoncé « une décision inacceptable, motivée par des arguments qui ne tiennent pas la route ». Selon les syndicats, la cuisine dégradée pourrait être rénovée, quand la direction évoque un chantier trop coûteux, à l'heure de la rigueur budgétaire.
Le cortège a ensuite pris la direction de l'administration. Au terme d'une réunion « très tendue »selon la CDFT, « la direction est restée sur sa position ».
La grève sera reconduite pour une durée illimitée à partir de lundi, avec des débrayages de 11 h à 14 h.
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