Pas de toilettes, une borne au fonctionnement ésotérique, un guichet fermé. Malgré plusieurs millions d'investissement, la gare rénovée de Châteaulin souffre d'un réel manque de contact.
Jean-Louis Nanot n'en revient toujours pas. Vendredi, il amène sa fille de 16 ans à la gare de Châteaulin. « Voilà trois jours qu'elle préparait son après-midi avec ses copines »,raconte-t-il.
Ce jour-là, manque de chance, ou plutôt trop de chance. C'est le jour de l'inauguration des travaux de la quatre voies à Châteauneuf-du-Faou.
La ministre chargée des transports, Élizabeth Borne, vient tout spécialement en train de Brest, accompagnée des présidents et vice-présidents du conseil régional, du maire de Brest François Cuillandre. À la gare l'attendent Gaëlle Nicolas, maire Les Républicains de Châteaulin et Richard Ferrand, député La République en Marche, tous deux conseillers régionaux.
« Il y avait des gendarmes partout, raconte Jean-Louis Nanot, 64 ans, de Brasparts. On était arrivés à se renseigner sur internet, où l'on avait trouvé une certaine variété de prix, sur plusieurs sites. Le prix moyen s'élevait à 9 €. »
La gare fraîchement rénovée n'a déjà plus de guichet. Après la rénovation de la ligne ferroviaire Brest-Quimper, la SNCF a décidé de supprimer le guichet, et le service commercial. Une borne bleue a été installée dehors, contre la façade.
Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle souffre de nombreux manques. D'abord, elle n'est pas indiquée. Grande comme une petite armoire, elle permet d'obtenir les billets sur les lignes de TER bretonnes.
« Il ne faut pas qu'il pleuve car elle n'est pas abritée, fait remarquer Jean-Louis Nanot. Et s'il y a du soleil, on ne voit rien sur l'écran. Je plains les personnes âgées. »
Quant à la manipulation, mieux vaut ne pas arriver deux minutes avant l'arrivée du train, ce qui arrive parfois quand on est à la bourre.
Car montre en main, pour quelqu'un qui n'est pas familier de cette machine, mais tout de même habitué à l'usage du smartphone, il faut au moins six minutes. « Mais aussi, il faut une carte bancaire, souligne Jean-Louis Nanot. Et aujourd'hui, ce n'est pas toujours le cas, surtout pour les gens en difficulté financière. »
Quant aux personnes handicapées, pas sûr qu'elles arrivent à lire ce qu'il y a sur l'écran, incliné pour une personne debout.
« Ne parlons pas des personnes âgées. La mollette qui sert à choisir son parcours, avec les gares d'arrivée, celles de départ, et surtout les tarifs, avec les nombreuses cartes, c'est pas de la meilleure lisibilité. »
Mais la surprise est arrivée tout à la fin : le prix. « Ma fille en a eu pour 13,50 € ! Alors qu'en bus, ça lui aurait coûté deux euros. Est-ce bien normal ? »
Du côté de la SNCF, on assure que les tractations pour trouver un lieu de vente de billets en ville à Châteaulin n'ont pas abouti. Impossible, comme à Concarneau, d'y installer des bornes, avec un commercial, dans les locaux de l'office du tourisme : celui-ci, implanté aux halles de Châteaulin, n'est pas ouvert toute l'année.
Les négociations avec une agence de voyages privée, n'ont pas abouti non plus. Même si un conseiller est là pour guider les gens, de 8 h 15 à 12 h 45 et de 16 h à 18 h 45, est-ce bien suffisant ? « Il n'est pas là le dimanche et les jours fériés. Comment fait-on ces jours-là, alors ? Et en dehors de ces horaires ? » questionne Jean-Louis Nanot.
La réponse est en suspens. Tout comme celle des toilettes, remplacées parfois par celles de la salle de sport qui se trouve juste en face. Décidément, à Châteaulin, sur ce coup-là, la SNCF, comme la Région, principal financeur de la rénovation de la gare, n'ont pas joué leur meilleure carte.