Mélenchon, grand seigneur, voyant la CGT et les syndicats de lutte à la peine, et voulant leur disputer le leadership sur "les masses" dans la résistance au pouvoir et à ses visées ultra-libérales, avait donné le "bon point" à Macron avec qui il avait devisé, tout sourire, appréciant les charmes de la conversation du président jupitérien.
Mais le bonhomme est beaucoup moins gentil avec ses anciens alliés du Parti Communiste qu'il aimerait sans doute voir déjà dans la tombe pour faire place nette à ses visées de recomposition.
Disqualifier par un mot infamant ressassé et qui doit être repris comme un mantra par les militants zélés ce qui ressemble à une union de la gauche anti-libérale entre Insoumis et Communistes.
Dans un contexte d'abstention massive aux élections Territoriales corses, appeler une démarche de rassemblement de la gauche authentique que l'on a préalablement plombé par stratégie anti-communiste de "la tambouille" parce que son objectif politicien premier est d'empêcher les forces à gauche de s'additionner et de faire place nette pour un mouvement qui veut enterrer tous les autres à gauche plutôt que fédérer les forces, c'est une contre-vérité caricaturale et une insulte à l'intelligence.
Surtout que les Insoumis de Corse voulaient cette alliance avec le PCF face à la menace d'un ras-de-marée nationaliste, menace d'une victoire écrasante qui se vérifie, alors que les nationalistes ne portent pas des solutions de progrès social pour les Corses, eux qui votent les budgets d'austérité et néo-libéraux de la Sécurité Sociale et les ordonnances travail de Macron. Et ces Insoumis corses avaient la tête de liste...
Mélenchon jouit de voir que la coalition PCF - Insoumis locaux ne parvient pas au second tour et contient si peu sa joie qu'il félicite le leader nationaliste corse, lui l'ultra-jacobin.
Alors, comme ça le "dégagisme" devient une valeur en soi: populisme de droite, populisme nationaliste, qu'importe, pourvu que tout le champ politique traditionnel soit bousculé comme au jeu de quille, cela réjouit le roitelet Mélenchon, adepte de la terre brûlée. Le dégagisme symbolisé par des nationalistes affairistes!
L'intérêt des gens là-dedans est bien loin des préoccupations du leader de France Insoumise.
La victoire annoncée des nationalistes est confirmée. Aucun élu de gauche dans la future Assemblée dans un territoire miné par les souffrances sociales et les inégalités. Qui, à gauche, peut trouver cela formidable ? Les forces qui ont œuvré au 1/2 rassemblement sur des valeurs de progrès social et de démocratie ont mené un combat courageux.
En Corse comme partout ailleurs, nous sommes face à un immense chantier pour un avenir "en commun"...
Et pour cela nous avons besoin de responsables politiques qui mettent l'intérêt du peuple et des catégories populaires au cœur de leurs ambitions et de leurs projets.
Cette coalition, Pè a Corsica (Pour la Corse), formée dès le premier tour cette année, fait à nouveau figure de favorite.
Les deux listes de droite, emmenées par Jean-Martin Mondoloni (droite régionaliste) et Valérie Bozzi (soutenue par le parti Les Républicains LR), arriveraient ensuite et pourraient s'unir en vue du second tour.
Mais le leader de LaREM en Corse avait pour sa part écarté l'idée d'une union contre les nationalistes: "Hors de question de s'inscrire dans un front républicain, la République c'est la démocratie", avait-il assuré avant le premier tour.
Selon ses premières estimations, les trois autres listes ne franchiraient pas la barre des 7% pour se maintenir au second tour.
Quoi qu’il advienne au terme du scrutin des 3 et 10 décembre -qui désignera les futurs Conseillers territoriaux de la nouvelle Collectivité unique-, la liste « L’Avenir, la Corse en commun » peut d’ores et déjà se prévaloir d’une première victoire. Celle d’avoir réussi ce qui avait échoué aux législatives : gagner l’union des forces de progrès. Emmenée par l’Insoumis Jacques Casamarta, elle est composée de représentants du PCF, de la Corse insoumise, de Manca Alternativa/Ensemble, ainsi que de militants associatifs, syndicaux et culturels. Un rassemblement dicté par l’exigence d’une réponse « sociale et écologique » à l’offensive libérale. « Dans le contexte où se déroulent ces élections, caractérisé à la fois par les coups qui pleuvent sur les acquis sociaux et au regard de la situation particulière de la Corse où les inégalités et la pauvreté sont plus marquées, se diviser aurait été une erreur politique », estime Michel Stefani, conseiller territorial sortant (PCF) et à nouveau candidat.
« Dynamique »
Jugeant « regrettable » que « des dirigeants nationaux de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon en tête » n’aient pas évalué les enjeux « de la même façon », celui-ci insiste sur la nécessité de créer « une dynamique de nature à modifier le rapport de forces » au sein de l’assemblée insulaire. Et de tenter de le faire basculer « au bénéfice des salariés et des plus modestes ». Car, poursuit-il, « ce que le mouvement social exprime dans la rue a besoin d’un prolongement politique ».
Seule liste se réclamant de gauche -le PS et le PRG n’en présentant pas-, « L’Avenir, la Corse en commun » est surtout constituée d’« organisations qui ont fait le choix du refus de la logique libérale ». Logique libérale dont les dégâts sont particulièrement visibles sur l’île. Le responsable communiste en veut pour preuve quelques chiffres éloquents, estimant qu’il « ne suffit pas d’en faire le constat, mais qu’il faut aussi en expliquer les causes ». Ainsi, énumère- t-il, « dans les années 1987-88, au moment de la création de l’ISF [Impôt sur la fortune, ndlr], on recensait en Corse 87 contributeurs. Ils sont aujourd’hui quelque 1800 à déclarer au moins 180.000 euros annuels. L’écart entre les ménages les plus riches et les plus modestes est ici de 6,5 points. »
Les candidats de la « Corse en commun » affichent leur détermination à « s’attaquer » à ces disparités qui ne cessent de se creuser. D’autant que, souligne Michel Stefani, « les moyens et l’argent existent ». Or, « les dispositifs fiscaux qui devraient profiter aux ménages les plus modestes sont détournés par le consortium de patrons corses ». Ce qui, d’après les chiffres de 2014, concernerait des sommes de l’ordre de 194 millions d’euros annuels. Auxquels il faut ajouter « les 100 millions d’euros versés aux entreprises à travers le CICE [Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, ndlr], le crédit d’impôt corse » et l’enveloppe allouée par la Collectivité territoriale.
« Solidarité nationale »
Face à cette déperdition de financements publics au détriment du plus grand nombre, « La Corse en commun » plaide pour la création d’un Fonds régional unique pour l’emploi et la formation, destiné à favoriser « l’emploi stable et bien rémunéré » assorti « de la réduction du temps de travail à 32 heures hebdomadaires et de la retraite à 60 ans ».
La naissance annoncée de la Collectivité unique au 1er janvier suscite à cet égard de vives inquiétudes. Outre que, d’une manière générale il y voit un certain nombre de points négatifs et notamment « une concentration des pouvoirs », Michel Stefani pointe également les menaces en matière d’emploi.
« Avec la fusion des services, on nous parle de doublons. Mais derrière ce qu’ils appellent les "doublons", il y a des hommes et des femmes qui sont inquiets. Et qui ont toutes les raisons de l’être, car l’objectif est de supprimer des centaines de postes », commente-t-il en évoquant une courbe du chômage ascendante et dépassant les 22.000 demandeurs d’emplois.
La lutte actuellement menée à l’hôpital de Bastia par une partie du personnel, qui observe une grève de la faim depuis fin octobre, est symptomatique des difficultés que subit la Corse dans de nombreux domaines. Josette Risterucci, secrétaire médicale, devenue une figure emblématique de ce combat, est d’ailleurs colistière de « La Corse en commun ». Elle réclame ni plus ni moins qu’un « plan Marshall » pour l’établissement. En matière de santé, l’état des lieux est en effet alarmant. « La couverture sanitaire est plus que problématique », alerte pour sa part Michel Stefani qui considère que la réduction des dépenses de santé ne laisse rien présager de bon dans l’île.
A l’heure où celle-ci a singulièrement besoin de « solidarité nationale », il met en garde contre « l’enfer libéral » que ne manqueront pas d’amplifier ses adversaires.
Agnès Masseï (La Marseillaise, le 1er décembre 2017)
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