La coalition Catalogne en commun-Podemos, avec environ 8% des voix, recueille aux alentours de 8 sièges.
Le député communiste catalan Joan Josep Nuet était interviewé par la correspondante de L'Humanité Cathy Dos Santos le jeudi 21 décembre. Il est poursuivi pour sédition et rebellion parce qu'il était membre du bureau du Parlement destitué.
Son analyse avant les résultats des élections régionales en Catalogne est particulièrement intéressante.
"Si l'un des deux blocs en lice remporte le scrutin, qui plus est avec une majorité absolue (68 sièges), la crise a de fortes chances de s'approfondir. (...) Il y a un bloc auto-dénominé "constitutionnaliste", également appelé bloc du 155 (en référence à l'article de la Constitution qui a placé sous tutelle la Catalogne). Il est composé de trois partis: Ciudadanos, le Parti Populaire, et le Parti Socialiste Catalan. Ils ne sont pas identiques. Ciudadanos et le Parti Populaire ont un programme de vengeance contre la Catalogne. Ils mènent campagne contre l'école catalane qu'ils accusent d'être le vivier de la dynamique indépendantiste. Nous espérons que le PSC gagne en autonomie par rapport à ces deux partis. Côté indépendantiste, il y a trois listes, celle du président de Catalogne, Carles Puigdemont, qui représente la droite catalane recyclée, la Gauche républicaine et la CUP, la candidature d'Unité Populaire (anticapitaliste). S'ils obtiennent une majorité absolue, nous subirons de nouveau les mêmes erreurs de ces deux dernières années, à savoir vouloir une déclaration d'indépendance sans majorité sociale".
"Avec la coalition Catalogne en commun, nous voulons construire un espace intermédiaire où il y aurait des indépendantistes et des non-indépendantistes. Cet espace doit prioriser le social. On ne peut pas gouverner une partie du pays contre une autre. Tomber dans ce piège, c'est courir droit vers l'affrontement civil, c'est accroître la fracture pour des raisons identitaires. Or, il n'y a pas qu'une identité en Catalogne mais des identités nationales où certains se déclarent catalans et d'autres se sentent plus espagnols. Le pays n'a pas de futur sans cette cohabitation. Aucune identité ne peut se superposer à une autre. L'unique proposition viable est une proposition politique qui combine ces identités sans extrême dans un sens ou dans un autre: ni indépendantisme unilatéral, ni conservatisme centralisateur espagnol comme le sont le PP, une grande partie de Ciudadanos et une frange socialiste. Il faut empêcher que les forces s'agglomèrent."
"Nous avons été les seuls à parler d'éducation et de santé publiques, d'égalité des droits femmes-hommes.... En Catalogne, 200 000 familles ne bénéficient d'aucune prestation sociale. Nous voulons transformer la Catalogne pour contribuer à transformer l'Espagne. Cela passe d'abord par résoudre la conflictualité, sans abandonner le calendrier social. Or, le PP national vit de la confrontation. Elle lui sert à marquer des points dans les autres régions. Le débat sur l'indépendance est tombé à point nommé pour lui pour reléguer l'agenda social et enterrer tous les scandales de corruption dans lequel il est impliqué. Le PP met sous pression la gauche en lui infligeant un chantage: l'unité ou l'explosion de l'Espagne? Nous pensons que les termes du débat sont autres, à savoir quel modèle politique en Espagne?"
"le modèle espagnol est triplement en crise. La crise est sociale et économique. Elle est aussi politique et démocratique. La corruption est l'une de ses expressions. Le système des partis s'est transformé en une sorte d'oligopole de structures politiques corrompues où les Parlements obéissent aux intérêts économiques et non aux revendications des citoyens. Enfin, la troisième crise est territoriale, comme le met en évidence le conflit catalan".
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