Il a beaucoup été question de gros sous, hier, en conseil municipal - le dernier de l'année -, les élus devant en effet voter le budget primitif 2018 de la ville. Mais aussi de cohérence, majorité et opposition jugeant que l'autre camp en manquait cruellement.
C'est devant une salle du conseil où quelques élus manquaient à l'appel (ils avaient donné procuration), qu'un mois après le débat d'orientations budgétaires, Alain Tigréat, adjoint aux finances, a présenté le budget primitif 2018 de la ville. En section fonctionnement, ce dernier s'équilibre en recettes et en dépenses à hauteur de 22,35 M€. Soit 300.000 € de moins que le précédent budget, obligation de l'État faite aux communes de réduire leurs dépenses oblige. Les principales recettes viennent des impôts et taxes, qui représentent 62,7 % du total (un peu plus de 14 M€). La dépense la plus importante se situe dans les charges de personnel (10,35 M€, soit 43,3 %).
8,78 M€ d'investissements
Si on regarde de plus près les programmes d'actions, on remarque que près de 7,64 M€ sont consacrés aux services généraux et aux administrations publiques locales (34,2 %), 1,19 M€ à l'enseignement et la formation (18,8 %) et 3,96 M€ à l'aménagement et service urbain, environnement (17,7 %). Le plus petit budget revient à l'action économique (18.300 €, soit 0,1 %). Du côté des investissements, la ville va engager pas moins de 8,78 M€, dont près de 7,28 € en dépenses d'équipements. Notamment 1,7 M€ pour l'aménagement des espaces publics et 2,8 M€ dans le patrimoine bâti (dont 1,7 M€ pour le seul musée des Jacobins). Ces investissements seront financés à 62,9 % par l'emprunt et à 21, 7 % par des subventions. Et ce dans un contexte de nouvelle baisse des dotations de l'État et d'une stabilité de la fiscalité locale voulue par la ville : taxe d'habitation et sur le foncier non bâti stables ; taxe sur le foncier bâti en baisse d'1 %.
Le centre-ville : une priorité
Sans vouloir refaire le débat du mois dernier, l'opposition, par la voix de Jean-Paul Vermot, a remis le sujet du Grand Morlaix sur la table, expliquant qu'il fallait un comité de pilotage et une approche collective sur la revitalisation du centre-ville. Accord d'Agnès le Brun, qui a estimé qu'il fallait « aller plus vite, plus loin et ensemble », tout en jugeant que le sujet nécessitait néanmoins de la cohérence. Or, « les positions sont souvent à géométrie et géographie variables ». Jean-Pierre Cloarec, quant à lui, est revenu sur quelques points de détails, soulignant surtout qu'il était difficile de s'y retrouver en raison des transferts de budgets, pourtant décidés pour plus de clarté. Et de demander, lui aussi, que la question du centre-ville soit désormais considérée comme la priorité nº1. « C'est une question de survie, car si la ville centre décline, c'est tout le territoire qui en pâti. » Cohérent. C'est finalement Ismaël Dupont qui s'est montré le plus virulent, jugeant qu'il n'y avait « pas de ligne directrice dans ce budget pour faire face au défi de perte de population de la ville. »
« Les discours changent pas les actes »
Moyennant quoi, l'opposition a voté en bloc contre ce budget « sans vision d'avenir ». Ce qui a eu le don d'agacer Agnès Le Brun. « Vous formulez le souhait que l'on travaille ensemble mais vous prouvez le contraire avec votre vote », a réagi le maire. Quelques minutes plus tard, elle est revenue à la charge à l'occasion de la présentation de son rapport d'activité de vice-présidente de Morlaix Communauté. « On veut le Grand Morlaix mais on ne donne qu'une seule vice-présidence à la ville centre. Les discours changent, pas les actes. » « Mais vous n'avez même pas voté le dernier budget de Morlaix Communauté. La cohérence doit aussi être de votre côté », lui a rétorqué Jean-Paul Vermot. Match nul, balle au centre.
La réhabilitation du musée des Jacobins est arrivée en toute fin de conseil sur le tapis. Ou plus exactement sur la table. Si bien que l'opposition a vertement réagi, s'agaçant de prendre connaissance des éléments en conseil, s'agissant du plus lourd investissement de la ville. Mais elle a surtout pointé un dépassement de l'enveloppe de l'ordre de 900.000 € pour les phases 1 et 3, « alors que les travaux n'ont pas encore commencé ». Soit une augmentation de 16,63 %. Le coût total du projet va donc passer de 13 à 14 M€ TTC.
Deux imprévus
Regrettant le retour très tardif en mairie des documents nécessaires à la rédaction de la délibération, Agnès Le Brun a expliqué ce dépassement par deux imprévus : des fondations spéciales et la création d'une mezzanine dans l'église. Et de souligner que d'autres dépassements plus importants avaient déjà été votés « sans sourciller ». « Bien sûr qu'il y a toujours des dépassements sur les travaux. Mais là, c'est quand même près d'1 M€ de surplus ! Si encore ce chantier s'insérait dans un projet global pour le centre-ville, j'aurais pu m'engager. Mais là, non », a reproché Jean-Paul Vermot, qui s'est abstenu, tout comme les sept autres élus de l'opposition. « J'aurais aimé que vous déployiez autant d'énergie pour le coût élevé de la passerelle de la gare », lui a répondu Agnès Le Brun, en précisant que ce million d'euros complémentaire ne va pas être supporté uniquement par la ville. » La Drac abondera à hauteur de 120.000 €, a précisé le maire. Reste à combler la différence. À l'origine, la part de la ville s'élevait à 5 M€.
Quelques subventions
Par ailleurs, toujours concernant le musée, une subvention de fonctionnement de 68.440 € dans le cadre du projet culturel 2018 qui accompagne la fermeture pour travaux du site des Jacobins. La ville a également décidé d'inscrire 25.000 € dans le budget primitif 2018 afin de financer les travaux de conservation préventive des oeuvres conservées au musée. Enfin, une convention a été signée avec la Fondation de France pour le dépôt au musée de quatre peintures et 62 dessins de l'artiste Camille Bryen.
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