Il fut un temps, pas si lointain, où Manuel Valls, alors député-maire d'Evry, dénonçait je cite, "l'édification d'un mur honteux" par Israël, "la poursuite des colonisations, le sort des prisonniers, l'absence de dialogue, l'humiliation, bref des événements qui ne vont pas dans le sens de la paix". Il avait même une pensée émue pour les "habitants de Gaza, enfermés, qui vivent dans une situation infernale".
C'était le temps où il était antisioniste et donc antisémite, si l'on en croit les déclarations, récentes celles-là, d'un certain Valls Manuel, passé entre-temps par la case Matignon et aujourd'hui en déshérence sur les bancs de l'Assemblée Nationale.
L'antisionisme est "synonyme de l'antisémitisme et de la haine d'Israël" assénait-il en mars 2016.
Vous critiquez Israël? Vous êtes antisémite!
L'équation est simple.
Mais Manuel Valls va encore plus loin. En ligne de mire, Pascal Boniface, le directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), dont il ne partage pas les opinions. Ce qui est son droit le plus strict. Mais voilà qu'on apprend, dans une interview publiée la semaine dernière dans Marianne, qu'il a "saisi les ministres des Affaires étrangères et des Armées qui financent l'Iris", parce que "ce qu'écrit Pascal Boniface depuis des années pose problème".
Manuel Valls cherche à fermer un institut parce que son directeur ne lui plait pas. Belle conception de la liberté d'expression et de la démocratie. L'ensemble des salariés de l'Iris fait bloc derrière Boniface. Valls devrait relire la lettre de l'historien israélien Schlomo Sand, envoyée à Macron, dans laquelle il se demandait sur les propos du président français - "l'antisionisme est la forme réinventée de l'antisémitisme" avaient pour but de "complaire" au chef du gouvernement israélien ou si ceux-ci révélaient "purement et simplement une marque d'inculture politique". Pour Valls, c'est sûr, il s'agit des deux.
Pierre Barbancey, le 15 novembre 2017
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