
Tandis que les ministres européens se glorifiaient, les truands se frottaient les mains avec les droits à polluer...
La puissance des cyclones et des pluies de mousson nous montre déjà les dégâts que le réchauffement climatique va provoquer dans les prochaines décennies. Ajoutons que la réparation des dégâts augmentera les émissions de CO².
Depuis le milieu du XIXe siècle, le réchauffement global est d'environ 1°C. Les carottages effectués dans des glaces datant de plusieurs millions d'années montrent que nous assistons à une phase de réchauffement beaucoup plus rapide que par le passé. Les climatologues ont désormais la certitude que les émissions de CO2 provoquées par les activités humaines accélèrent ce réchauffement. La multiplication par dix de la population mondiale en cent cinquante ans et le développement parallèle des activités industrielles consommatrices d'énergies fossiles émettrices de CO2 valident cette hypothèse.
Les climatologues nous disent aussi que 1 °C de réchauffement global se traduit par 7 % d'évaporation en plus. Ainsi, plus la température du globe va augmenter, plus nous allons assister à des cyclones et à des pluies de mousson qui provoqueront encore plus de dégâts que ceux de ces dernières semaines.
Les causes du réchauffement sont largement connues et reconnues. Toutefois, vingt ans après la conférence de Kyoto sur le climat et bientôt deux ans après l'adoption du texte de la COP21 à Paris, ratifié depuis par assez de pays pour être appliqué, rien de sérieux n'a été entrepris pour réduire les émissions de CO .
En 2005, les pays européens avaient mis en place un marché du carbone dans le secteur industriel fortement émetteur de CO2. Chaque entreprise bénéficiait d'un quota annuel gratuit de CO2. En ne le consommant pas entièrement, elle pouvait vendre le reliquat à des entreprises moins vertueuses, le bénéfice attendu de ce marché du carbone étant une réduction des émissions globales en Europe.
Mais, il suffisait de délocaliser des productions industrielles polluantes dans des pays à bas salaires non concernés par cet accord européen pour avoir des tonnes de CO2 à vendre. Du coup, le prix du carbone a baissé. Mais ce marché a surtout permis à des truands de « monter » des entreprises commerciales pour réaliser les transactions entre vendeurs et acheteurs. Ces truands récupéraient au passage la TVA, qu'ils devaient ensuite verser au gouvernement du pays où se faisait la transaction. Mais ils ont planqué l'oseille dans des paradis fiscaux, comme l'a rappelé une enquête du quotidien « le Monde » en août 2017.
Malgré ce fiasco facilité par l'incompétence de la Commission européenne et des gouvernements des pays membres de l'UE, des économistes comme Jean Tirole, prix Nobel d'économie, et Jean-Pisani Ferry, conseiller économique de Macron, prétendent encore qu'il suffit de mettre en place une taxe suffisamment élevée sur chaque tonne de carbone et de la faire payer par les consommateurs pour réduire les émissions de CO2 sans rien changer à la logique économique du capitalisme, prédateur et gaspilleur de ressources. Bien que très instruits, ces « penseurs » raisonnent comme des abrutis concernant les enjeux climatiques.
glepuill@humanite.fr
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