
Le gouvernement israélien veut agglomérer les colonies à Jérusalem. Le projet de loi est prêt mais le premier ministre préfère attendre le feu vert du président des États-Unis.
PUNITION COLLECTIVE : 35 MAISONS PALESTINIENNES DÉTRUITES ENTRE 2014 ET LA FIN 2016.
Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a décidé de reporter un vote sur un projet de loi qui équivaudrait à une annexion de facto des colonies israéliennes autour de Jérusalem. Un répit qui n'est que de courte durée et qui ne remet, en réalité, pas en cause la volonté politique du gouvernement israélien puisque, selon un responsable israélien, ce projet a besoin d'une « préparation diplomatique » (sic).
De quoi s'agit-il ? Le projet, intitulé « loi sur le Grand Jérusalem », devait être voté dimanche par un comité ministériel dans le but d'accélérer son examen à la Knesset (parlement). La partie orientale de Jérusalem est occupée depuis 1967. Le 30 juillet 1980, cette même Knesset votait une loi fondamentale (Israël est un État qui ne possède pas de constitution) faisant de Jérusalem, la capitale « une et indivisible » d'Israël. Une annexion condamnée par les résolutions 476 et 478 du Conseil de sécurité, qui « affirme que l'adoption de la loi fondamentale par la Knesset constitue une violation du droit international et n'affecte pas le maintien en application de la convention de Genève dans les territoires palestiniens et autres territoires arabes occupés depuis juin 1967, y compris Jérusalem ».
UNE LOI QUI ENTERRERAIT LA SOLUTION À DEUX ÉTATS
Netanyahou veut maintenant annexer des colonies se trouvant au sud et à l'est de la ville, en Cisjordanie, ces colonies autour de Jérusalem dont certaines, comme Maale Adumim ou Goush Etzion, coupent Jérusalem-Est de la Cisjordanie. « Cet endroit fera un jour partie de l'État d'Israël », avait d'ailleurs assuré Netanyahou, en octobre, à Maale Adumim. Il s'agit bien pour le gouvernement israélien de parachever la colonisation et de tirer, une fois pour toutes, un trait sur de quelconques négociations avec les Palestiniens. Comme ils l'ont dit et répété depuis des années, les dirigeants israéliens n'entendent pas se désengager de Jérusalem-Est, et donc refusent que la partie orientale puisse être la capitale de l'État de Palestine. Le projet vise à perpétuer l'occupation israélienne, « légaliser la présence des colons extrémistes juifs sur le sol palestinien et parachever la coupure totale » entre Jérusalem-Est et la Cisjordanie, a dénoncé Hanane Achraoui, dirigeante de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Pour elle, si une telle loi était approuvée, ce serait « la fin de la solution à deux États ».
De fait, l'adoption prolongerait une série de décisions en faveur de la colonisation. Israël a approuvé la semaine passée la construction de 2 646 logements pour colons en Cisjordanie, et, mercredi, celle de 176 autres au cœur d'un quartier palestinien de Jérusalem-Est.
Et si l'on doutait des intentions israéliennes, l'ancien directeur du conseil de Yesha (organisation représentant les colons), Pinchas Wallerstein, vient d'être nommé pour régler le problème juridique des avant postes (des colonies non autorisées par le gouvernement), c'est-à-dire de les légaliser.
Dror Etkes, de l'organisation Kerem Navot (opposée à la colonisation), dénonce ainsi cette nomination : « Dans une société normale et en bonne santé, M. Wallerstein, qui est impliqué dans un nombre incalculable d'actions criminelles d'accaparement de terres et de dépossession, écrirait probablement ses Mémoires de prison en ce moment, mais en 2017... il est traité comme un héros de la culture. »
La « préparation diplomatique » ne vise qu'à obtenir le consentement des États-Unis dans cette nouvelle phase. On voit mal Washington s'y opposer. Les conseillers de la Maison-Blanche vont sans doute chercher (et trouver) la meilleure façon de faire passer la pilule auprès des chancelleries occidentales. À moins que celles-ci, pour une fois...
Reste que ce projet souligne la prégnance des représentants des colons au sein du gouvernement israélien et la marque qui est désormais imprimée à Tel-Aviv. « Si elle est adoptée, cette loi constituera une annexion de fait et un pas résolu vers une annexion de droit », estime l'organisation israélienne anticolonisation la Paix maintenant. L'idée est d'accélérer la construction dans les colonies et de « créer sur le terrain des faits accomplis ruinant les chances d'une solution à deux États », a-t-elle estimé.
L'APPEL DE SALAH HAMOURI REJETÉ
« Les tribunaux compétents de la puissance occupante ne pourront prononcer aucune condamnation qui n'ait été précédée d'un procès régulier. » C'est l'article 71 de la 4e convention de Genève, qui a dû échapper aux juges israéliens qui traitent en appel le recours déposé par Salah Hamouri. L'avocat franco-palestinien, emprisonné depuis le 23 août, est en détention administrative pour six mois. Sans avoir accès au dossier. Ni lui ni ses avocats. Et pourtant, sans aucun motif, la cour d'appel israélienne a décidé de le maintenir en détention. Les droits d'un ressortissant français sont ainsi bafoués. Jusqu'à quand ?
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