Nous étions cet après-midi à Lanmeur, salle Steredenn, où la cérémonie d'hommage à André Bouget, extrêmement belle et émouvante, a réuni une foule considérable. Tour à tour, Jean-Luc Fichet, ancien maire de Lanmeur et Sénateur, Jean-Yves Lainé, son camarade et son ami, Michel Tudo, ancien secrétaire de la section PCF de Lanmeur, ami et camarade lui aussi d'André, puis ses trois enfants ont rendu des hommages vibrants à ce que fut la vie d'engagement, de générosité au service des gens, de l'humain et de la justice sociale d'André Bouget. Nous publions ici le magnifique discours d'hommage de Michel Tudo qui a rappelé aussi à sa manière et avec beaucoup de tendresse, de hauteur et de justesse ce qu'était le sens de l'engagement communiste d'André Bouget, incarné dans la trajectoire d'une vie et le quotidien.
Mesdames, Messieurs, Chers camarades, Chers amis,
André BOUGET, plus amicalement appelé Dédé ou aussi Jim, à partagé avec nous de longues années d’amitiés et avec ses camarades beaucoup d’engagements communs dans notre section. mais aujourd’hui, lui rendre hommage est un honneur.
Tous ses amis sont là, d’autres excusés. Mais ils et elles sont là, vous êtes là, nombreux à ses cotés, aux côtés de Zélinda, son épouse, Philippe, Marina et Cécile, ses enfants et Nathan, Eléna, Louis, Pierre et Julia ses petits enfants dont nous partageons la peine.
Il serait heureux de cette présence si nombreuse et d’abord de celle des Lanmeuriens qu’il aimait tant et à qui il a tant donné, de celles et ceux, militantes et militants communistes ou de la CGT, mais au-delà, toutes celles et ceux avec qui il a partagé ses combats, avec ses amis, toutes ces personnalités ou personnes anonymes ici présentes.
Cette présence nombreuse comme les nombreux messages parvenus de toute part, au delà de Lanmeur, soulignent le militant et conseiller rare qu’il fut.
Oui, comme ceux que j'ai reçu par téléphonne, de nombreux élus de tous horizons, et bien d’autres que je ne peux ici tous citer, de multitudes organisations, oui tous ces témoignages donnent chaud au coeur.
C’est en ce sens qu'il est difficile de faire l'éloge de toute personne, de trouver les bons mots pour exprimer les événements et les dates qui font une vie. Mais l'essence, les joies, les moments privés, les qualités uniques qui illuminent une âme sont inexprimables.
Il est encore plus difficile de le faire pour un homme comme Dédé, pour une personne qui a marqué à ce point durant plusieurs années, l’histoire sociale et politique de notre commune.
Nous devons lui rendre un hommage fraternel et sincère mais surtout essayer, alors que la réalité de sa mort s’impose lentement à notre conscience, de mesurer la signification profonde de sa vie.
Il fut l’exemple de l’homme pur. Son combat perpétuel de rendre aux plus humbles leur dignité, rendre à son pays la liberté et rendre à l’humanité l’espoir en un monde fait de justice et de paix.
Il avait un amour infini pour son pays, son département et sa ville et pour ses concitoyens, un amour communicatif qui transcende l’espace et le temps.
Ce fut pour moi un honneur immense de militer avec lui. Jamais des minutes de ma vie ne m’ont parues plus utiles. Mais ce fut surtout pour moi un privilège d’être l’ami d’un homme qui parlait d’Amour des prolos et qui, à aucun moment, n’oublia les plus humbles.
Chers amis, juché sur les hauteurs de sa vie où désormais il repose, Dédé nous a montré à quel point la liberté est belle et que le seul chemin à suivre est celui de l’unité et de l’amour.
Aujourd’hui, en ces instants qui brisent le cœur, nous devons tous formuler en nous-mêmes cette espérance. Il était un hommes épris de justice et de liberté »
Sa vie avec Zélinda, son engagement militant, nos luttes , l’amitié et ces choses qui embaument là où il nous faut aussi souffrir. Loin du charisme, souffle ce vent que la dialectique militante, empruntée à la poésie, intitule «liberté».
Dédé fut également ce père de cette grande famille, à laquelle il tenait comme la prunelle de ses yeux, cette famille dans laquelle il se ressourçait en permanence.
Il fut également ce grand père attentionné, toujours préoccupé de leur devenir.
Il laisse une trace dans l'histoire communale car il a lutté, car il était persévérant.
Il était habité d’un entêtement de bon aloi et d’une persévérance qui a été importante.
Dédé a su dompter sa colère et il a partagé son désir de lutte. Il a accepté les conséquences de ses actions, il savait qu'en s'opposant aux puissants il aurait un prix à payer.
Il savait rendre sa soif de connaissance contagieuse. Au sein de notre parti et même parmi les camarades qui pouvaient s'opposer à lui.
Dédé a su montrer que l'action et les idées pourtant ne suffisent pas. Si justes que ses idées soient, il faut qu'elles soit inscrites dans la loi.
Il savait adapter ses idées aux circonstances pratiques et toujours fidèle à sa vision de lois qui protègent les minorités. Enfin, il a su comprendre ce qui unissait les hommes. Il y a un nom à cela : Humanité.
C'est un nom qui résume ce que l’on peut avoir de meilleur. C'est la reconnaissance de liens qui unissent les hommes, qui créent une intégrité humaine. C'est en partageant et en s'adonnant aux autres que l'on devient soi-même.
On ne sait pas si c'était une notion qu'il avait depuis toujours ou une notion à laquelle il est parvenu après des années de combat et d’engagements multiples, mais c'est quelque chose qu'il a su mettre en pratique en permanence.
Aujourd'hui dans le monde entier, il y a comme chez nous des gens qui souffrent. C’est pourquoi le message que nous laisse Dédé, c’est celui du devoir d’agir au nom de la justice, sociale.
Oui, trop d'entre nous se réfugient encore dans l'indifférence. Aujourd'hui, comme le faisait Dédé, posons-nous la question : comment promouvoir la liberté, la justice, les droits humains, comment faire cesser les guerres, les conflits ?
A ces questions, il n'y a pas de réponse toute faîtes. Et c’était également vrai pour Dédé, il n' avait pas non plus de réponse toute faîte.
C’est pourquoi, si nous devions retenir une chose de son engagement, c’est qu’il nous a montré que l'on pouvait choisir un monde qui était fondé sur l'espoir, la justice et la liberté.
Je crois pouvoir dire au nom des communistes, mais aussi au-delà, au nom de toutes celles et ceux qui l’on côtoyé, toutes et tous ont appris de Dédé.
Maintenant qu’il nous a quitté, maintenant que nous allons revenir vers les nôtres et que la vie va reprendre son cours, inspirons-nous de sa force, cherchons à avoir la même largesse d'esprit que lui.
Dédé aura non seulement laissé son empreinte dans notre commune et aux alentours, à travers son métier de peintre en Bâtiment et aussi une multitude de combats de toute nature… il aura surtout profondément marqué l’esprit-même de nos concitoyens, très au-delà des clivages politiques traditionnels.
Je pense également à tous ceux qui, bien que ne partageant pas ses convictions profondes, soutenaient sa vision des rapports humains.
Dédé était évidemment un être exceptionnel, mais aussi un homme comme les autres, drôle, intelligent, joyeux, heureux de vivre.
Il était exactement le contraire d'un dogmatique rempli de certitudes. Son intelligence, toujours curieuse de tout, s'abreuvait à toutes les sources, sans avoir peur de l'ouverture aux autres, sans ressentir l'effroi du doute. C’est pour cela, qu’à chaque fois qu’il s’interrogeait sur le mouvement évolutif de notre parti le PCF, il demandait à ce qu’on en discute.
Il y avait pas un coin du département qu’il ne connaissait pas plus un coin du département où il n’était connu.
Chaque rencontre a toujours eu pour lui une haute valeur humaine et politique.
Au regard de son parcours, de son engagement, l’on peut dire qu’il fut un homme humain jusqu’à la tendresse.
Son souci permanent, celui du renouvellement, du rajeunissement, de la suite comme il disait.
C’est aussi le souci de l’unité des forces du travail salariées et paysannes, du rassemblement de toute la gauche qui fut chez lui une obsession, qui l’anima toute sa vie et qui sans aucun doute l’amena à être présent partout, à chaque fois que naissait une lutte.
Pour lui, dans l’adversité et le combat, ce qui primait, c’était le respect, la droiture politique.
C’était toujours le conseil qu’il nous donnait, ce qu’il s’appliquait à lui-même : être irréprochable pour être crédible, être désintéressé pour soi-même, respecter pour être respecté.
En ça, le militant qu’il fut, était incapable de nourrir le moindre esprit de vengeance.
Déjà, Dédé nous manque parce qu'il était chaleureux, il était drôle, il était malin et humainement attachant. On avait envie d'être parmi ses camarades, on ne peut pas le dire autrement...
Alors que nous sommes réunis autour de lui, le sentiment que j'ai, que je voudrais lui dire et vous dire, c'est que nous avons eu de la chance de le connaître, de le rencontrer …
Et ce fut un honneur pour moi, de poursuivre dans les conditions difficiles d'aujourd'hui, son engagement.
Oui, je tiens à le remercier, pour son amitié, sa confiance, ses conseils précieux au cours de ces dernières années de rencontres, d’échanges, de sagesse.
J’ai encore au fond de mes pensées, ces moments forts de discussions où, il me dénonçait l’opportunisme politique, où il m’exprimait que le principal engagement ne devait pas se décliner à exister au regard des autres pour une recherche de promotion sociale, mais au contraire, agir avec constance pour faire bouger les choses et de manière désintéressée.
Et mes derniers mots seront plus personnels, ceux que l’on adresse à un ami, un véritable ami avec un grand « A ».
Une amitié qui s’est scellée depuis de nombreuses années, jour après jour.
Cette amitié, à l’épreuve de l’érosion du temps, celle qui se bâtit autour de la confiance, qui permet de se confier, tant sur les questions politiques, syndicales, voire plus intimes qui vous tracassent.
Amitié qui vous marque à tout jamais, que l’on ne peut formater de sa mémoire, qui vous ramène à beaucoup d’humilité face à la perversion de ce monde parfois cruel.
En fait cette amitié, celle qui laisse votre liberté intacte mais qui vous oblige à être soi même, celle qui est un trésor de très grande valeur, qui ne peut absolument pas se trouver le long des routes par hasard et qui ne peut s’éteindre par la disparition.
Une amitié qui donne du sens au mot fraternité ;
Et c’est au nom de cette amitié avant tout, que je m’exprime ici aujourd’hui.
Ainsi, ce que Dédé nous laisse, c'est un héritage d’espoir et de volonté, de bonheur pour tous … que nous poursuivons.
Nous continuerons à nous faire les passeurs de ces valeurs-là. Je pense aussi, et peut-être surtout, aux jeunes générations, celles qui feront le futur.
Voilà Chers amis, ce que je tenais à vous dire en ce jour si douloureux.
C’est en cela que je m’adresserai à lui maintenant.
Mon Cher Dédé,
Nous ne vivrons plus tout ces combats avec toi, mais saches que pour nous, tu feras toujours partie des mecs bien. Nous sommes fiers d’avoir été à tes côtés durant toutes ces années, comme tu as été fier d’être avec nous.
Merci de ta gentillesse, ta générosité. Cela nous crée une obligation : continuer ton combat pour les valeurs et les idéaux du communisme, une société avec plus de fraternité, de solidarité, de justice. Pour retrouver demain, avec la jeunesse d’aujourd’hui, des hommes de ta trempe, pétris d’humanité, solides dans ses convictions, en étant toujours à l’écoute des autres.
J’espère qu’enfin ton corps et ton esprit ne te font plus souffrir.
Nous t’aimons Dédé, nous t’aimons avec tes immenses qualités et bien sur comme nous tous avec nos vilains défauts.
Je le dis avec la peine immense d’un camarade –mais aussi avec beaucoup de fierté- Et avec confiance, parce que sur ce chemin qu’il a suivi avec nous, nous le continuons. Au nom de ses camarades qui l’ont côtoyé, c’est cela que je veux exprimer et partager avec vous, avec vous tous, les membres de sa famille, ses amis, ses camarades ici présents.
Au nom de toutes et tous, je veux t' assurer Zélinda, toi son épouse, Marina, Cécile, Philippe, vous ses enfants, Nathan, Eléna, Louis, Pierre et Julia vous toutes et tous ses petits petits enfants, sa famille, ses proches de toute notre affection dans l’épreuve cruelle que vous traversez avec un tel courage et une si belle dignité.
Maintenant Dédé, il est temps de te dire adieu.
Comme le disait Aragon : « Quand il faudra fermer le livre, ce sera sans rien regretter.
Et bien saches Dédé, le livre peut se refermer, tu ne regretteras rien… car ton combat continuera pour ces gens qui vivent si mal.
Je conclurai définitivement en te disant :
Tout notre respect!
Oui, Tout notre respect, toute notre fierté, mon Camarade Dédé.
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