Humanité dimanche
Jeudi 6 juillet 2017
Chronique de Gérard Filoche

ON ESTIME À UN MILLIARD LE NOMBRE D'HEURES SUP' CACHÉES, L'ÉQUIVALENT DE 600 000 EMPLOIS.
L'Insee a interrogé 10 000 chefs d'entreprise. Seulement 18 % des patrons disent que le Code du travail est une barrière à l'embauche. Alors, pourquoi Macron et le Medef veulent-ils le déréguler ? 3 % des entreprises ont plus de 50 salariés et il n'y a des comités d'entreprise, des CHSCT, des délégués syndicaux que dans moins de la moitié de celles-ci. Sur 1,2 million d'entreprises, il n'y en a que 44 000 qui ont un CHSCT. Le droit à des délégués du personnel n'existe que dans les entreprises de plus de 11 salariés. Un million d'entreprises de 1 à 10 salariés n'ont aucune institution représentative du personnel (en Allemagne, les délégués, c'est à partir de 5). Licencier est extrêmement facile, contrairement à ce qu'on nous dit : il suffit d'avoir un motif réel et sérieux. C'est pour cela que seulement 180 000 salariés (sur 18 millions) se plaignent aux prud'hommes. Pourquoi protéger les 1 % de patrons délinquants ? Porter le seuil de déclenchement d'un plan social à 30 licenciés au lieu de 10, ça ne sert qu'à faciliter le chômage : les patrons vont faire des « paquets » de 29 licenciés. Ça augmentera leurs marges sans qu'ils soient obligés de partager leurs gains de productivité. En fait, Macron veut enlever les clapets, les freins, les droits qui empêchent les grandes entreprises de siphonner davantage les salaires afin d'augmenter leurs marges.
C'est quand on renforce le Code du travail et qu'on le contrôle qu'on crée de l'emploi. Il existe un milliard d'heures supplémentaires dissimulées, c'est l'équivalent de 600 000 emplois. Plus les droits sont précis, contrôlés, respectés, plus le travail est partagé et, c'est facile à comprendre, plus il y a d'emplois. Par contre, la flexibilité est l'ennemie de l'emploi, elle fait travailler plus longtemps en payant moins ceux qui ont déjà un boulot au détriment de ceux qui n'en ont pas. Macron, ce n'est pas le maître des horloges, c'est le maître du chômage de masse et des petits boulots.