Macron a désigné pour être ministre de l'éducation nationale Jean-Michel Blanquer, un juriste et technocrate qui mit en oeuvre comme recteur en région parisienne avec beaucoup de zèle les coupes budgétaires et innovations managériales voulues par Nicolas Sarkozy, puis quitta l'éducation nationale pour diriger une école de management.
Macron veut supprimer 50 000 postes dans la Fonction Publique d'Etat (70 000 dans la Territoriale). Difficile de croire que l'Education Nationale sera épargnée, alors que c'est le plus gros employeur. Le rattachement de la Fonction Publique au ministère du budget, confié au sarkozyste Gérald Darmanin, est en soi un signe plus qu'inquiétant. La vie et le développement des services publics sous la dépendance du ministère de l'austérité!
Macron veut ériger en modèle la culture du privé dans la fonction publique et dans l'éducation nationale, radicalisant des tendances déjà à l'oeuvre. Culte de l'évaluation chiffrée, pilotage sur les résultats et les objectifs, autonomie et mise en concurrence des établissements, adaptation différenciée des horaires disciplinaires, dilution du cadre national d'enseignement, recrutements locaux possibles des professeurs par les chefs d'établissement, lien hiérarchique accru entre enseignants, principaux et proviseurs, qui se verront de plus en plus comme des managers pouvant faire intrusion dans les missions pédagogiques des enseignants, priorité au développement de l'apprentissage et à la sélection précoce plutôt qu'à l'ambition de faire acquérir un bon niveau général à tous en même temps qu'une qualification professionnalisante. Il pourrait aussi être question de supprimer le bac.
Le programme de Macron sur l'éducation nationale est directement sorti des préconisations des think thanks libéraux Terra Nova, l'Institut Montaigne, et France Stratégie.
Ismaël Dupont
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