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27 janvier 2017 5 27 /01 /janvier /2017 18:19
Marie-José Chombart de Lauwe discutant avec des lycéens et collégiens participant au concours de la résistance et de la déportation 2017 sur le thème: "La négation de l'homme dans l'univers concentrationnaire nazi"

Marie-José Chombart de Lauwe discutant avec des lycéens et collégiens participant au concours de la résistance et de la déportation 2017 sur le thème: "La négation de l'homme dans l'univers concentrationnaire nazi"

Marie-Jo Chombart de Lauwe, Maryvonne Moal, et Lucienne Nayet en fin d'après-midi pour la causerie sur le livre "Résister toujours!" de Marie-José Chombart de Lauwe (photo JM Nayet)

Marie-Jo Chombart de Lauwe, Maryvonne Moal, et Lucienne Nayet en fin d'après-midi pour la causerie sur le livre "Résister toujours!" de Marie-José Chombart de Lauwe (photo JM Nayet)

Marie-José Chombart de Lauwe (photo Jean-Marc Nayet)

Marie-José Chombart de Lauwe (photo Jean-Marc Nayet)

photo de la tribune avec les photos des pères et soeurs déportés, et pour plusieurs, jamais revenus, en arrière plan (photo Jean-Marc Nayet)

photo de la tribune avec les photos des pères et soeurs déportés, et pour plusieurs, jamais revenus, en arrière plan (photo Jean-Marc Nayet)

le groupe des quatre résistants finistériens qui ont témoigné: Alain Bodivit de Pleuven (Réseau Durma-Vengeance, Force Française Combattante), Marcel Cledic (FTP de Huelgoat), Jean-Louis Huitorel (qui ayant rejoint les Forces Frances Libres en Afrique du Nord via l'Espagne, a participé au débarquement d'Italie, de Provence, à la Libération de Lyon, aux combats des Vosges et de l'Alsace), Alexis Le Gall de Douarnenez (France Libre)

le groupe des quatre résistants finistériens qui ont témoigné: Alain Bodivit de Pleuven (Réseau Durma-Vengeance, Force Française Combattante), Marcel Cledic (FTP de Huelgoat), Jean-Louis Huitorel (qui ayant rejoint les Forces Frances Libres en Afrique du Nord via l'Espagne, a participé au débarquement d'Italie, de Provence, à la Libération de Lyon, aux combats des Vosges et de l'Alsace), Alexis Le Gall de Douarnenez (France Libre)

photo Jean-Marc Nayet

photo Jean-Marc Nayet

photo Jean-Marc Nayet

photo Jean-Marc Nayet

photo Jean-Marc Nayet: témoignage de Lucienne Nayet, fille de déportée, après celui des autres enfants ou soeurs de déportés

photo Jean-Marc Nayet: témoignage de Lucienne Nayet, fille de déportée, après celui des autres enfants ou soeurs de déportés

photo Jean-Marc Nayet

photo Jean-Marc Nayet

photo Jean-Marc Nayet

photo Jean-Marc Nayet

photo Jean-Marc Nayet

photo Jean-Marc Nayet

Un après-midi extraordinaire au Roudour de Saint Martin des Champs pour le lancement du Concours de la Résistance et de la Déportation pour les collégiens de 3ème et les lycéens, avec une dizaine de grands témoins, résistants, enfants ou soeurs de déportés, dont Marie-José Chombart de Lauwe, 94 ans, résistante à 17 ans, travaillant dans le renseignement pour l'Intelligence Service depuis les Côtes d'Armor, puis Rennes, déportée à Ravensbrück avec d'autres grandes résistantes comme Germaine Tillon, Geneviève de Gaulle Anthonioz, Marie-Paule Vaillant Couturier, une militante des droits de l'homme qui dégage une force de vie, une sagesse et une intelligence extraordinaire! 

Voici quelques photos, avant un compte rendu plus détaillé, de notre ami Jean-Marc Nayet.  

 

Marie-Jo Chombart de Lauwe, présidente de la fondation de la mémoire de la Déportation:

Vivant à Bréhat, où son père était médecin pédiatre et sa mère sage femme, Marie-Jo Chombart de Lauwe, comme ses parents qui avaient déjà facilité des évasions par la mer vers l'Angleterre en 40 et pris contact avec l'Intelligence Service, travaillait à repérer les défenses allemandes pour les réseaux de renseignement anglais. C'est une élève brillante qui passe son baccalauréat et commence sa première année de médecine à Rennes en continuant ses activités de renseignement grâce à son laisser-passer obtenu grâce à sa résidence à Bréhat qui lui permet de circuler sur la côte: à Saint Brieuc où elle a sa grand mère, à Bréhat, sur la côte costarmoricaine. Elle fait partie du réseau 31 Georges France. En novembre 41, toute une partie du réseau est déjà arrêtée, mais ils continuent à exercer leurs activités de résistance, parfaitement lucides sur les risques. Le 22 mai 1942, Mairie-Jo Chombart de Lauwe est arrêtée par la Police allemande. Les jours suivants, enfermée à Rennes, elle reçoit un colis avec son ami Jean Livinnec, arrêté lui aussi, de ses camarades de première année de médecine. C'est un réconfort inouï. "Comme dans la chanson de l'auvergnat", dit-elle. "Elle n'est pas oubliée, on sait où elle se trouve". 13 autres membres du réseau ont été arrêtés avec elle, dont son père, de constitution fragile, qui mourra à Buchenwald. C'est leur nouvel agent de liaison, agent double, qui les a trahis, avec deux autres infiltrés: deux d'entre eux seront pendus en Normandie à la Libération. Elle est transférée à Angers, puis à la prison de la santé à Paris où elle subit de nouveaux interrogatoires et rencontre des gens extraordinaires, dont Toto, 20 ans, condamné à mort qui lui demande de dire au monde si elle survit qu'il est "tombé pour que la France vive dans la paix et dans la joie". Mais aussi France Bloch Sarrasin, qui fabriquait des explosifs pour faire exploser des armes allemandes, qui sera guillotinée à Hambourg, tandis que son mari a été fusillé dans les maquis. Son fils, Roland, est devenu un militant des droits de l'homme.

Marie-Jo Chombart de Lauwe est déportée à l'été 43 avec 58 femmes qui partent de la gare de l'Est et dont le convoi s'arrête début août 43 à Ravensbruck, au nord de Berlin. Son alliance arrachée, son triste pyjama rayé endossé, elle hérite du numéro 21 706. Commence alors une vie d'enfer, où l'on se réveille à 3h20, boit un jus blanc baptisé café, puis reste attendre l'appel pour la totalité du camp (qui compte 32 barraques) pendant 1h ou 2H, puis part au travail forcé, une soupe claire et infâme en milieu de journée avec des rutabagas, une mauvaise paillasse pour 2 le soir avec la vermine, les poux, la faim qui tenaille. Elle est classée "Nuit et Brouillard", ceux qui doivent disparaître, avec qui on ne peut correspondre, qui doivent mourir. Elle fait d'abord des routes, travaille dans des carrières de sable où les coups pleuvent, ainsi que les accidents mortels. Jusqu'au jour où elle est embauchée chez Siemens, pour un travail de finition électrique. Puis au Revier, à l'infirmerie, où pendant des mois, elle va essayer de sauver des nourrissons nés dans des conditions atroces de déportées arrivées enceinte. Elle et ses camarades de lutte, grâce à leur pugnacité (on négocie avec l'infirmière SS du lait en poudre, on trouve des nourrices tsiganes qui viennent de perdre leurs enfants) en sauveront finalement 20 sur 500, dont 3 français. Au début du camp de Ravensbruck, les bébés étaient noyés comme des chiots ou des chatons dans des bassines. Dans la barraque de Marie-José Chombart de Lauwe, il y a les lapines, ces étudiantes polonaises résistantes que les médecins SS sadiques utilisent comme des cobayes humaines pour faire des opérations, leur inoculer la gangrène, le staphylocoque. C'était le bloc 32 des Nuit et Brouillard où les politiques, les résistantes françaises, très nombreuses, s'organisaient pour résister aux "droits communs" et surtout aux SS, notamment par le sabotage et la lenteur volontaire sur son lieu de travail. "On était toujours en train d'"organiser", de voler les SS".  

Marie-Jo Chombart de Lauwe, devant l'approche soviétique, est envoyée à Mathausen dans les convois de la mort. Arrivés à la gare, on leur fait monter à pied une pente de 5 kilomètres. Il faut s'accrocher, celles qui s'arrêtent et qui tombent sont abattues. Et celles qui montent dans le camion, sans doute aussi. 

Finalement, cela fait partie des aberrations de la machinerie nazie, elle est cédée à la Croix Rouge avec d'autres prisonnières encore "présentables", et sa mère, et rapatriée vers la Suisse. 

Dans ces réponses aux élèves et aux adultes, Marie-Jo Chombart de Lauwe a souligné plusieurs choses: 

" Dans le camp, on cherchait à tout noter, à récupérer toute information, document, qui nous permettrait plus tard de témoigner"

"Avec Geneviève de Gaulle Anthonioz, Marie-Paule Vaillant Couturier, Germaine Tillon, on a su surmonter sans aucun problème nos différences politiques pour écrire ensemble un livre de témoignage commun: "Les Françaises à Ravensbrück". 

"Ravensbrück après guerre est devenu un camp militaire soviétique, quand je suis retourné, il ne restait plus grand chose, les barraques en bois avec été détruites pour désinfection"  

" Walter Wolf, un des organisateurs des chambres à gaz, organisait la torture dans le Chili de Pinochet. Du fait de mon expérience, j'ai su me battre quand j'ai appris qu'on pratiquait la torture en Algérie, au Chili. Ce qui était un objet de souffrance est devenu un objet de réflexion et de lutte"

" Comment on garde le moral? L'espoir: l'espoir de revenir, d'avoir une vie belle. On accepte les risques malgré tout. On ne regrette rien. On sait pourquoi on l'a fait. L'amitié, les solidarités, se réconforter entre nous, c'était essentiel, c'était notre contre-force. On espérait cet après qui serait beau. Je suis aujourd'hui parmi les dernières survivantes. Méfiez vous de la haine, des idées racistes près de chez vous. Cela a commencé comme cela. Informez-vous, ayez de l'information politique. Soyez vigilants. Ne supportez pas que l'on bafoue les libertés, la dignité de l'homme. Montez des collectifs de défense, signez les pétitions. Battez-vous pour les valeurs de notre démocratie "Liberté, égalité, fraternité". 

"J'ai survécu car j'avais un fond profond de santé qui n'a pas été détruit".         

" J'ai surmonté mon histoire, je n'ai pas de difficulté à vous en parler. Ce n'est pas notre souffrance personnelle qui compte, ce sont nos actions, c'est la vigilance au moment présent"

" Quand je suis rentré de déportation, j'ai tout écrit, jusqu'au numéro des cellules où j'ai été enfermée. Les camarades demandaient à ce que l'on puisse témoigner de ce qu'ils, de ce qu'elles avaient vécu avant de disparaître". 

" La force de survie de l'être humain est très grande"

" On se repérait sur les repères de l'ennemi"

" Avec la résistance intérieure du camp, on passait notre temps à essayer de rouler les SS, de les tromper"

"On n'a jamais perdu espoir: il y avait un lendemain possible" .    

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