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21 novembre 2016 1 21 /11 /novembre /2016 15:37

LA CHRONIQUE DE JEAN-CHRISTOPHE LE DUIGOU (*)

L’HUMANITE DIMANCHE

Jeudi 10 novembre 2016

 

 

«Le Figaro » se faisait récemment l'écho de l'inquiétude des candidats de droite pour appliquer un programme de recul social, au lendemain de l'élection présidentielle, face à l'obstacle que pourrait représenter l'action des syndicats. Si l'on en croit le journaliste du quotidien des droites, la longue bataille menée depuis le printemps contre la mise en œuvre de la loi travail « les ferait réfléchir ». Il faut dire que les programmes de ces candidats convergent sur nombre d'objectifs qui ont de quoi susciter le rejet : dégressivité des allocations chômage, mise en cause des 35 heures, suppression de centaines de milliers d'emplois dans les services publics, recul de l'âge de la retraite... Alors ces candidats de droite s'inquiètent et se préparent. Mais il s'agit moins pour eux d'atténuer le contenu dangereux de leurs projets que d'essayer de limiter un peu plus le pouvoir des syndicats, à l'instar de ce qu'avait réalisé Mme Thatcher, en Grande-Bretagne, il y a trente ans.

Juppé, Sarkozy, Fillon, Le Maire, Copé ont donné le « la », contestant la légitimité des syndicats. Nicolas Sarkozy a dénoncé « la démarche politique des syndicats ». Alain Juppé s'est déclaré prêt à affronter « des syndicats minoritaires et politisés ». Nathalie Kosciusko-Morizet en est venue à contester le droit de grève, assimilé à « une opération de blocage ». François Fillon est allé jusqu'à mettre en cause « le caractère démocratique de l'action de la centrale de M. Martinez ».

Pourtant, question légitimité, ces leaders de droite oublient que tous les partis de droite réunis comptent beaucoup moins d'adhérents que chacune des trois grandes centrales syndicales, CGT, CFDT ou FO.

Propos de campagne, pourrait-on alors penser ? Malheureusement ce n'est pas si sûr, tant est forte la volonté de réduire la capacité d'action des syndicats. Et de prôner, entre autres, dans leurs programmes, le « recentrage du Code du travail », le « développement des référendums d'entreprise », la « réduction des instances représentatives du personnel ». Mais la clé du projet de la droite est bien la « subsidiarité en matière d'accords collectifs », c'est-à-dire la mise en cause de la hiérarchie des normes sociales.

Le débat sur la place de la hiérarchie des normes sociales porte en fait l'enjeu des solidarités au sein du monde du travail. Face à des révoltes sociales balkanisées, le syndicalisme confédéré est né d'un élargissement progressif des protections du travail, de l'entreprise à la branche et à la globalité du salariat. Ainsi, grâce à ce principe, 97 % de la France au travail bénéficient aujourd'hui de garanties collectives de bon niveau. La droite, mais peut-être aussi une partie de la gauche, voudrait limiter l'action syndicale au

Cela ne peut que plaire au patronat, pour qui le contrat collectif d'entreprise pourrait systématiquement déroger à la loi ou au règlement. On remarquera qu'avec cette principale proposition, la droite ne fait que s'engouffrer, en l'élargissant et la systématisant, dans la brèche ouverte par la récente « loi travail ». Ce qui est bien, a posteriori, la confirmation que cette loi est dangereuse et que la majorité des syndicats ont eu raison de la combattre. Reste que le gouvernement actuel a ouvert la voie. La leçon est claire. Limiter l'expression des solidarités, c'est donner un peu plus d'espace à la logique de la rentabilité. Ce n'est certainement pas la direction à emprunter.

 

(*) Économiste et syndicaliste

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