Photos Ismaël Dupont - le Père Lachaise, samedi 22 octobre
le mur des fusillés de la Commune, auprès desquels sont enterrés plusieurs dirigeants et personnalités emblématiques du mouvement socialiste de la fin du XIXe siècle et du début du XXème siècle, puis du Parti Communiste
Monument d'hommage aux déportés du camp de concentration nazi de Flossenbürg ( dix otages morlaisiens raflés le 26 décembre 1943 y sont morts: en tout 13 déportés morlaisiens mourront à Flossenbürg, sur 31 qui y transiteront)
Flossenbürg (inauguré le 8 octobre 1988)
La base du monument est constituée d’une stèle de granit extraite de la carrière du camp, posée verticalement. Au bas de la stèle, sont esquissées les marches de l’escalier menant à la carrière. Au sommet, en granit rouge, le triangle des déportés politiques français. Au pied, quelques blocs à peine taillés provenant également de la carrière. Ce monument révèle le souci pédagogique de l’amicale de Flos senbürg, de par sa conception très simple et la présence d’une carte de localisation du camp.
Sur la colonne est gravé : Aux déportés du camp de concentration de Flossenbürg et de ses 95 Kommandos
Une plaque situe géographiquement le camp de Flossenbürg.
En-dessous est gravé : A l’intérieur de cette stèle édifiée en granit provenant de la carrière du camp est déposée une urne contenant des cendres recueillies dans l’enceinte du four crématoire de Flossenbürg libéré par la 3 e armée américaine le 23 avril 1945
Sur la gauche de la colonne est repris l’insigne et : 1945 – 1995 KZ Flossenbürg 50 Jahrestag der Befreiung (50 e anniversaire de la libération) In Erhfurcht vor den Opfern (en hommage aux victimes) Gemeinde Flossenbürg (la commune de Flossenbürg)
Le camp de Flossenbürg
Le KL Flossenbürg ouvre en mai 1938, près de Weiden, non loin de la frontière actuelle entre l’Allemagne et la République tchèque. Plus de 115000 détenus (dont 16000 femmes) sont passés dans le camp central et dans ses 95 Kommandos. 70000 sont morts. Flossenbürg fournit de la main-d’œuvre aux entreprises de l’Allemagne centrale. Le camp, pratiquement vidé de tous ses détenus, évacués depuis plusieurs jours, est libéré par des troupes américaines le 23 avril 1945. Plus de 4500 Français et 950 Françaises sont passés par Flossenbürg. Aucun n’est arrivé directement de France, tous sont passés par au moins un autre camp.
Monument d'hommage aux déportés de Ravensbruck, le camp où fut déportée Germaine Tillon, et où souffrirent au moins douze déportés morlaisiens: 120 000 femmes, dont 6600 françaises, et 20 000 hommes furent déportés à Ravensbrück, 60 000 déportés au moins y périrent)
Sculptés par Emile Morlaix dans le granit, deux énormes avant-bras surgissent d’un chaos rocheux devant un mur aux blocs parfaitement taillés.
L’ensemble traduit la brutalité et l’oppression à la fois organisées et arbitraires de l’univers concentrationnaire. Les poignets sont liés en signe d’asservissement.
Une des mains, qui retombe vers le sol, évoque l’affaiblissement et la mort de nombre de déportées.
L’autre, paume tournée vers le ciel, dressée mais contractée sous l’effet d’une violence invisible, rappelle la permanence de l’espoir et la quête de liberté.
Gravé sur l’une des pierres du socle : Ici reposent des cendres de femmes déportées martyres de la barbarie nazie 1939 – 1945 À l’arrière du monument une plaque : Le 29 avril 1951
Les déportées de Ravensbrück ont déposé ici des cendres de leurs camarades assassinées dans ce camp. Souvenez-vous d’elles.
Source: Association Française pour la Mémoire de la Déportation
Monument d'hommage aux victimes des camps de concentration nazi de Buchenwald et de Dora: 5 déportés morlaisiens sont morts à Dora, 12 à 14 à Buchenwald
" Qu’à jamais ceci montre comme l’Homme dut tomber et comment le courage et le dévouement lui conservent son nom d’Homme" Aragon
Monument inauguré le 5 avril 1964
La sculpture en bronze de Louis Bancel (ancien résistant du Vercors), installée sur une dalle de granit par l’architecte M. Romer (déporté à Buchenwald), rassemble dans une composition saisissante un groupe de trois déportés. La maigreur des trois hommes témoigne de la déchéance physique où conduit le système concentrationnaire. L’attitude de chacun des déportés renvoie à une symbolique précise: souffrance (homme renversé, figé dans la mort), solidarité (homme soutenant son compagnon), résistance et dignité (homme debout face à ses bourreaux).
Les camps de Buchenwald et de Dora
Le KL Buchenwald ouvre en juillet 1937, près de Weimar. Près de 240000 dé- tenus sont immatriculés à Buchenwald, dont 30000 femmes, et près de 60000 y meurent. Le camp compte plus de 130 Kommandos qui fournissent de la maind’œuvre aux industries de l’Allemagne centrale. En novembre 1938, Buchenwald est le principal lieu de détention des juifs arrêtés après la «nuit de cristal ». Durant la guerre, il accueille des prisonniers de marque pouvant servir d’otages. En 1945, arrivent un millier d’enfants juifs transférés du camp d’Auschwitz. Début avril 1945, les SS évacuent une grande partie des détenus. Les troupes américaines entrent à Buchenwald le 11 avril 1945, quelques heures après qu’une insurrection lancée par le Comité international clandestin eut libéré le camp. Ouvert en septembre 1943, le camp de Dora, situé près de la ville de Nordhausen, est d’abord un Kommando de Buchenwald. Il est associé à la construction des tunnels destinés à abriter les usines souterraines de fabrication des fusées V1 et V2. Les conditions de travail et de vie sont particulièrement terribles. En octobre 1944, Dora, Ellrich et d’autres Kommandos sont séparés administrativement de Buchenwald et sont rattachés au nouveau KL Mittelbau. Dans les dernières semaines, la masse des détenus est évacuée vers Bergen-Belsen ou Ravensbrück. Les troupes américaines entrent dans un camp presque vide le 11 avril 1945. 40000 déportés sont passés à Dora, 25500 sont morts, dont 11000 lors des évacuations. Environ 26000 Français sont passés à Buchenwald et dans ses Kommandos. Plus de la moitié meurt, notamment à Dora. En juin 1944, le Comité des intérêts français (CIF), dirigé par Frédéric-Henri Manhès, Marcel Paul et Jean Lloubes, est reconnu par le Comité international clandestin de résistance mis en place durant l’été 1943. Son action permet de soutenir le moral des Français et d’en sauver certains, sans pouvoir éviter la mort de beaucoup d’autres. Le Comité des intérêts français participe à l’insurrection libératrice du camp
Source: Association Française pour la Mémoire de la Déportation
Monument de Dachau (inauguré le ler juin 1985)
Description et interprétation du monument Dû aux architectes Louis Docoet et François Spy, ce monument est une évocation de la tenue des déportés: triangle en granit rouge de Finlande soutenu par deux colonnes en granit bleuté de Vire. L’ensemble représente également l’étroit passage de la porte du camp que beaucoup n’ont franchie que dans un seul sens. La masse du monument exprime la volonté de résistance des déportés face à leurs bourreaux.
Le camp de Dachau Le KL Dachau ouvre dès mars 1933, près de Munich, quelques semaines après l’arrivée au pouvoir des nazis. Environ 200000 détenus sont immatriculés dans le camp central et dans les 160 Kommandos. Près de 76000 y meurent. Dachau fournit de la main d’œuvre pour les entreprises d’Allemagne du Sud. Le camp est libéré le 29 avril 1945 par des troupes américaines, alors qu’une partie des détenus a été évacuée dans les jours précédents. Dachau est le lieu d’internement de catégories particulières de détenus: les prêtres arrêtés sont regroupés dans le camp à partir de 1941-1942; des personnalités y sont placées sous surveillance afin de servir d’otages. Environ 12500 Français sont passés à Dachau, dont 6000 déportés directement depuis la France et 2100 prisonniers de guerre ou travailleurs arrêtés dans le Reich.
Monument d'hommage aux déportés de Auschwitz-Birkenau (inauguré le 26 juin 1949)
La sculpture due à Françoise Salmon, déportée à Auschwitz, est composée d’une colonne en lave de Volvic à peine dégrossie d’où se dégage la forme simplifiée d’un déporté. La tête disproportionnée par rapport au corps exprime la primauté de l’esprit sur la matière qui permet à l’individu de survivre et de lutter contre la volonté d’anéantissement, d’asservissement et de déshumanisation.
Textes du monument Sur la dalle: une plaque avec ces mots:
"1941 – 1945 Auschwitz – Birkenau
Camp nazi d’extermination
Victimes des persécutions antisémites de l’occupant allemand et du gouvernement collaborateur de Vichy.
76000 juifs de France, hommes, femmes et enfants furent déportés à Auschwitz. La plupart périrent dans les chambres à gaz. Victimes de la répression policière, 3000 résistants et patriotes connurent à Auschwitz la souffrance et la mort. Un peu de terre et de cendres d’Auschwitz perpétuent, ici, le souvenir de leur martyre".
Le texte actuel remplace depuis 1995 le texte d’origine qui comportait plusieurs erreurs, notamment dans le nombre des victimes.
Et sur la dalle, une phrase écrite en bronze:
" Lorsqu’on ne tuera plus ils seront bien vengés.
Le seul voeu de justice a pour écho la vie". (Paul Eluard)
Les camps d’Auschwitz
Ouvert en 1940, le camp de concentration d’Auschwitz (ou KL Auschwitz I), près de Cracovie, en Haute-Silésie, est d’abord destiné à l’internement des opposants et résistants polonais. Le camp d’extermination de Birkenau (ou KL Auschwitz IIBirkenau) est ouvert en 1942. Il devient le principal lieu de déportation des Juifs d’Europe. Sur les 1,3 million de déportés arrivés à Auschwitz, 1,1 million sont morts. Seuls 270000 hommes et 130000 femmes sont immatriculés (et tatoués, ce qui est une spécificité du camp d’Auschwitz), tous les autres sont assassinés dès leur arrivée au camp. Le complexe d’Auschwitz est libéré par les troupes soviétiques le 27 janvier 1945. Il reste environ 7000 détenus, 58000 autres ayant été évacués dans les jours précédents. Près d’un million d’hommes, de femmes et d’enfants déportés de toute l’Europe sont assassinés dans les chambres à gaz d’Auschwitz-Birkenau parce que juifs. Figurent également parmi les victimes plus de 70000 Polonais non juifs, plus de 20000 Tsiganes et plus de 15000 prisonniers de guerre soviétiques, dont 600 exécutés lors du premier gazage à Auschwitz à l’automne 1941. Presque tous les Juifs arrêtés en France ont été déportés et sont morts à AuschwitzBirkenau. Deux convois de résistants (les «45000» en juillet 1942, et les «Tatoués » en avril 1944) et un autre de résistantes (les «31000» en janvier 1943), partis de France, arrivent à Auschwitz. Les déportés survivants de ces convois sont transférés vers d’autres camps par la suite.
Source: association française pour la mémoire de la déportation
Bergen-Belsen (inauguré le 23 mars 1994)
Description et interprétation du monument Dû à l’architecte Guillaume d’Astorg, le monument en pierre de taille et béton rappelle celui qui se dresse sur le site du camp de Bergen-Belsen, au milieu d’une lande de bruyère. Le mur retient le regard du visiteur et le dirige vers la fracture centrale qui ouvre sur l’obscurité et le néant mais laisse apparaître l’obélisque de l’espoir pointé vers le ciel. Les rails d’époque posés sur des murets et les traces de pas au sol rappellent les transports arrivant au camp
Le camp de Bergen-Belsen
Bergen-Belsen est d’abord un camp de prisonniers de guerre, où près de 20000 soldats soviétiques meurent de faim et de froid. En 1943, les SS le transforment en un camp particulier au sein du système concentrationnaire nazi: ils rassemblent dans un même camp, mais dans des secteurs séparés, des catégories de détenus distinctes. Les intitulés utilisés par les SS ne peuvent masquer la terrible réalité: les camps «d’hébergement » ou «de séjour » regroupent des Juifs maintenus en vie en vue d’échanges éventuels mais les mauvais traitements sont fréquents et, si plusieurs centaines de ces détenus sont convoyés jusqu’en Suisse, plusieurs milliers d’autres sont transférés à Auschwitz pour y être exterminés; le camp «de convalescence» est destiné aux détenus des camps de concentration incapables de travailler, mais les soins nécessaires ne leur sont pas fournis et la mortalité est donc très élevée. Les effectifs de Bergen-Belsen gonflent considérablement dans les derniers mois de la guerre avec l’arrivée des déportés évacués des camps de l’Est, dégradant les conditions sanitaires déjà désastreuses. Les troupes britanniques entrent dans le camp le 15 avril 1945. Près de 30000 hommes et femmes tentent de survivre à la famine et à la maladie au milieu des cadavres. 125000 déportés sont passés à Bergen-Belsen, 37000 sont morts avant la libération et 13000 après. Parmi eux, plusieurs milliers d’hommes et de femmes déportés de France en tant que Juifs, résistants, opposants ou otages.
Buna Monowitz Auschwitz III
(inauguré le 4 février 1993)
Sur un socle de granit, le sculpteur Louis Mitelberg, dit Tim (ancien Français libre) a disposé cinq figures longilignes en bronze. Leurs silhouettes affaissées témoi - gnent de la souffrance et de l’épuisement des déportés. Le corps transporté dans la brouette rappelle la forte mortalité dans le camp de concentration de BunaMonowitz. La lumière qui passe au travers des personnages et dessine les rayures de leur tenue de déportés souligne la fragilité de leur existence et leur situation de morts en sursis. u Textes du monument Sur le socle de pierre: Buna-Monowitz-Auschwitz III et ses Kommandos
Sur une plaque de bronze, en contrebas du socle de pierre: "De 1941 à 1945 Auschwitz III comptait 39 camps nazis, tous exploités par le trust allemand de la chimie IG Farbenindustrie : Buna-Monowitz, Blechhammrer, Gleiwitz I, II, III, IV, Rajko, Fürstengrube, Günthergrube, Jawischowitz, Jaworzno, Feudenstadt... 30000 déportés dont 3500 arrêtés en France, Juifs pour la plupart, y moururent de faim, de froid, sous les coups et d’épuisement, ou désignés par les SS lors des sélections, ils furent exterminés dans les chambres à gaz d’Auschwitz-Birkenau. N’oublions jamais !"
Le camp d’Auschwitz III – Monowitz
Ouvert fin octobre 1941 à proximité des usines Buna fabricant du caoutchouc synthétique pour l’entreprise IG-Farben, le camp de Monowitz est rattaché à celui d’Auschwitz. En novembre 1943, Monowitz devient un camp autonome sous le nom d’Auschwitz III, auquel sont rattachés près d’une quarantaine de Komman - dos travaillant pour l’industrie allemande implantée en Haute-Silésie. Les détenus sont pour la plupart des Juifs. Les conditions de travail sont extrêmement dures et des sélections envoient dans les chambres à gaz d’Auschwitz-Birkenau ceux qui s’épuisent le plus vite. Le camp est libéré par les troupes soviétiques le 27 janvier 1945, alors que la plus grande partie des déportés a été évacuée vers les camps de l’ouest.
Oranienburg-Sachsenhausen (inauguré le 2 mai 1970)
La sculpture en cuivre martelé de Jean -Baptiste Leducq s’impose à tous les visiteurs par son ampleur et sa force. La couronne hérissée à la base du monument représente la clôture barbelée des camps. Les poteaux de la clôture portent des racines qui donnent naissance à un arbre de douleur dont le sommet se change en flamme du souvenir. Au centre, s’élève comme un cri vers le ciel, l’image tragique d’un déporté, le corps tendu dans l’espoir de renaître et de vivre dans la mémoire des hommes qui le regardent.
Textes du monument Autour du socle de granit, en lettres de bronze est écrit: Oranienburg-Sachsenhausen Sur le socle une plaque avec ces mots: Aux 100000 morts du camp de concentration nazi Le camp d’Oranienburg-Sachsenhausen
Le KL Sachsenhausen ouvre en août 1936 au nord de Berlin. Il succède au camp d’Oranienburg ouvert en mars 1933, peu après l’arrivée au pouvoir des nazis. Près de 200000 détenus sont immatriculés et 100000 y meurent. Le camp compte plus de 60 Kommandos travaillant pour les industries d’Allemagne du Nord. Le camp, évacué dans les jours précédents, est libéré le 22 avril 1945 par les Soviétiques. À partir d’août 1938, le complexe Oranienburg-Sachsenhausen accueille l’Inspection des camps de concentration (IKL) qui supervise l’ensemble du système concentrationnaire depuis 1934. Il devient ainsi le modèle inspirant les autres camps. Plus de 8500 Français sont passés par Sachsenhausen, notamment les déportés du premier convoi parti de France (244 mineurs du Nord arrivés le 25 juillet
Henri Krasucki, un destin exceptionnel de réfugié juif polonais communiste.
Son père Isaac ouvrier tricoteur de Varsovie était membre du Parti communiste polonais dans la Pologne du maréchal Pilsudski, où l’anticommunisme le dispute à l’antisémitisme.
Isaac s’expatrie, en 1926.
Deux ans plus tard, son épouse, Léa (« Léyelé ») Borszczewska, ouvrière du textile et militante du parti communiste polonais comme lui, et son fils quittent à leur tour leur petit village juif de la banlieue de Varsovie, et le rejoignent à Ménilmontant, dans le 20e arrondissement de Paris.
Isaac et Léa travaillent dans « la maille » (le tricot), tenant un petit atelier de textile de Belleville qui compte alors une importante communauté yiddish et reprennent, aussitôt arrivés, le "combat des exploités" dans la CGTU, au PCF et dans des organisations juives révolutionnaires.
Pendant son enfance, Henri Krasucki est « l’un des plus célèbres pionniers rouges » de l’une des sections les plus représentatives des Jeunesses Communistes, celle de Belleville. Il y fait la connaissance de Pierre George, le futur Colonel Fabien, de 5 ans son aîné et qui devient son instructeur. Alors que ses parents souhaitaient le voir poursuivre des études, il préfère se faire embaucher chez Renault une fois son CAP d'ajusteur en poche ; ses qualités de syndicaliste le font vite remarqué.
En septembre 1939, le PCF est interdit par le gouvernement à la suite de la signature du pacte germano-soviétique. Isaac Krasucki doit plonger dans la clandestinité. Son fils a quitté l’école. En 1940 quand les Allemands entrent à Paris, il travaille dans une usine de Levallois, comme ajusteur. Il a quinze ans. À la fin de l’année 1940, Henri intègre les Jeunesses Communistes dans la section juive de la FTP-MOI du Parti Communiste dans le 20e arrondissement. Il a d’abord des responsabilités dans son quartier, puis à l’échelon de son arrondissement, et enfin en 1942 au niveau de la région parisienne.
À la suite du premier coup de feu du Colonel Fabien, le , qui marque le début de la Résistance armée des communistes français, Henri Krasucki prend sa part de risques : sabotages lancement de tracts depuis le métro aérien, actions militaires.
Le 20 janvier 1943, le père d'Henri Krasucki est arrêté pour sabotage et interné à Drancy ; il est déporté le 9 février à Birkenau et gazé dès son arrivée le 13 février.
Sous le pseudonyme de « Mésange » (une houppe de cheveux noirs coiffant alors son jeune visage émacié), Henri Krasucki, dit également « Bertrand », s’occupe des cadres et du recrutement des jeunes avec sa compagne Paulette Sliwka.
Il est arrêté le , à 7 h 15, à la sortie de son domicile, 8 rue Stanislas-Meunier Paris 20e,
Les inspecteurs de la Brigade spéciale no 2 des Renseignements généraux en feront le portrait suivant:
« Bertrand: 22 ans, 1,70m, mince, nez long, visage type sémite, cheveux châtain clair rejetés en arrière, retombant sur le côté. Pardessus bleu marine à martingale, pantalon noir, souliers jaunes, chaussettes grises. »
Comme sa mère et sa sœur, il est torturé pendant six semaines parfois devant sa mère, mais il ne lâche rien.
Les Français de la Brigade spéciale no 2 le livrent à la Geheime Feldpolizei, qui l’enferme à la prison de Fresnes, où il demeure privé de tout contact, dans le quartier des condamnés à mort avant d'être transféré au camp de Drancy. Il y retrouve ses camarades, Roger Trugnan et Samuel Razynski, dit « Sam ».
À la mi-juin, c’est la déportation vers l'Allemagne. Les jeunes manifestent dans le camp. Roger Trugnan raconte : « Nous chantions La Marseillaise et les gendarmes tapaient sur celles et ceux qui chantaient. » Son convoi depuis Drancy, le numéro 55, du 23 juin 1943, déportait 1 002 juifs, dont 160 enfants de moins de 18 ans, transportés dans des wagons à bestiaux. Deux jours et une nuit plus tard, ils arrivent à Birkenau, annexe d'Auschwitz. Seules 86 personnes de ce convoi ont survécu à la Shoah.
Henri et ses camarades sont affectés au camp annexe de Jawischowitz. Ils travaillent à la mine, seize heures par jour, avec la faim, les coups, et la crainte d’être malade, qui signifie la mort. Mais aussi la résistance : aussitôt arrivés, Henri, Roger, leur copain Sam ont cherché le contact. Ils continuent la lutte derrière les barbelés. Ils la continueront jusqu’au bout. Jusqu’à Buchenwald, où ils sont évacués en janvier 1945 - la terrible « marche de la mort ». Là, épuisés, ils sont pris en charge par l’organisation de Marcel Paul et du commandant Manhès.
Ils participent à l’insurrection du camp : « J’avais un vieux chassepot, raconte Roger, Henri avait un bazooka ! » (il faut faire la part des déformations de la mémoire : le Chassepot, fusil français de 1870, n'était pas courant en Allemagne ; et on ne s'improvise pas tireur au bazooka).
Henri Krasucki en revient le , « juste à temps pour manifester le 1er mai », comme il dira avec humour. Le lieutenant Krasucki, au titre des FTPF de Charles Tillon, travaille comme ouvrier métallo dans diverses usines de la métallurgie.
Henri Krasucki prit en charge Simon Rayman — le frère cadet de son meilleur ami Marcel Rayman, fusillé le par les nazis — qui se retrouve sans famille après que sa mère fut gazée dès son arrivée à Auschwitz, et s'en occupe comme d'un frère.
Après la guerre, il devient l'un des dirigeants du PCF, mais son principal engagement reste syndical. Il est naturalisé français en 1947, l'année même où il devient permanent syndical à la CGT En 1949, il est secrétaire de l’Union départementale de la CGT de la Seine. En 1953, il entre au bureau fédéral de la Seine du PCF, puis en 1956, au comité central du PCF en tant que membre suppléant. En 1961, il entre au bureau confédéral de la CGT, puis devient directeur de La Vie ouvrière (la « VO »), le journal du syndicat qu'il dirige pendant dix ans. En 1964, il devient membre du bureau politique du PCF. Avec Roland Leroy et Louis Aragon, il est l’un des « accoucheurs » du comité central d’Argenteuil, tournant historique du Parti dans ses relations à la culture, la recherche et aux intellectuels. En 1966, grâce aux liens tissés avec Marcel Paul à Buchenwald, il règle le long conflit entre Marcel Paul et la direction de la fédération de l'éclairage.
Quand Benoît Frachon se retire, en 1967, « Krasu » se trouve aux côtés de Georges Seguy. Il est un temps pressenti en 1967 pour prendre la direction de la CGT, mais Séguy lui est préféré. Un an plus tard, à l’occasion de la plus grande grève que la France ait jamais connue, Henri Krasucki est l’un des principaux négociateurs des accords de Grenelle.
Il succède à Georges Seguy en juin 1982, lors du 41e congrès à Lille, il va rester 10 ans à la tête de la CGT.
tombe du dirigeant socialiste espagnol, acteur essentiel du camp républicain pendant la guerre d'Espagne, Largo Caballero
Tombe de Jean Longuet, gendre de Marx, leader de la gauche de la SFIO, critique de l'Union Sacrée pendant la Grande Guerre mais non rallié à la IIIe Internationale, qui vécut à Morlaix
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