Le régime de Bachar al-Assad et son allié russe veulent en finir avec la ville rebelle. Dans Alep, ville encerclée et bombardée comme jamais, 250 000 habitants vivent un enfer.
Et si le cessez-le-feu d'une semaine n'avait été qu'un moyen pour le régime d'Al-Assad et ses alliés russe et iranien de préparer l'offensive finale sur Alep? La rupture de la trêve, le 19 septembre, a marqué le début de la pire campagne de bombardement de la zone, contrôlée depuis 2012 par les rebelles, où 250 000 habitants sont désormais encerclés.
Les raids ont fait au moins 128 morts depuis jeudi, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Ils ont détruit des dizaines d'immeubles. Les hôpitaux qui n'ont pas été détruits sont submergés. "Les chirurgiens opèrent directement sur le sol, plusieurs enfants partagent un même lit et un appareil respiratoire", rapporte Ziad Elissa, président de l'UOSSM, une ONG basée en France, qui coordonne le travail sur place, de médecins syriens.
Vider la ville
"On n'a jamais vu cela", confirme Djamal Jneid, membre du conseil d'Alep libre, contacté dans la ville turque de Gazientep, à 120 km de la cité martyre avec laquelle il est en contact régulier. "Ils visent les écoles, les hôpitaux, les boulangeries... Il n'y a plus aucun abri possible. Les Russes utilisent des bombes intelligentes qui peuvent atteindre les caves". Les pénuries augmentent de jour en jour. "Il n'y a plus qu'une dizaine de jours de réserve de fioul". Sans fioul, pas de générateur. Donc, pas d'électricité dans les hôpitaux, ni de pain dans les boulangeries.
Ce déluge de feu est-il le prélude à une offensive terrestre de l'armée syrienne pour renforcer le siège ou même prendre d'assaut la zone rebelle? La stratégie est sans doute plus subtile. Les raids aériens ne visent quasiment pas les positions militaires tenues par les rebelles modérés de l'armée syrienne libre. "Ils visent les civils. Pour nous, c'est clair. Ils bombardent encore et encore, puis ils vont ouvrir un passage dans quelques jours, parie Jamal Jneid. Le régime espère que les gens, qui tiennent depuis quatre ans, épuisés, partiront en masse".
Deuxième ville du pays, Alep est un objectif clé. En faisant tomber ce verrou, le régime conforterait sa mainmise sur tout l'ouest du pays. Il assurerait la continuité entre Damas et la côte ouest, où se trouvent les fiefs du président Assad et la base navale de Tartous.
"Barbarie" pour les Etats-Unis. "Crimes de guerre" pour la France. L'Occident a durci le ton ce week-end, à l'ONU. "Ce ne sont que des mots, enrage Jamal Jneid. Les Syriens ont compris depuis longtemps que les Etats-Unis et l'Europe ne feront rien pour les aider".
Patrick Angevin.
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