Le monumental mégalithe, bâti entre 5000 et 3800 avant J.-C., interroge sur la vie et la mort de nos ancêtres.
Le lieu
Imaginez-vous plus vieux de 7 000 ans. Le visiteur se place sur les hauteurs de la presqu'île de Kernéléhen en Plouézoc'h, au nord de Morlaix (29). Là, tourné vers le Sud, face au cairn de Barnenez (Kerdi Bras en breton), il voit, vers l'ouest, la baie de Morlaix dans laquelle se jettent le Dourduff et la rivière de Morlaix. Sur la rive opposée, Carantec. Il faut imaginer qu'à cette époque, la mer ne recouvre pas toute la baie. Les humains qui vivent ici trouvent leur nourriture dans une vallée qui n'est pas (encore) complètement inondée par la Manche.
Des symboles
Deux cairns en pierre sèche accolés recouvrent onze dolmens à couloir. L'ensemble s'étire sur 75 m pour 28 m dans sa plus grande largeur, et une hauteur moyenne de 6 m. La construction du cairn primaire a eu lieu vers 4 700 avant notre ère (entre - 5 010 et - 4 400), soit quelque 2 100 ans avant la plus ancienne pyramide d'Égypte. La construction du cairn secondaire commence vers - 4 300.
Ces grands cairns d'Europe occidentale, amoncellement de pierres qui recouvrent des dolmens à couloirs, témoignent d'une économie de production et d'un homme qui se sédentarise. Les sociétés humaines s'organisent et se hiérarchisent. Pour Pierre-Roland Giot (1919-2002), préhistorien qui, le premier, travailla à Barnenez, ces ouvrages ont d'abord une signification symbolique du monde des morts et des vivants. Ce ne sont pas seulement des sépultures.
L'histoire dans l'histoire
En 1954 et 1955, un entrepreneur de travaux publics pille les cairns, éventre les chambres funéraires. Venu sur place pour Ouest-France, le journaliste Francis Gourvil alerte le préhistorien Pierre-Roland Giot qui intervient. Les autorités font stopper les travaux. Le chercheur du CNRS commence des fouilles. Parmi les étudiants qui travailleront sur le site avec Giot, le Vannetais Yves Coppens, paléontologue qui découvrit Lucy. Le 18 janvier 1956, le cairn fait l'objet d'un classement au titre des Monuments historiques. André Malraux, alors ministres des Affaires culturelles, le qualifie de « Parthénon de la Préhistoire ».
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