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23 juin 2016 4 23 /06 /juin /2016 05:43

Pour ou contre l’aéroport de NDDL: l’impossible compromis

21 juin 2016 |

Par Jade Lindgaard

Occultée par les attentats, la mobilisation contre la loi sur le travail et l’Euro de foot, la campagne pour ou contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est invisible à l’échelle nationale. Dimanche 26 juin, plus de 900 000 électeurs de Loire-Atlantique sont appelés à se prononcer en faveur ou en défaveur du projet d’aérogare voulu par le gouvernement. Pour la première fois, des militants de base du « oui » apparaissent au grand jour.

Loire-Atlantique, envoyée spéciale.

- Une question depuis le fond de la salle. Puis une autre. Et encore une. Ne pas lâcher le micro. Occuper l’espace par les prises de parole. Ils sont deux militants du « non » dans une réunion du « oui ». Ils se battent pied à pied contre les arguments déroulés par les partisans de la construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Santé, emploi, finances, sécurité : à chaque sujet abordé par les orateurs, ils lèvent la main et leur opposent les points clés de leur programme. C’est de l’obstruction participative en mode ping-pong. Autour d’eux, dans la salle municipale Jacqueline-Auriol de Bouaye, 6 500 habitants, au sud de Nantes, la plupart des 70 personnes regardent sans réagir. Un homme s’impatiente, bras croisés : « Mais à quoi ça sert ? »

À l’extérieur, c’est la guerre sur les panneaux d’affichage : les slogans des uns sont arrachés par les autres. L’affiche des socialistes, avec sa photo d’enfant glissé dans un avion en carton et son slogan « Social Écologie », suscite moqueries et détournements. « On en prend plein la figure sur beaucoup de choses. Pour la campagne pour l’aéroport, on est plutôt bien accueillis, on ne se fait pas envoyer balader lors des porte-à-porte », relativise Dominique Duclos, conseiller communautaire PS à Nantes Métropole et élu municipal à Bouguenais, commune qui accueille l’actuel aérogare de Nantes Atlantique. Mais « c’est compliqué de mobiliser les militants. Le climat actuel au PS n’est pas à la sérénité ». Il croit à la victoire du oui, grâce à la « majorité silencieuse » : « On ne va pas convaincre les non mais il faut convaincre les oui d’aller voter. » Drôle de campagne où socialistes et Républicains (LR) se retrouvent du même côté mais où la gauche est scindée en deux camps irréconciliables.

Recouverte par l’onde de choc de l’attentat d’Orlando, en Floride, et de l’assassinat des deux policiers français, occultée par la vigueur de la mobilisation contre la loi sur le travail, la campagne pour ou contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est invisible à l’échelle nationale. Dimanche 26 juin, plus de 900 000 électeurs de Loire-Atlantique sont appelés à se prononcer en faveur ou en défaveur du projet d’aérogare voulu par le gouvernement mais contesté par plusieurs dizaines de milliers de manifestants à deux reprises en début d’année. Dans ce département bastion du parti socialiste, des centaines de personnes se mobilisent pour emporter le scrutin. Réunions publiques, tractages sur les marchés, « boîtages », campagne participative d’appels téléphoniques, animations et vidéos en ligne : loin des cabinets ministériels et des studios de télé d’info continue, c’est une bataille politique de proximité, frontale et passionnée qui se livre. Des militants aguerris y côtoient des débutants, des élus locaux partagent l’estrade avec des riverains et des experts. On y parle urbanisme, agriculture, climat et emplois. Pour la première fois, des militants de base du oui apparaissent au grand jour.

« Ah ! Vous entendez ? On va arrêter de parler pour que vous entendiez mieux. » Durant quelques secondes, l’air se remplit du vrombissement d’un avion. Il est près de 11 h 30, jeudi 9 juin, en bordure du marché Zola, dans un quartier populaire de l’ouest de Nantes. Guillaume Dalmard, 38 ans, marin, n’a pas encore enfilé sa chasuble bleue de militant des Ailes pour l’Ouest, une association favorable à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. « Je me suis engagé car je ne comprends pas pourquoi le processus légal n’arrive pas à aboutir. » Conçu dans les années 1960, lancé dans les années 1970, oublié dans les années 1980, relancé sous le gouvernement Jospin, le projet d’aéroport du Grand Ouest a fait l’objet d’un débat public en 2003 et d’une déclaration publique en 2008. Le groupe Vinci en a obtenu la concession en 2010. Plusieurs dizaines de recours déposés par les opposants ont été rejetés par la justice au fil des ans. « Ce sont les décisions de justice qui m’ont fait entrer dans le sujet, poursuit-il. On n’arrive pas à aller au bout. Je tracte sur ce marché car j’habite ici. On voit des gens. On leur dit : Prenez votre destin en mains. Notre action n’est pas politique. Ma vision du problème, c’est que s’y joue l’aménagement du territoire des deux prochaines générations. »

Le 11 février dernier, quelques jours après une manifestation de plusieurs dizaines de milliers de personnes à Nantes contre le projet d’aéroport, François Hollande annonce l’organisation d’un référendum local. C’est finalement une consultation, non décisionnaire, que le gouvernement décide d’organiser le 26 juin, dans le seul département de Loire-Atlantique. « Quand on a appris la consultation, les bras nous en sont tombés, explique Dominique Boschet, président de l’Association contre le survol de la ville de Nantes (Acsan). L’État est porteur du projet. Cette campagne ne devrait pas avoir besoin d’exister. La consultation, l’enquête publique, les échanges, les réunions publiques : tout a déjà eu lieu de 2003 à 2008. » Mardi 21 juin, à l'Assemblée nationale, lors des questions au gouvernement Manuel Valls a été très clair : « Si le non l'emporte, le projet sera abandonné. Si le oui l'emporte dimanche, le projet sera engagé. » « Quand on a appris qu’il y avait ce vote, on s’est dit : mais c’est pas vrai, ils changent les règles du jeu. » Institutrice retraitée, Solange habite Saint-Aignan-Grandlieu, petite ville qui s’étend dans l’axe de la piste de l’actuel aéroport. Elle vit depuis 1976 dans le bruit des décollages et atterrissages des avions et depuis quarante ans s’entend promettre que l’aérogare va déménager. Sa fille Élisabeth, orthophoniste, est revenue s’installer dans la commune. Elle s’inquiète, études scientifiques à l’appui, des effets des nuisances sonores sur la santé des enfants et leur apprentissage de la lecture. « Je ne me suis pas pressée de prendre ma décision pour le oui. Il ne m’a pas suffi d’être gênée. Quand vous avez toujours connu un endroit, on ne se rend pas compte de l’impact que l'environnement a sur vous. Je n’aurais jamais cru que le bruit des avions avait des impacts cardiovasculaires. Nous ne sommes pas qu’un symbole. C’est très concret, ce que nous vivons. » Toutes deux ont participé à la création du Collectif citoyen engagé pour le transfert de l’aéroport (Coceta), au printemps dernier. « Les militants du oui ont du mal à s'afficher » « Pendant de nombreuses années, il y a eu une chape de plomb, une pression sur les personnes favorables à l’aéroport, analyse Dominique Boschet, président de l’Acsan, créée en 2003, lors du débat public sur le projet d’aéroport. Les gens de Saint-Aignan ne voulaient pas se mobiliser. Ils avaient peur. On a fait une première réunion avec eux : ils ont applaudi mais n’ont pas parlé. Depuis, ils ont pris confiance en eux. Ils ne voulaient pas apparaître à la télé. Les autocollants “oui”, on commence à les voir sur les voitures. Mais les militants du oui ont encore du mal à s’afficher. Le problème, c’est l’isolement. Ils sont nombreux à être pour l’aéroport mais ils ne savent pas ce que pense leur voisin. Il n’y a pas eu de collectif suffisant. On n’a pas su communiquer. » Pour Élisabeth, du Coceta de Saint-Aignan : « On ne s’est pas mobilisés plus tôt car on a laissé faire la démocratie. Ce n’est pas facile de monter une réunion quand on ne veut pas particulièrement faire de la politique. On ne le fait pas par plaisir mais par nécessité. » Bottes au pied, elle invite, avec sa mère et un troisième membre du Coceta, Jocelyne, à venir admirer le lac de Grand-Lieu, immense étendue d’eau bordée de joncs, de fleurs et de prairies que survolent les avions. « Nous ne sommes pas des bétonneurs. Nous aussi, nous sommes écolos mais la différence avec Notre-Dame-des-Landes, c’est qu’ici il y a une population. » D’après leurs calculs, 8 400 élèves subissent les nuisances sonores de Nantes Atlantique.

Comme ces trois habitantes, le maire de Saint-Aignan-Grandlieu, Jean-Claude Lemasson, également vice-président de Nantes Métropole, rêve d’une commune libérée des avions. Chef d’entreprise, ingénieur spécialisé en construction à faible impact, il est élu depuis 2008. Il en veut à Mediapart pour un article sur la visite de la Commission nationale du débat public (voir ici) : « Tout ceci concourt à discréditer le travail des élus locaux. » Il reçoit malgré tout dans une salle de réunion de sa mairie vide d’employés en fin de journée. Aux murs, la carte du plan d’exposition au bruit de sa ville de 3 700 habitants. Dix jours plus tôt, il a organisé une opération ville morte pour simuler la disparition de sa commune si l’aéroport reste à son actuel emplacement. Pourquoi cette image de deuil alors qu’ils profitent des recettes fiscales de la zone aéroportuaire ? Le potentiel financier par habitant atteint 1 697 euros à Saint-Aignan, contre 591 euros en moyenne dans le département, selon le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET). Coincé entre le lac de Grand-Lieu et l’aéroport, le bourg est condamné à subir toujours plus de nuisances si le trafic aérien poursuit son essor dans les prochaines années, répond l’édile qui insiste sur l’enjeu de « survie » de sa ville. À cause de la loi Littoral qui protège les abords du lac et limite la constructibilité de la zone, la commune ne peut pas se développer vers des zones moins exposées aux nuisances sonores. « Il y a des problèmes réels à Nantes Atlantique et à Notre-Dame-des-Landes. Il faut arrêter de stigmatiser les uns et les autres. C’est devenu irrationnel. Quand on construit quelque chose, que ce soit une crèche ou un aéroport, forcément on casse un peu et on modifie la biodiversité. La question est : quel est le meilleur compromis ? Je pense que c’est le transfert de l’aéroport. Mais je me bats aussi pour une idée : si Nantes et sa grande région n’ont pas un grand aéroport, on n’existe plus. »

La considérable œuvre de contre-expertise accomplie par les opposants depuis quinze ans laisse de marbre Dominique Boschet, le président de l’Acsan : « Notre manière de fonctionner, c’est de nous appuyer sur les documents officiels : le contrat de concession, la déclaration d’utilité publique. On ne se prend pas pour des experts. Si je passe sur un pont, je préfère qu’il soit fait par un ingénieur des Ponts et Chaussées plutôt que par un citoyen. » Dans le camp d’en face, l’argumentaire est hyperrodé depuis quinze ans que des opposants battent la campagne. La première association contre l’aéroport, l’Adeca, qui réunit des paysans de la zone d’aménagement différée dessinée par l’État pour y implanter le site aéroportuaire, remonte aux années 1970. Les collectifs et militants se méfient de la consultation, perçue comme un piège voire une mascarade en raison de ses conditions de réalisation (voir ici). Ils ont malgré tout écarté le boycott et décidé d’appeler les électeurs à voter non. Depuis la fin du mois de mai, ils ont organisé 25 réunions publiques, quasiment une par jour, et distribué 470 000 tracts. L’Acipa, le collectif historique de riverains opposants, s’est allié au réseau 350.org pour lancer un appel contre l’aéroport 3. Mercredi 22 juin, une vingtaine de personnalités signataires (Cécile Duflot, Eva Joly, Noël Mamère, le journaliste Fabrice Nicolino, le réalisateur Jean-Paul Jaud) doivent donner une conférence de presse depuis l’un des lieux emblématiques de la ZAD, La Vache Rit. « La campagne du non, on essaie qu’elle ne s’appuie pas juste sur les arguments contre l’aéroport mais aussi sur les luttes gagnantes sur notre territoire : la sauvegarde des marais salants de Guérande, les roselières de Loire contre l’extension du port de Saint-Nazaire, ou contre la centrale nucléaire du Canet », explique Geneviève Coiffard, militante d’Attac, enseignante retraitée dévouée à la cause depuis de nombreuses années. Contre la loi sur le travail, des militants de la CGT d’AGO, la filiale du groupe Vinci concessionnaire de l’aéroport, ont tenu des barrages avec des occupants de la ZAD. En soutien des riverains et des paysans, ces derniers ont écarté l’idée de bloquer et saboter les bureaux de vote. Lors du week-end de la consultation, les 25 et 26 juin, ils appellent les volontaires à venir les aider à avancer leurs propres travaux en cours et, avec une pointe d'humour, à « refaire un dôme »... « C’est la première fois de ma vie que je tracte » Mercredi 8 juin, vers 18 heures, plusieurs dizaines d’habitants font leurs courses sur la dalle du quartier Bottière-Chénaie, au nord-est de Nantes. Les immeubles sont sortis de terre il y a une dizaine d’années et côtoient des pavillons plus anciens. Une ligne de tram passe tout près, des parents circulent à vélo, des enfants à trottinette. Un groupe distribue des tracts pour le non à l’aéroport. « C’est la première fois de ma vie que je tracte », explique Pierre, 56 ans, employé dans une collectivité territoriale : « Je n’ai jamais milité. Je ne suis pas allé aux réunions sur la ZAD. Je suis un ouvrier de la 11e heure. Mais il y a une consultation, un cadre pour s’exprimer. Je trouve ma place. Je suis un opposant et je suis un militant sage, trop peut-être. » À ses yeux, « l’aéroport est un équipement complètement inutile, au milieu de nulle part, non raccordé aux transports en commun. Je me mobilise pour la défense de l’environnement. Projet surdimensionné, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est un équipement d’un autre âge. Je me demande si dans trente ans il y aura encore des avions. »

Il est rejoint par Bertrand Caron, militant du parti de gauche et de Sud Rail, cheminot en lutte contre la loi El Khomri. « C’est ma 9e journée de grève. Je suis contre l’aéroport pour des raisons écologiques. Ça ne crée pas d’emplois et c’est une gabegie financière. On phagocyte une partie des financements. Si le mode ferroviaire, c’est l’avenir, il est absurde de créer un nouvel aéroport. » Il regarde autour de lui : « Ici c’est plutôt un territoire favorable au non. C’est un nouveau quartier. Après, les gens agrègent un peu différentes aigreurs : contre l’aéroport, contre le gouvernement. » Non loin, Séverine Misset, chercheuse, constate : « J’ai vu peu d’indécis, ça m’a surprise. Des gens qui posent des questions et cherchent à en savoir plus, il n’y en a pas tant que ça. » Assis sur un banc auprès de son enfant, un homme en t-shirt vert hésite pourtant : « Je ne sais pas quoi voter mais je veux aller voter. C’est important quand on demande son avis à la population. » Sur Notre-Dame-des-Landes, il se demande « si c’est vraiment utile en période d’économie de dépenser de l’argent public pour ça. Il ne faut pas faire de dépenses pour rien ». Sur la ZAD, il a « de mauvais échos. Des copains habitaient à côté, il y avait des checkpoints. Une mauvaise ambiance ». Et le bruit des avions ? « Ici on les entend mais ce n’est pas une fréquence de fous. Avant d’être ici, on habitait sous le couloir aérien de Charles-de-Gaulle. En comparaison, ici, ce n’est pas si gênant. » Julien, vendeur de galettes bio, a collé une affiche « Non à l’aéroport » sur son frigo, en évidence derrière sa vitrine. « Les gens veulent être à la ville mais ils ne veulent pas le bruit. C’est comme avec les bars… Mais ce n’est pas à la campagne qu’il faut construire un aéroport. Les villes sont faites pour ça. » Son voisin, vendeur de légumes, l’assure : « S’il y a plein de gens contre, il doit bien y avoir une raison. La ZAD ? J’aime beaucoup cet aspect. Il y a plein de choses qui déconnent dans ce monde. On peut vivre autrement sans être dans une démarche capitaliste. C’est une lutte contre ce qu’on essaie de nous imposer. » À Nantes, la coordination des tractages est en partie assurée par un couple de retraités, Ellen et Michel Berjon. Danoise de naissance, elle a travaillé comme bibliothécaire à l’université. Vendéen d’origine, il a enseigné en lycée agricole. Tous deux sont membres de longue date de l’Acipa. Dans la véranda de leur maison agrémentée d’un vaste jardin devenu potager, ils ont étendu une carte de la ville, morcelée en îlots de 5 000 habitants : les zones à ratisser par les militants. Dans les boîtes aux lettres, chacun est invité à glisser un tract et une bande dessinée explicative. Des cartons d’affiches « Non à l’aéroport » s’empilent derrière eux. Au total, une centaine de personnes sont mobilisées pour passer au peigne fin 55 îlots. « On a une sensibilité écolo depuis toujours, explique Ellen. On dit non à l’aéroport et à son monde : la fuite en avant, le toujours plus, il faudrait cinq planètes pour que tout le monde ait notre niveau de vie. C’est un ensemble : on est toujours à vélo, par exemple. Si on ne met pas ses idées en pratique, ça ne sert pas à grand-chose. » Récemment, ils ont pris l’avion pour aller à Copenhague : « Habituellement, on prenait le train de nuit mais la desserte a disparu. Ça faisait des années qu’on n’avait pas pris l’avion. » La ZAD ? « On y va mais assez peu. Il faut prendre la voiture. Ayant été jeunes en 68, on a de la sympathie pour ces jeunes qui ont envie de vivre autre chose. »

Dans le mouvement des antiaéroport, les Nantais se font rares. « C’est dur à Nantes, explique Ellen. Il y a une campagne d’intoxication sur le risque à cause du survol de la ville par les avions. Et il y a la question du bruit. » Mais pour Michel, « les zadistes portent un espoir pour nous. Dans cette catastrophe qui s’annonce, je les vois comme des expérimentateurs d’une autre manière de vivre. Ils arrivent à vivre et à faire la fête sans argent. Le “non-marché”, “à prix libre”, est un exemple pour les jeunes générations. Ils ne sont pas dans la consommation à fond ». Parti contre l’aéroport à la fin des années 2000, le mouvement autour de Notre-Dame-des-Landes prend de plus en plus la forme d’une mobilisation pour la ZAD. Occupés depuis la fin 2008, les 1 600 hectares réservés par l’État pour y construire l’aérogare et sa plateforme sont devenus le symbole de la résistance aux « grands projets inutiles », comme le barrage de Sivens ou la ligne de train à grande vitesse Lyon-Turin. Une utopie à ciel ouvert, à la périphérie de l’une des capitales françaises de la modernité urbanistique. Ses habitants ont popularisé un slogan : « Contre l’aéroport et son monde ». Cette expression de révolte, comment le président des Ailes pour l’Ouest, la principale association en faveur de la construction du site, ancien concessionnaire automobile et ex-président de la chambre de commerce, la comprend-il ? « C’est contre l’économie, le développement économique, le voyage, la mobilité des personnes, répond Alain Mustière. C’est comme la ZAD. On met tout sous cloche et on ne fait rien. Ni route, ni chemin de fer. Aucun investissement. » Et que pense-t-il de ce qu’il se passe sur la « zone à défendre », sans doute le plus grand squat d’Europe ? « Je vois des gens qui vivent entre eux. Ils occupent des terrains qui ne leur appartiennent pas. C’est leur droit. Dans toutes les générations, on a vu des gens qui voulaient vivre en marge de la société. Mais la ZAD, c’est aussi la violence. La ZAD est le bras armé des gens opposés à l’aéroport. » Oui contre non : la bataille est frontale et le compromis impossible. L’issue du scrutin dépendra de la capacité de mobilisation de chaque camp. D’après les animateurs de la campagne téléphonique du non, le poids des indécis semble important et pourrait annoncer une faible participation. C’est le paradoxe de cette controverse à la fois technique et politique : partisans et opposants au projet d’aéroport sont si convaincus de leur fait que cette polarisation laisse peu d’espace à celles et ceux qui ne se sont pas encore fait leur opinion.

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