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18 mai 2016 3 18 /05 /mai /2016 05:46

Arnaud Montebourg s'est présenté lui-même ce week-end dans le Morvan au sommet du mont Beuvray comme potentiel candidat aux Présidentielles, se fendant d'un appel aux Français pour "bâtir un grand projet alternatif".

Il était entouré de députés PS frondeurs (Laurent Baumel, Philippe Baumel, Christian Paul), d'Aurélie Filipetti, ex-ministre de la culture, sa compagne.

L'homme est plutôt brillant dans le verbe. Nous avions appris à le connaître après 2002 quand, à peu près seul parmi les socialistes, il faisait publiquement une analyse sans concession et lucide des causes qui avaient conduit à l'élimination de Jospin au 1er tour des présidentielles, remettant en cause déjà les institutions de la Ve République. Pendant longtemps, il a été celui au sein du PS qui a porté avec le plus de détermination et d'obstination le thème de la VIe République, avant de se fondre sans aucun problème, à la manière d'un Mitterrand en son temps, dans le moule monarchique de la Ve République.

En 2005, avec Benoît Hamon et Vincent Peillon notamment, il défendait le Non au Traité Constitutionnel Européen, jugé trop libéral et représentant toute la dérive néo-libérale de l'Union Européenne.

En 2012, sa campagne au sein du PS pour les Primaires lui a permis de développer souvent de manière convaincante le thème de la démondialisation. Seulement, tout cela s'est terminé de manière pathétique, avec un soutien à François Hollande au second tour de la Primaire, pourtant perçu par tous comme l'homme de la droite du PS, qui lui permettait de monnayer un grand ministère.

En tant que ministre de l'économie et du redressement productif, Montebourg a mis en oeuvre et cautionné une politique pro-patronale, libérale, incapable de sortir le pays de l'ornière économique et de lutter contre le chômage. Sa démagogie sur le "patriotisme économique", "les entreprises patriotes" faisait un peu penser au discours économique vichyste et sonnait le glas de la lutte des classes. C'était la grosse blague du "Produit en France" quand des centaines d'entreprises licenciaient et délocalisaient, que les travailleurs détachés commençaient à affluer pour niveler par le bas les salaires et conditions sociales.

Le goût du strass, des paillettes, du vedettariat de Montebourg, son opportunisme et sa facilité à jouer de la sophistique pour maquiller les errements et la nullité d'une politique, son éclectisme idéologique à la Ségolène Royal, ses revirements, le rendent décidément peu digne de confiance et ce n'est assurément pas sur celui qui se réclame de l'héritage "de Colbert et de Roosevelt", plus que de Jaurès et de Marx, que nous miserons pour tenter d'unir la gauche de gauche et de lui faire faire le meilleur score possible aux Présidentielles de 2017.

Montebourg est par ailleurs assez fermé à la préoccupation écologique qui doit être centrale dans un projet politique de gauche au service de l'intérêt général et humain aujourd'hui.

Et bien peu de Français lui font confiance a priori: trop de gueule, trop d'enfumage par une communication verbeuse, trop de sinuosités, pas assez d'esprit de suite, d'humilité et de convictions.

En creux, cela dit notre difficulté, voire notre incapacité à accorder le moindre crédit pour porter un projet alternatif authentiquement de gauche rompant avec le libéralisme et de progrès social, démocratique et écologique, aux dirigeants socialistes qui aujourd'hui dénoncent la politique du gouvernement Valls et de Hollande (critiquant notamment la loi Macron, la déchéance de nationalité et l'état d'urgence, la loi El Khomri), sans aller jusqu'à vouloir renverser ce gouvernement, quand ils ont voté, accepté et mis en oeuvre les principales dispositions libérales des trois premières années de la présidence Hollande: le TSCG, pacte budgétaire européen, la réforme des retraites, l'ANI, le CICE, l'austérité, la hausse de la TVA, la réforme de l'hôpital. Quand ils ont justifié précédemment toute les trahisons démocratiques de Hollande.

Il y a dans leurs rebellions assez tardives comme toujours au PS une forme de jeu politicien pour préparer le coup d'après, après la défaite, s'inscrire comme incontournable dans les recompositions du pouvoir interne.

Ce n'est pas de ces égotismes carriéristes et de ces jeux politiciens dont les Français veulent, mais de sincérité, d'esprit de suite, de courage et de sens des responsabilités.

Ismaël Dupont

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