Question orale: reviendra t-on vers des menus adaptés à tous dans les cantines des écoles publiques à Morlaix?
Les 8 élus de l'opposition: Michèle Abramovicz, Elisabeth Binaisse, Guénaëlle Clech, Jean-Pierre Cloarec, Loïc Digaire, Ismaël Dupont, Sarah Noll, Jean-Paul Vermot
Madame le Maire, Mesdames et Messieurs les élus de la majorité, les parents d'élèves des écoles publiques et les élus de l'opposition ont appris avec avec consternation trois jours avant les vacances de février la décision de passage au menu unique dans les écoles primaires et maternelles publiques de Morlaix se traduisant par la suppression des compléments alimentaires pour les enfants qui ne mangent pas de viande, ou pas de porc, voire même, dans le pire des cas, par le fait de pouvoir leur servir du porc ou de la viande même s'ils ne veulent pas, et ne peuvent pas en manger.
Ces possibilités alternatives pour les régimes sans porc et les régimes végétariens étaient pratiquées depuis des années, concernant 10 % à 15 % des enfants. Elles ne posaient strictement aucun problème à Morlaix ni ne soulevaient de polémiques: dans les faits, c'était une alternative à la viande proposée tous les jours et non des menus confessionnels. Les parents veulent une école ouverte et républicaine, où chacun trouve sa place.
Ces dispositions ne coûtaient rien de plus à la collectivité, s'appuyaient sur du pragmatisme, un esprit d'ouverture et de tolérance, sur la volonté d'accueillir tous les enfants, toutes les familles à l'école publique.
Cette décision brutale et sans discussion de passage au Menu Unique alors que le mode de réservation des repas avait déjà été modifié a été ressentie de manière très violente par beaucoup de familles ayant des enfants scolarisés dans les écoles publiques de Morlaix : elles ont considéré que pour des raisons politiciennes et par souci de publicité, on voulait créer une polémique dans un contexte de xénophobie montante sur la question communautaire et identitaire, l'assimilation des personnes issues de l'immigration ou des musulmans, au préjudice de l'équilibre alimentaire des enfants.
Elles ont senti qu'on voulait mettre en avant bruyamment une conception ethnocentrique, restrictive, intolérante, contraire à son esprit véritable, de la laïcité.
Pourtant, le vade-mecum de l’Association des Maires de France sur la Laïcité de novembre 2015 dit : « dans les faits, la diversification des menus ou le choix offert aux enfants dans certaines cantines scolaires permet de leur assurer un repas équilibré sans contrevenir aux règles de la laïcité. Lorsque le choix n’existe pas, les personnels chargés de la restauration scolaire apportent toujours une attention particulière à compenser par d’autres aliments ceux que les enfants n’auraient pas choisis, et ce, pour quelque motif que ce soit, religieux ou pas ».
Pour nous, la laïcité, c'est la mise en place des conditions d'accès pour tous à la liberté de conscience, c'est la neutralité de l’État et de la sphère publique par rapport aux cultes, c'est l'égalité reconnue à tous les citoyens, ce n'est pas le rejet de certaines religions, de certaines cultures.
Au-delà même du contenu de la décision de passage au Menu Unique, ce qui nous révolte, c'est la manière dont a été prise la décision.
Pas d'information des membres de l'opposition de la commission enseignement, pas de débat en Conseil Municipal alors qu'on a adopté un nouveau règlement des Cantines scolaires en décembre et que cette question particulière avait été posée en Commission Enseignement, pas d'information et de débats en Conseils d'école, une information de dernière minute à la veille des vacances aux Parents.
On justifie la non information de l'opposition dans la presse par le fait qu'elle ne participe pas à la Commission Menu à laquelle on ne l'a jamais conviée. On justifie le passage au Menu Unique par un souci de lutter contre le gaspillage alimentaire et de veiller à l'équilibre nutritionnel des enfants alors que le mobile est tout autre et que le résultat est diamétralement opposé.
Aujourd'hui, nous craignons qu'un certain nombre de familles se ressentent rejetées d'une certaine manière dans leur particularités culturelles par la Mairie et l'école publique. Nous craignons pour l'équilibre financier de la Cuisine Centrale si un certain nombre de parents ne mettent plus leurs enfants à la cantine, nous craignons pour le maintien des effectifs des écoles publiques, nous redoutons surtout que certains enfants, régulièrement, ne mangent pas complètement à leur faim le midi à la cantine ou que leurs parents s'inquiètent de les savoir déjeuner à la cantine.
Le jeu en valait-il la chandelle ? Sans parler des tensions communautaires que l'on agite avec de telles prises de décision.
Allez-vous entendre la demande des parents d'élèves à travers la pétition de l'Amicale Laïque des écoles de Morlaix et revenir sur cette décision qui ne se justifie en aucune manière ? Allez-vous enfin engager le dialogue avec les parents d'élèves ?
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