Le contrat de travail repose sur une fiction : il s’agirait d’un accord conclu librement entre des parties supposées égales. On sait ce qu’il en est en réalité et comment pendant des siècles (et encore souvent aujourd’hui) il s’est agi de la mise en œuvre d’un véritable arbitraire patronal. A tel point que l’on a pu dire que « la démocratie cessait d’exister dès que l’on franchissait la porte des entreprises ».
Pour rééquilibrer cette situation, par leurs luttes souvent brutalement réprimées et avec le soutien des forces de gauche, les salariés se sont donné des outils pour se défendre collectivement et individuellement : les organisations syndicales et un ensemble de lois et règles regroupées dans le Code du Travail.
Dans le cadre d’une politique de plus en plus soumise aux dogmes du libéralisme, c’est à cet ensemble de garanties issues des luttes des salariés et des combats de tous les progressistes que s’attaque un gouvernement qui continue à se déclarer « de gauche ».
En 131 pages tout y passe : dérèglementation du temps de travail, remise en cause des moyens de négociation des syndicats dans un contexte de chantage permanent à l’emploi , plafonnement des indemnités de licenciement sans cause réelle et sérieuse, élargissement des conditions des licenciements économiques, non prise en compte des astreintes dans le temps de travail, possibilité donnée aux entreprises de réduire les salaires et/ou de modifier le temps de travail en cas de « difficultés économiques » avec possibilité de licencier pour cause réelle et sérieuse ceux qui refuseraient.
Il s’agit en fait de ramener les salariés au rôle de « moyens de production » sans prise en compte de leur vie, de leurs contraintes, de leur ancienneté. C’est-à-dire de refuser de prendre en compte leur dimension humaine et sociale.
C’est donc d’un risque de recul historique des droits des travailleurs qu’il s’agit. Au siècle dernier Henri Krasucki affirmait fort justement que « la régression sociale ne se négocie pas, elle se combat ».C’est ce combat qu’il faut mener et amplifier jusqu’au retrait de cette loi liberticide.
Quelles que soient leurs divergences sur tel ou tel aspect de la vie politique, toutes celles et tous ceux qui refusent de voir sacrifier des siècles de combats pour la dignité des salariés sur l’autel de la soumission au libéralisme doivent s’unir et agir ensemble. Déjà le million de signatures sur la pétition, la multiplication des rassemblements, des initiatives, des actions montrent que la volonté de se battre existe.
Ensemble nous avons la force de mettre en échec cette agression sans précédent contre les droits des travailleurs, des jeunes et des générations futures.
Morlaix, le 04.03.2016
Alain DAVID