Ah! Cette fameuse détention administrative dont se délecte tant le gouvernement et la "justice" israélienne. Héritière du droit colonial britannique, celle du fameux mandat sur la Palestine, elle est utilisée de la même manière par Tel-Aviv. Au trou, pour six mois, emprisonnement renouvelable autant qu'il le faut. Comme le veulent les maîtres. Nul besoin de donner des raisons. Le droit n'existe plus. Est-ce là l'attitude d'un pays qui s'autoproclame "la seule démocratie du Proche-Orient"?
Des milliers de Palestiniens (peu importe qu'ils soient hommes, femmes ou mineurs) sont incarcérés à ce titre. Parmi eux, le journaliste palestinien Mohamed Al Qiq. Le Shin Beth, la sécurité intérieure israélienne, l'accuse d'être un membre actif du Hamas, considéré comme "terroriste" par Israël, les Etats-Unis et l'Union Européenne. Nul besoin de preuves. Notre confrère a été mis en prison comme un vulgaire prisonnier de droit commun. Et l'on sait, par des organisations israéliennes comme B'Tselem, que la torture est un quotidien des geôles israéliennes. Etre membre du Hamas serait donc un élément suffisant pour embastiller un Palestinien?
Mohamed Al Qiq a toujours dénoncé cette incarcération. Il est entré en grève de la faim pour dénoncer une arrestation et une détention arbitraire. Pour être entendu, il observe une grève de la faim depuis le 25 novembre. Il entend dénoncer "la torture et les mauvais traitements qu'il a subis pendant son interrogatoire" a indiqué Addameer, une organisation palestinienne de défense des prisonniers. "Il a perdu la capacité de parler et a du mal à entendre", selon son avocat. Transféré dans un hôpital, il est toujours, en réalité, sous contrôle des autorités judiciaires israéliennes.
La Fédération internationale des journalistes (FIJ) vient de dénoncer les mesures prises contre ce journaliste et vient d'interpeller Benyamin Netanyahou.
Pierre Barbancey, L'Humanité du 19 février 2016
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