Quatre bâtiments centraux de la résidence d'"Aiguillon", organisme HLM et promoteur privé, "Les jardins du Launay", dénommés sur les plans d'Aiguillon G H P Q, ont été retirés du plan de rénovation des bâtiments de la résidence "Les Jardins du Launay" qui touche aujourd'hui 14 bâtiments et 280 logements où, par tranches successives de travaux, à partir de janvier 2016, Aiguillon Construction, avec un plan de financement de 5,5 millions d'euros, largement subventionné par l'argent public, pratiquera les indispensables désamiantage, restauration, rénovation, isolation qui s'imposent depuis des années.
Ces travaux de rénovation, d'isolation thermique et de désamiantage étaient plus que nécessaires car les bâtiments de cette résidence à l'architecture novatrice et audacieuse et à la qualité de vie attestée par les habitants, la proximité des écoles et des services, étaient plus que nécessaires, tant les appartements étaient durs à chauffer, dégradés et humides pour certains d'entre eux.
La résidence du Launay, bâtie sur un marécage avec des matériaux et des méthodes de construction bon marché parfois inadaptés en dépit de la conception originale et intelligente des bâtiments et des logements mettant l'accent sur la vie sociale, les espaces de jeu, de détentes, les jardins, avait déjà fait l'objet d'une rénovation dans les années 1980 suite à un mouvement de protestation contre la dégradation rapide des logements et de rétention de loyers des locataires de ces immeubles HLM.
A l'époque, il y avait beaucoup de mixité sociale à Kervraval, grâce à la présence de l'école Freinet Jean Piaget à côté et au caractère novateur du bâti et à la qualité de vie qu'il proposait alors pour les familles.
L'architecte Weber, initiateur du projet, qui avait dû payé des sommes énormes suite aux malfaçons des bâtiments et aux plaintes qui s'en étaient suivies, avait été quasiment ruiné.
Depuis, pendant des décennies, aucuns travaux d'importance n'ont été réalisés dans les bâtiments de Kerfraval et les locataires se plaignaient à raison de logements qui se dégradaient et qui ne correspondaient plus aux normes de confort et d'isolation en dépit du soin qu'ils apportaient à l'aménagement de leurs appartements.
Aiguillon, voyant que des travaux étaient prévues à Pors-ar-Bayec sur les logements Habitat 29, a peut-être pris la mesure de l'urgence de pratiquer ces rénovations pour ne pas dévaloriser son parc en comparaison, et favoriser une fuite des locataires, et a donc programmé finalement ces travaux.
Seulement, dans la première rencontre de la direction régionale d'Aiguillon avec les locataires, il était question de rénover 17 bâtiments, c'est à dire la totalité.
C'est d'ailleurs ces informations là qu'avaient alors la mairie de Morlaix et qui se trouvent sur son site internet.
Or, en janvier 2016, un permis de rénovation a été délivré par la mairie qui ne concerne que 14 des 17 bâtiments, et qui laisse de côté les quatre bâtiments au milieu d'un fer à cheval ouvert sur la cour de récréation de l'école Jean Piaget, dont celui qui contient les bâtiments accueillant des personnes rattachées aux Genêts d'Or.
Or, on parle d'un déménagement possible de ces locataires des Genêts d'Or qui dont les locataires seraient relogés ailleurs. Tous ces logements individuels seraient peut-être difficiles à relouer pour Aiguillon. L'organisme HLM veut-il en profiter pour raser les bâtiments afin d'affecter les terrains à un autre programme de construction?
Les locataires des ces bâtiments G H P Q, 3-4-5 rue des Bouleaux, qui n'avaient pas été conviés à la 3ème réunion avec Aiguillon Construction pour parler des travaux, réunion où les représentants de la direction régionale d'Aiguillon, très professionnels de la com' et du marketing, ont présenté un beau diaporama d'images de synthèse sans vouloir répondre à des questions dérangeantes et en prenant de très haut les locataires, nourrissent de fortes inquiétudes.
On a refusé de leur dire si les bâtiments non concernés par le programme actuel de rénovation seront bien rénovés plus tard ou non. On ne leur a pas dit non plus pourquoi ils avaient été soustraits du programme de rénovation.
Des raisons techniques liées à la quantité d'amiante, à des difficultés particulières au bâti ont été invoquées, ces bâtiments ont exactement la même structure que les bâtiments voisins, même si les terrasses d'origine ont été couvertes de vérandas.
Par ailleurs, s'il y a trop d'amiante dans ces bâtiments et qu'on le savait, c'est irresponsable d'avoir laissé les locataires vivre dedans pendant des années.
En réalité, il s'agit plus probablement, c'est du moins l'hypothèse que l'on peut faire à cette étape, d'un prétexte pour démolir et faire autre chose à la place sur le grand terrain central laissé vacant.
Or, des dizaines de locataires habitent là, dont pas mal de femmes seules à faibles revenus, certaines avec des enfants, mais aussi des personnes âgées qui se sont habituées à leurs appartements et s'y plaisent et se voient mal déménager à leur âge. Cela a été dit aux représentants d'Aiguillon, qui n'ont pas montré beaucoup d'empathie ni de prise en compte véritable de la dimension humaine, d'où une réunion qui est devenue assez houleuse le 17 décembre. C'était le jour du Conseil Municipal et les représentants de la majorité municipale n'étaient donc pas présents.
Le représentant d'Aiguillon a dit qu'en cas de destruction des bâtiments, ces personnes seraient relogées mais que pour l'instant, il ne pouvait pas répondre à la question du maintien ou pas des bâtiments, sans plus d'explication à donner.
Aux personnes qui ont mis en avant les aménagements coûteux qu'elles avaient financés à leur frais (cuisine aménagée, douche, parquet...) sur leur appartement, on a répondu de manière humainement peu acceptable: "quand vous êtes le locataire, on ne se prend pas pour des propriétaires".
Depuis, aucune réponse aux lettres, aux coups de téléphone. Aiguillon à Rennes a même raccroché au nez d'une représentante de la CLCV !
Au bureau local d'Aiguillon, sur place, on n'est pas non plus habilité à donner des informations aux locataires.
Certains travaux sur des portes de parking à ouverture électrique dégradés ne sont pas réalisés depuis des semaines sur les bâtiments non concernés par les travaux, sans que les locataires arrivent à savoir pourquoi.
Une pétition a circulé dans Kerfraval pour demander à ce que ces bâtiments G H P Q fassent aussi l'objet d'une rénovation et ne soient pas détruits: plus de 70 locataires ont signés cette pétition.
Elle a été remise hier en mairie de Morlaix, aux services techniques par une habitante que j'ai accompagnée, et Mr Guilcher, adjoint à l'urbanisme et aux travaux, nous a dit qu'un rendez-vous avait lieu vers le 6 mars avec Aiguillon Construction pour éclaircir le sort de ces bâtiments et évoquer aussi le site de l'école de Troudousten.
Maintenant, les locataires de ces logements attendent qu'on leur dise la vérité, qu'on les traite comme des adultes et qu'ils aient accès à l'information. Ils veulent être respectés. Ils veulent rester vivre dans leurs logements et que ces logements soient rénovés comme les autres.
La mairie de Morlaix, qui travaille avec Aiguillon sur plusieurs dossiers, a des arguments pour faciliter cela.
Ismaël Dupont, conseiller municipal d'opposition, PCF-Front de Gauche à Morlaix
Morlaix, le vendredi 19 février 2016
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