Le premier secrétaire du PCF parle primaire et revient sur la candidature de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle.
Pierre Laurent: «J’appelle Jean-Luc à revenir dans un processus collectif»
Paris, un soir d’hiver. Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, discute dans son bureau avec le porte-parole du parti, Olivier Dartigolles. L’actualité est chargée : primaire, crise au Front de gauche après la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Sans oublier le projet de loi El Khomri, qui fait tousser à gauche. Le patron du communisme hexagonal, qui publiera un livre, 99 %, au mois d’avril, a un objectif : «Redonner confiance aux Français.» En attendant, il fait un point sur l’actualité.
L'appel à la primaire a été lancé le mois dernier. Depuis, les initiateurs ont rencontré les partis, les citoyens et un comité d’organisation a vu le jour. Mais des désaccords persistent. Vous y croyez vraiment ?
Oui, j’y crois. La gauche a besoin d’une primaire pour débloquer le système politique actuel et organiser une irruption citoyenne dans le débat. Il y a une double urgence : le risque de victoire de la droite et de l’extrême droite et celui de l’élimination de la gauche. En 2017, la gauche ne peut pas être représentée par la déchéance de nationalité et le dynamitage du code du travail. Donc, pour gagner, il faut un candidat commun sur des engagements de gauche. Si la primaire échoue, on va se retrouver piégés dans un choix entre la droite, le FN ou Hollande. Ce n’est pas possible. Je ne m’y résous pas.
Donc maintenant, vous faites quoi ?
Il faut cesser de tergiverser. Chaque parti doit mettre ses propositions sur la table. Le PCF vient de le faire. Pour nous, ce processus doit démarrer par des grands débats à travers le pays. Il faut redonner la parole aux citoyens, à ceux qui souhaitent une primaire à gauche. Puis, en fonction des attentes, demandes et revendications des citoyens, il faut faire émerger un socle politique partagé, comme le dit l’appel aux primaires que vous avez publié. Je tiens à préciser qu’il ne s’agit pas de définir un programme, mais un socle commun, un chemin à emprunter pour permettre un débat transparent et s’assurer que le vainqueur mènera une politique de gauche. Ensuite, tous ceux qui sont d’accord avec ce socle pourront participer à la primaire, comme électeurs ou comme candidat. Désormais, il faut avancer et éviter le double langage, à l’image du Parti socialiste, qui joue la montre. Avec eux, ça commence toujours pas pour «pourquoi pas», et ça se termine par «sûrement pas».
Pendant ce temps, Jean-Luc Mélenchon, lui, a annoncé sa candidature à la présidentielle de 2017. Vous avez été surpris ?
Oui, je l’ai été, et je ne m’explique toujours pas cette démarche qui consiste à annoncer seul sa candidature sans en parler avec les forces du Front de gauche. L’incompréhension qui est la mienne est largement partagée au Front de gauche. Ce qui pose problème, ce n’est pas sa candidature, mais qu’il se lance tout seul, en nous ignorant. J’ai toujours en mémoire ce qui a fait la force de notre candidature en 2012 : l’élan collectif, la patience, la persévérance et notre programme, «L’Humain d’abord», vendu à plus de 400 000 exemplaires. En 2017, l’objectif d’une candidature de gauche n’est pas de refaire 10 % au premier tour, mais de construire un projet collectif, capable de gagner l’élection présidentielle face à la droite et à l’extrême droite. On ne peut pas aller à la présidentielle comme on irait à l’abattoir. Nous n’y parviendrons pas si chacun part seul dans son couloir. Donc, j’appelle Jean-Luc à revenir dans un processus collectif.
Lire l'interview complet dans le Libération du lundi 22 février 2016
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